Creux Lies / Goodbye Divine
[Freakwave]

8 Note de l'auteur
8

Creux Lies - Goodbye DivineA l’aune du 3éme Millénaire, la Terra Obscura s’est réveillée. Tout d’abord d’insidieuses craquelures ont lézardé la blogosphère, puis quelques secousses venant de contrées obscures, des tressautements sont venus perturber le règne du Grand Numérique. On a cru que les adorateurs du corbeau et de la chauve-souris des 80’s revenaient tels des zombies commandés par le Prophète. Mais Robert Smith n’est toujours pas revenu aux affaires et on s’est vite rendu qu’ils s’agissaient de nouveaux disciples, de jeunes gens qui avaient trouvé refuge, eux-aussi, au tréfonds de leurs caves pour échapper au quotidien et faire résonner la complainte du Noir Romantisme. Dans ce contexte, ont éclot nombre de structures. Bien évidemment sur le territoire américain avec déjà des labels bien installés (Artoffact ou Dais Records) ainsi que des artisans en dilettante comme Funeral Party Records, mais aussi et surtout en Europe : Icy Cold Records en France, Oráculo Records en Espagne, ou encore Alechera Visions en Pologne, pour n’en citer que quelques-uns.

Freakwave s’inscrit dans cette lignée post-punk / coldwave nouvelle génération. Et dès leurs premiers essais discographiques, le duo à la tête de la toute jeune structure a tapé très fort en signant les têtes de gondoles TRAITRS. Sur le marché des transferts, ils ont tout simplement raflé le groupe qui a la plus grosse côte du moment. Pour consolider leur fond de catalogue, ils misent aussi sur Creux Lies déjà auteurs d’un premier album, The Hearth, en 2018 pour le compte de l’éclectique Cleopatra (de The Exploited aux rééditions de Kraftwerk, on vous laisse chercher le dénominateur commun du label). Le groupe de Sacramento poursuit dans la droite lignée de ce premier essai, c’est-à-dire des compositions bâties « autour » et « pour » la voix de gorge de Ean Clevenger, à laquelle répond Barry Crider. Ce dialogue vocal est indubitablement ce qui singularise la musique de Creux Lies. On notera aussi, car ce n’est pas très courant dans ce style, que les Américains n’hésitent pas à faire répondre une guitare acoustique à un riff électrique plombé, comme sur le pesant Jungle qui ouvre l’album ou plus encore le temps du single PS Goodnight qui injecte une large dose de folk dans cet univers gothique. Ici, le quatuor nous emmène pour une balade sous la pluie marquée par l’influence de The Simple Minds – à moins que ce ne soit une réminiscence de Tear For Fears convié par des incantations crépusculaires ? Car Creux Lies a la bonne idée de laisser la fenêtre ouverte pour ne pas se vampiriser lui-même et succomber aux affres de la consanguinité qui guettent ceux qui s’astreignent au dogme le plus strict. Au détour d’un arrangement japonisant ou d’une touche de synth-pop qui révèle une profonde addiction à Depeche Mode, ils aèrent considérablement leurs compositions qui pourraient sans cela souffrir de claustrophobie à cause d’une rythmique qui tabasse sévère. Pour trouver le juste équilibre, le travail de production de Patrick Hills est remarquable. Goodbye Divine est taillé pour affronter les stades et donner lieu à un show pyrotechnique mais on préfèrerait nettement profiter de Creux Lies sur une petite scène, dans la moiteur et les odeurs rance de bière et de transpiration pour complétement s’abandonner à cette lumineuse noirceur.

Tracklist
01. Jungle
02. Misunderstanding
03. Becoming
04. PS Goodnight
05. Renegade
06. Lore
07. I Wish I Was You
08. Wicked
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