Joe Strummer dans Straight to Hell d’Alex Cox (capture d’écran)
En période de confinement, nous écoutons des disques et regardons des films (du moins, essayons-nous). Pourquoi ne pas lier les deux ? D’où cette liste, subjective, de quelques ouvrages cinématographiques interprétés par des stars du rock. Aucun documentaire (autre épisode ?), rien que de la fiction.
Furyo – Nagisa Oshima (1983)
David Bowie a tourné avec de grands noms (Scorsese, Lynch), dans des œuvres cultes (Les Prédateurs) ou dans des films mineurs pourtant réjouissants (The Linguini Incident, avec Rosanna Arquette). C’est néanmoins dans le chef-d’œuvre d’Oshima que le musicien réussit à exploiter toute l’étendue de sa palette. Rôle de composition, le Major Celliers permet à Bowie de se mesurer à des acteurs chevronnés (Tom Conti, Jack Thompson) et à son alter-ego japonais (Ryūichi Sakamoto). Film d’une génération, incontestablement.
Videodrome – David Cronenberg (1983)
Dans ce film prophétique de Cronenberg (l’être humain se dope à l’écran), la beauté de Debbie Harry offre à James Woods des fantasmes parmi les plus masochistes. Comment oublier le « come to Nicki » que susurrent les lèvres charnelles de la belle Debbie ?
The Blues Brothers – John Landis (1980)
Dans le périple soul de Jake et Elwood, beaucoup de voitures accidentées mais aussi, et surtout, un casting musical à tomber raide : Aretha Franklin, Ray Charles, Cab Calloway, James Brown, John Lee Hooker. Et en musique ! Culte de chez culte.
La Blonde et moi – Frank Tashlin (1956)
Autre film culte, parmi les plus revigorants au monde. Pour la beauté et l’humour de Jayne Mansfield, pour la mise en scène cartoonesque de Tashlin, pour sa romance poignante, mais aussi pour son aspect documentaire rarissime puisqu’apparaissent à l’écran rien moins que les débuts du rock’n’roll via des prestations live de Little Richard, Eddie Cochran ou Gene Vincent. Pour info : l’un des films favoris de Daniel Darc.
Coffee and Cigarettes – Jim Jarmusch (2003)
Jarmusch, évidemment ! Si le plus rock des cinéastes américains enrôle, dans presque tous ses films, un pote musicien (mention spéciale au Joe Strummer de Mystery Train), ce film à sketches, qui prétexte le café et la clope pour finalement ne parler que de rock, propose un sacré gratin : Tom Waits, Iggy Pop, RZA et GZA, Jack et Meg White. Pas le meilleur des Jarmusch, certes, mais l’un de ses plus frivoles.
Détective – Jean-Luc Godard (1985)
Un film de commande (polar + Godard + Sarde + Hallyday) que JLG transforme en réflexion sur les rapports entre fric et Art. Au centre, le corps massif, fatigué de Johnny, transfiguré par l’humble fascination de Godard pour sa vedette. Le plus beau rôle du chanteur, de loin…
Mona et moi – Patrick Grandperret (1989)
LE classique punk français ! La vie de squats, les répliques de Denis Lavant et Antoine Chappey, la beauté de Sophie Simon, l’apparition d’Helno des Négresses Vertes… Et puis Johnny Thunders, cramé, camé, mais semblable à un enfant « que l’on a envie de prendre dans ses bras » dixit Mona.
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Straight to Hell – Alex Cox (1987)
Cinéaste punk ultime (Repo Man, quand même), Alex Cox, pour ce western bizarroïde, foutraque mais jouissif, se barre au Mexique avec ses potes dans les premiers rôles. Ses potes acteurs ? Shane MacGowan (et l’intégralité des Pogues), Joe Strummer, Elvis Costello, Grace Jones, Courtney Love, mais également Jim Jarmusch et Dennis Hopper. On n’ose imaginer la biture et la fiesta lors du tournage.
Recherche Susan désespérément – Susan Seidelman (1985)
Un film mode qui vieillit bien, et dont la légèreté, en période de confinement, pourrait s’avérait salutaire. Parce que les aisselles de Madonna, parce que “Into the Groove”. Les 80s insouciantes. Si lointaines, maintenant…
Phantom of the Paradise – Brian de Palma (1974)
Peut-être le film à revoir et revoir encore aujourd’hui. Car il appartient à notre enfance, car aucune énième vision ne pourrait le rendre obsolète, car le compositeur Paul Williams devint soudainement culte grâce à Brian de Palma – en tant qu’acteur (Swan), compositeur de la BO, puis figure légendaire courtisée par les Daft Punk (Random Access Memories).
Désordre – Olivier Assayas (1986)
Le premier film d’Assayas a pris un coup de vieux. Normal : Désordre voulait agripper l’air d’un temps mid 80s (dans le secteur de la musique). Étienne Daho sert déjà d’ambassadeur, en tant qu’acteur mais aussi compositeur (“Soleil de minuit”). À revoir pour se rappeler à quoi ressemblaient en 86 les labels indés, les fanzines (apparition du numéro 01 des Inrocks en arrière-plan avec la couve Chris Isaak), les managers pop et les musiciens français sous influence Ian Curtis – avec une apparition des Woodentops ! Assayas ira plus loin en 2004 avec Clean, qui s’adjoignait les services furtifs de Dave Roback et Tricky.
Mary à tout prix – Bobby & Peter Farrelly (1998)
Terminons sur l’une des plus grandes comédies des cinquante dernières années (donc de toute l’Histoire du cinéma). Les atermoiements de Ben Stiller, la filouterie de Matt Dillon, la générosité de Cameron Diaz ne seraient rien sans les conseils musicaux de Jonathan Richman : pour survivre, rester fort, ne pas déprimer, on peut toujours compter sur le Modern Lovers en chef.