India Jordan est-iel déjà plus cool que Christine and the Queens ?

India Jordan - For YouAvec son deuxième EP, For You, qui vient de sortir, la/le jeune India Jordan est en passe de s’imposer comme la nouvelle coqueluche « non binaire » d’Angleterre. Venue de la dance et du DJing, la/le jeune artiste pris conscience de sa différence progressivement et notamment à travers la lecture de Tipping The Velvet, un roman initiatique de Sarah Waters de la fin des années 90. La/le musicien.ne a d’ailleurs samplé un dialogue de l’adaptation du roman pour la BBC pour l’un des morceaux de ce nouveau EP, l’extraordinaire Dear Nan King. L’adaptation est une petite merveille ceci dit en passant qui raconte les amours saphiques d’une jeune fille et d’une artiste de music-hall dans l’Angleterre victorienne.

Pour ceux qui ne sont pas familiers de ces notions, « non binaire » signifie techniquement l’absence de référence à un sexe particulier dans les approches de personne à personne. On n’ira pas plus loin au risque de se faire reprendre de volée pour manque de nuances. Disons que India Jordan est un.e chanteur.se complexe, partagé.e entre son goût pour la dance, l’indie rock (elle aime Placebo mais aussi le hard rock), la fête avec des amis….et la dépression. Deux des morceaux de cet EP ont d’ailleurs un côté plombant qui s’associe à merveille à leur ambiance électro trance. Sur le papier, India Jordan fournit donc une alternative véritable et plus pointue aux adorateurs désolés de Christine and The Queens. India Jordan ne danse pas aussi bien (ok, c’est un point faible) mais évolue dans un registre pas si dissemblable où musique électro et sonorités rétro funk se marient. Sensible, intense, iel a une voix correcte et ne sombre pas dans le démonstratif ou le spectaculaire. On en reparlera probablement.

Ne comptez pas sur India Jordan pour en rajouter dans l’intime. Sa musique l’est par essence, sans qu’elle ait besoin d’être accompagnée d’un commentaire explicatif.  Les six titres de son nouvel EP sont beaux, racés et surtout nimbés d’un charme trouble qui envoûte l’auditeur, partagé entre la tentation de danser tête baissée et celle de rester dans le canapé à pleurer en solitaire. C’est dans cette tension du « j’y vais/j’y vais pas » que la musique d’India Jordan s’exprime le plus parfaitement, rendant compte des brimades homophobes que l’artiste a reçues durant à peu près toute sa scolarité, et avant qu’iel n’arrive à Londres.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Plus d'articles de Benjamin Berton
Les Filles de Septembre (5) : le Capital (séduction) de The Drink
Dernier de la série ou pas, il aurait été dommage de ne...
Lire
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *