L’EP 7 titres de Mickey Van Seenus sortira à la fin mars chez BORDEL Records. Le premier extrait, Under My Skin, réalisé par Louise Fauroux est tout frais et donne une bonne idée de ce à quoi il faut s’attendre avec cet.te artiste du futur venu.e de Los Angeles. Il n’est pas certain qu’on arrive à se taper cette foutue écriture inclusive tout du long mais l’artiste y tient et revendique fortement cette culture alternative devenue conquérante : Mickey Van Seenus, qu’on avait croisé.e il y a deux ans sur un premier EP enregistré avec l’artiste Delroy Edwards, est un.e créateur/créature qui dépasse les genres et se qualifie de non-binaire. Homme ou femme, c’est tellement XXème siècle.
Venu.e d’une petite commune rurale de Californie, Mickey dispose d’une solide culture jazz qu’il a fait fructifier en faisant le chanteur.se pour des big bands internationaux. Iel (il+elle, machinchose) a ensuite perdu un peu de temps et d’énergie en se shootant à mort avant d’engager une forme de résilience artistique au contact des artistes électro angelinos et de la scène dance BDSM. Au final (parce qu’on se fout un peu du reste), on arrive à ce EP Creature Comfort qui défie l’entendement et s’impose comme un mélange glamour de techno pop, de trip hop et de musiques expérimentales électro qui constitue le machin le plus abracadabrantcooldingo qu’on a croisé cette année. La chanson Under My Skin est du lot la plus traditionnelle et séduisante, sorte d’hymne fédérateur pour diva soul pop mâtiné d’étrangeté futuriste. C’est dansant, planant et psyché à la fois, sexuellement ambigu mais vénéneux et envoûtant. Ce titre tous publics n’en est pas moins infiniment moins intéressant que plusieurs morceaux qui l’accompagnent dont un fabuleux Pretty Good So Far, qui vient juste après, mélange de Suicide et de Jobriath.
On a beau ne pas être un immense fan de ces ambiguïtés de genre, la proposition musicale de Mickey Van Seenus est, dans le registre, parmi les plus excitantes et troublantes qu’on a jamais rencontrées. Creature Comfort, le morceau éponyme, ressemble à du Stina Nordenstam tandis que d’autres morceaux font penser à une rencontre fortuite entre Diamond Rings sous hélium et les Scissor Sisters en phase terminale. L’univers défini par l’artiste est heurté, torturé mais planant, doux et soyeux, et merveilleux à sa manière. C’est un enchantement et une horreur à la fois, une vraie curiosité à l’image de l’incroyable Babylon, comptine minimaliste et clin d’oeil au Hollywood Babylon de Kenneth Anger, qui est belle/beau à pleurer. On serait bien infoutu de mettre une « note » à ce EP (on attendra lâchement l’album pour tenter une chronique digne de ce nom) mais Creature Comfort est probablement l’un des machins à écouter en ce moment, si on veut se mettre dans le coup et avoir une idée de ce que sera demain.
Avec des seins ou pas, des couilles ou une chatte, l’horizon est dégagé et pas si mal.
Photo : Mickey Van Seenus – press pic copyright.