Musicien.ne.s de tous les pays, unissez-vous ! L’internationale pop (et rock et tout ce qu’on veut et qu’on adore en fait) n’a jamais été aussi vivante et alors qu’on peine parfois à trouver des voisins sympas, il suffit d’emprunter la grande toile pour se retrouver à l’autre bout du monde à découvrir des artistes dont la proximité culturelle illumine d’un coup nos vies par une simple touche d’exotisme loin de toute world music altermondialiste. Cette touche d’exotisme a ici les sonorités d’un accent si particulier, pour certains le plus beau de l’ensemble du monde hispanisant, trahissant les origines argentines de Las Ligas Menores, quintet à majorité féminine dont le seul garçon, à la guitare, porte le nom d’une préfecture bretonne (Pablo Kemper) et mené par la personnalité attachante d’Anabela Cartolano. Deux premiers albums passés forcément inaperçus dans l’hémisphère nord si ce n’est en Espagne où le label madrilène Sonido Muchacho les a (ré)édités, Las Ligas Menores en 2014 et Fuego Artificial en 2018 montraient qu’au-delà de la saveur typique du maté et des asados, le rock indé argentin avait de quoi tenir la dragée haute à celui plus communément écouté de ce côté de l’équateur, Riel, Mi Amigo Invicible ou Fin Del Mundo ayant depuis enfoncé le dernier clou du cercueil des idées reçues.
Piedra Del Águila, premier extrait d’un troisième album annoncé dans l’année quand le groupe en aura fini avec son interminable tournée estivale (et oui…) de l’Amérique latine ne déroge pas à la bonne habitude prise par le groupe depuis ses débuts de délivrer de petites pastilles où les guitares un peu sales et énervées se conjuguent à une rythmique de plus en plus métronomique, quasiment krautrock sur ce nouveau titre dans un équilibre assez remarquable avec des mélodies suaves portées par la voix unique d’Anabela Cartolano. Le morceau virevolte, change régulièrement de braquet et explore des textures un peu nouvelles tout en tirant le fil déjà exploré sur son très beau single de 2021, Hice Todal Mal / La Nieve.
Si le groupe connait un incontestable succès sur ses terres latino-américaines, il n’en conserve pas moins un esprit indépendant à toute épreuve où règne la simplicité et la sincérité de sa démarche. Malgré tout, la vidéo réalisée par Catalina Croci montre le groupe évoluer dans un étonnant jeu de lumières, une atmosphère plus stylisée qui témoigne d’une ambition nouvelle de compter dans une Amérique du sud où si la plupart des icones rock viennent du nord et chantent en anglais, leurs passages sont suffisamment rares pour laisser toute la place au groupes locaux qui se démènent pour l’occuper pleinement. Restera tout de même à leur trouver un de ces jours un billet pour quelques dates en Europe.