Nation Of Language / A Way Forward
[PIAS]

9 Note de l'auteur
9

Nation Of Language - A Way ForwardCela fait longtemps qu’on n’avait pas lu autant de conneries à propos d’un groupe. C’est souvent le cas lorsque les médias, de Pitchfork au Times en passant par le NME, se sont disputés la primauté pour un premier album et veulent se montrer dithyrambique au-delà de tout discernement à l’heure de promouvoir le second. Par charité, on ne citera donc pas les références citées pêle-mêle, sans souci de cohérence ni d’authenticité, pour seulement retenir les deux adjectifs les plus souvent usités à juste titre pour décrire Nation Of Language : « 80’s » et « synth-pop ». Le reste relève de la supputation, voire de l’élucubration, pour satisfaire l’agence promo mobilisée via un deal de distribution mondiale avec le mastodonte PIAS, alors qu’Introduction, Presence avait été réalisé par le groupe lui-même en 2020.

Ne nous laissons donc pas distraire par les messages parasites. Les références et influences, quand bien même seraient-elles évidentes chez Nation Of Language, sont pleinement assumées et assimilées. Ces trois-là connaissent leur abécédaire de la pop électronique même si celui-ci était bloqué entre la lettre O(rchestral Manœuvre In The Dark) et le P(et Shop Boys). Certainement parce qu’ici la composition est ouvertement pop dans le format, même si la structure couplet-refrain est plus d’une fois transgressée et que, musicalement, le trio de Brooklyn délaisse le sacré saint triumvirat guitare / basse / batterie et tout autre instrument acoustique pour se contenter de synthétiseurs, qu’ils soient analogiques ou numériques. Il y a toutefois de remarquables exceptions, comme Across That Fine Line ponctué par un riff de guitare qui devrait rappeler à certains le Sensitive de The Field Mice (mais avec une production clinique). Ou The Grey Commute qui croise Fujiya & Miyagi à un alliage U2 / The Simple Minds – et aussi improbable cela soit ainsi annoncé, le résultat est épatant, car cela reste sensible et humble. Comme quoi, on est bien loin des balises annoncées qui tendraient à banaliser le trio, car globalement, l’ensemble de A Way Forward est une hybridation de pop-culture et de krautrock (le groupe dit lui-même beaucoup écouter Kraftwerk, Laurie Spiegel et Cluster). Ça donne un single comme This Fractured Mind, version contemporaine du Speak & Spell de Depeche Mode ‎(1981).

Peu importe la forme en fait, c’est surtout le chant de Ian Devaney qui sublime ces appropriations et assimilations (il faut quelques talents vocaux pour porter le minimalisme de Former Self). Son ton narratif et plein d’émotion est parfait pour servir ses histoires par procuration narrées à la première personne du singulier. Ainsi, un morceau comme A Word & A Wave qui s’évanouit pourtant avant même d’attendre le refrain est une étreinte fugace dont on perçoit la chaleur pendant longtemps.

La belle histoire voudrait que les deux tourtereaux à l’origine de ce projet, Ian Devaney et Aidan Noell, aient bonifié leurs cadeaux de mariage pour réaliser cet album avec l’aide de leur ami Michael Sue-Poi. Si c’est bien vrai, alors voilà une jolie lettre de remerciement quelques mois après la cérémonie.

Tracklist
01. In Manhattan
02. Across That Fine Line
03. Wounds Of Love
04. Miranda
05. The Grey Commute
06. This Fractured Mind
07. Former Self
08. Whatever You Want
09. A Word & A Wave
10. They’re Beckoning
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