Leur précédent album, Parallel, avait été enregistré à New York et produit/composé avec l’aide de l’Écossais Howie B. Le dernier en date, A Sparkle On The Dark Water, vient de sortir et nous rappelle justement que le trip-hop n’est pas une musique dont les groupes pluvieux ont le monopole. On a déjà parlé de la tristesse grecque à de nombreuses reprises, parfois aussi froide et humide que l’anglaise. Avec Pinhdar, groupe originaire de Milan, on fait face à un spleen transalpin qu’on associe rarement à nos amis de la Botte. Le disque a été enregistré en studio à Bath, ville parfaite pour faire la transition entre l’Angleterre et l’héritage romain.
Le trip-hop de Pinhdar a de faux airs soyeux des premiers Archive, un charme mainstream qui rappelle, dans une version un peu plus grandiloquente, affectée et opératique, les morceaux les plus accessibles de Portishead. Le groupe fonctionne autour d’une chanteuse Cecilia Miradoli et d’un compositeur associé et producteur Max Tarenzi. C’est un peu dark, un peu gothique, un peu cold et surtout pas mal du tout. L’univers graphique, à l’image du clip du single Frozen Roses, ou encore du dernier morceau en date, Little Light, est très très soigné et renforce le côté sensuel et maniéré d’un ensemble qui n’est toutefois pas sans rappeler par moment l’artificialité de groupes new age gothic dans le genre d’… Enigma. Les textes sont gentiment poétiques et souvent un peu vagues, ce qui laisse une prise pour l’imagination et la rêverie.
Frozen roses, our days wait for the thaw while /
The ice settles on our lashes/ We save the perfume for another time /
Frozen roses The voices of the past Have turned to silence /
A slow caress and it’s already gone / I hear the voices of my young friends echoing from the past, distant past /
Ask the wind that whispers its moans why the sun rises, the stars shine but the darkness remains
La musique de Pinhdar parle d’ombres, de se perdre sous la surface des eaux, du rapport des ténèbres et de la lumière : c’est envoûtant et sensuel, caressant et tissé de clair-obscur, si bien qu’on peut se laisser tenter et se détendre en bonne compagnie sans prendre beaucoup de risques. Le final de cet album en 10 titres, Abysses et At The Gates of Dawn, est particulièrement réussi.