Fishtalk se rappelle à notre souvenir

Fishtalk - Shutdown Fishtalk pense à tout. Parce que, débordés par le temps, les chroniques à écrire et le nombre incalculable de news que l’on pourrait rédiger si nous pouvions consacrer plus de temps à Sun Burns Out, le premier EP des caennais était passés comme un point parmi tant d’autres sur le radar musical, ils décident de lui/nous donner une seconde chance : eux de le faire connaitre, nous d’en parler. Limp, morceau d’ouverture de leur très prometteur EP Shutdown sorti en janvier dernier sur Petite Biche Records bénéficie donc aujourd’hui d’une mise en image kaléidoscopique signée Christopher Wheatley, réalisée dans un garage avec des bouts de ficelle mais plutôt soignée et qui permet de mettre enfin un petit coup de projecteur sur l’ensemble.

Pour vous dire la vérité, on a tourné autour de cet EP et on s’en voulait un peu d’avoir manqué l’occasion de l’évoquer ici-même car si Fishtalk aurait somme toute bien du mal à renier des influences encore bien audibles, force est de constater que ce groupe de tout jeunes gens démontre une véritable aptitude à se positionner de façon risquée, mais payante. Il ose le pari de s’arrêter en plein milieu d’un carrefour musical fréquenté, la croisée du post-rock, de la noisy pop et de la dream pop. Rien de très original en soit si ce n’est que la proposition de Fishtalk dès ce premier EP est à la fois assez surprenante et plutôt convaincante. Mené par la très belle voix affirmée de Mathilde Gresselin, quelque part entre Liz Frazer et Jenny Toomey, le groupe se laisse aller au gré de ses envies et influences. Du post-rock et du math-rock, il garde le goût des rythmiques alambiquées et des arpèges qui virevoltent sans fioriture mais loin des morceaux au long cours, mutiques et complexes, le quintet opte pour un format resserré où les mélodies et les artifices chatoyant trouvent aussi une place de choix.

Limp, que l’on (re)découvre aujourd’hui ou Sinusoid sont les meilleurs exemples de cette rencontre audacieuse devant autant à Tsunami ou Jessamine qu’aux Cocteau Twins ou Timonium. Harmoniquement riches, intelligemment construits, ils n’ont aucune peine à faire entrer l’auditeur dans leur univers joliment équilibré. Hummingbirds et sa mélodie ascendante prend petit à petit de l’ampleur sans jamais céder aux sirènes de l’explosion bruyante et entendue tandis que Générique en conclusion est un morceau léthargique, tout en retenue et propice à la divagation sur lequel la voix de Mathilde Gresselin, plus androgyne, nous guide vers une dimension plus profonde.

Sorti en cassette et digital pour une somme modique, Shutdown, premier pas prometteur que le groupe se prépare à défendre sur scène au fil de sa première (mini) tournée normando-francilienne est un EP qui mérite assurément le détour ; ils ont bien fait de nous le rappeler.

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