On avait pas ressenti un tel frisson depuis la découverte de Camp Claude. Le premier single des Italiens de Black Solanas, Hello ! Hello !, est un petit joyau de pop dance érotique, mêlant chanson, indie pop, électro et pop. Le groupe est mené par un esthète, batteur, compositeur et parolier qui vit en Sardaigne (le veinard) nommé Valentino Murru. Il a assemblé autour de lui un noyau dur constitué d’un maître électronicien, Stefano Guzzetti qui co-compose le morceau et surtout d’une chanteuse irrésistible et à la voix chaude et basse comme un bon chianti. Il va sans dire qu’Elisa Leanza Mantegna concentre l’attention des auditeurs avec son chant fascinant et teinté d’un délicieux accent italien.
La voix et le texte sont sublimés par le recrutement d’une basse et d’un sax, lesquels viennent souligner l’étrangeté d’un univers qui mêle une simplicité dans la livraison et un côté expérimental. Ca chaloupe et ça grésille, si bien qu’on épouse le dérèglement numérique d’un texte plus habile qu’il en a l’air. Elisa s’y prétend femme délaissée et perdue sur l’autoroute (sentimentale) des nouvelles technologiques, aimée du seul Siri, avant de parvenir (surréaliste) à s’acheter un nouveau (toy) boy sur le net. La femme objet est-elle réelle ou une émanation de l’IA ? Est-elle perdue ou tient-elle le jeu ? Cette variation sur la femme fatale italienne, inversée ou mirage, est finalement d’une belle profondeur et donne à ce single un charme qui invite à de multiples écoutes.
I’m a selfie girl in a sparkle world /
it’s so fantastic just not bombastic /
loved by Siri she’s my safe direction /
a virtual coma in my remote connection /
Hello! Hello! /
I wanna fly to the moon/ I wanna do it soon hitch-hiking /
on virtual highways across the cold monsoon
Difficile de ne pas remonter la filiation vers l’italo-disco, genre aussi honni que bien fabriqué. Valentino Murru et ses Black Solanas ont tout pour plaire et ce n’est pas le reste du EP qui nous fera changer d’avis. On en reparlera peut-être mais Naked Ep est une petite bombinette sexy et infectieuse. Entre la dark house de You Are The Sun, la plus atmosphérique I Love You All et l’ambient désolée du curieux Gaza, on tient là un vrai objet de curiosité. Les Italiens ne font pas toujours mieux que les autres, mais ça arrive.