Onirique, immersif et sombre : ce sont les trois adjectifs qui pourraient être proposés en première intention pour définir les créations artistiques de David Lynch, qu’elles soient cinématographiques, graphiques, photographiques ou musicales. Connu pour avoir réalisé le rêve de Quentin Tarantino (se retirer après 10 longs métrages pas un de plus) désormais et malgré lui, le cinéaste David Lynch était celui du dérangement et du dérangeant, un cinéaste de l’inconnu, de l’étrange, passé maître dans l’organisation d’une translation du réel vers un état de perturbation et de doute qui fait verser avec lui la raison et nos sens. Le Lynch musicien s’illustre à travers ses propres enregistrements en solo ou en collaboration (dont le dernier, Cellophane memories, est sorti l’an dernier) mais aussi à travers les bandes son de ses films, en association avec Alan Splet sur Eraserhead, ou plus sûrement avec son compagnon de route Angelo Baladamenti, disparu fin 2022. Sauvage et radicalement chaotique en solo, le Lynch des BO était fasciné par les ambiances à la Lovecraft, la répétition et les musiques qui engloutissent l’auditeur ou lui donnent l’impression d’être capturé dans une boucle-monde sans issue. Il pouvait convoquer à l’occasion par delà les instrumentaux, des chansons référence qui en ont marqué plus d’un.
Sans exhaustivité, ni prétention, on en a retenu une dizaine, histoire de faire comme si, avec lui, on glissait de l’autre côté, dans cet ailleurs désolé et inexploré où il aura tenté de nous attirer tant de fois.
A la Lynch, on n’a pas pris la peine d’indiquer quoi que ce soit sur les titres sélectionnés. Ce n’est pas par flemme mais parce qu’il n’y a pas grande utilité à vous abreuver de détails sur qui fait quoi et quand. Des films, des chansons originales, des covers, des bulletins météo. Son théâtre en ligne est toujours ouvert et fermé à la fois. C’est une énigme ouverte sur elle-même, insondable, qui engloutit et recrache.
Photo : Lady in the radiator (tirée de Eraserhead, capture d’écran)
Lire aussi :
David Bowie au cinéma : I’m not there


Chouette sélection. Lynch avait le chic pour souligner l’étrangeté des paroles des chansons pop les plus sentimentales et celles qu’il choisissait devenaient instantanément des “chansons dans le film de Lynch, tu sais le truc bizarre…”. Tout ça me donne envie de revoir Lost Highway.
C’est vrai. J’ai revu Mulholland Drive à la télé. L’image a un peu vieilli et j’ai trouvé cela plus léger que dans mon souvenir. Peut-être pas le chef d’oeuvre qu’on a dit mais un beau film. A l’époque, Lost Highway m’avait plus marqué mais je ne suis pas sûr de l’avoir jamais revu dans de bonnes conditions.