On s’en veut à chaque fois qu’on écoute leur musique de ne pas avoir écrit plus souvent sur Chinese Man, le groupe de hip-hop aixois qui conjugue le rap à toutes les sauces. La musique des Chinese Man est en effet l’une des plus élégantes du marché français, rythmée, colorée et teintée de délicieux accents funk, jazz ou boogie. La richesse des productions caractérise ce groupe aux contours variables et qui rencontre depuis 2004 (ils se sont formés quatre ou cinq avant) un beau succès, notamment en raison de performances scéniques tout à fait remarquables.
Le nouvel album du combo sort le 1er mars et constitue un petit événement puisqu’il est le premier depuis 6 ou 7 ans et le chouette et mainstream album Shikantaza. Mais c’est presque plus en raison de son clip magnifique que du morceau (une belle pièce qui accueille d’excellents featurings de KT Gorique, rappeuse suissesse sympa, et Stogie T, rappeur sud-africain) qu’on a envie de partager Too Late aujourd’hui. Engagé sur un faux rythme folk, la pièce se développe autour de couplets enchaînés avec un beau liant cuivré, jazzy et old school. Un sample tient l’arrière-boutique, emprunté à la légendaire chanteuse blues Victoria Spivey. C’est lui qui amène une forme de tristesse… joyeuse au morceau dans lequel une femme raconte sa vie à son père (sans doute décédé, ou disparu). Le récit culminera dans une célébration façon big band pour funérailles américaines de la vie et de l’amour.
On est fasciné par le clip d’animation signé Victor Haegelin, enregistré en stop motion, et notamment par le personnage du cheval interprété par Funky Poet (FP) du groupe ASM. La vie s’écoule à la cool autour d’une roue de hamster en bois qui nous fait traverser des épisodes heureux et malheureux au cours d’une déambulation décontractée et fataliste. Quel bonheur ! On peut pour se faire plaisir aller zieuter l’Instagram de Haegelin qui y relaie nombre de ses créations qu’il s’agisse de clips (Orelsan, Wax Taylor) ou de travaux publicitaires.
Le nouvel album s’appelle We’ve Been Here Before. On espère que non ou pas tout à fait.