Kid Koala / Creatures of The Late Afternoon
[Envision Records]

9 Note de l'auteur
9

Kid Koala - Creatures of the Late AfternoonOn a déjà raconté pas mal de choses au sujet du nouvel album de Kid Koala. On a parlé du concept et de l’écriture mais on ne l’avait pas écouté jusque là. Et c’est évidemment ce qui fait toute la différence. Creatures of The Late Afternoon est non seulement la bande originale d’un jeu de société (auquel on ne jouera probablement jamais) mais surtout un disque expérimental remarquable où l’on trouve, parfois côte à côte, des instrumentaux enflammés, bondissants et jouissifs, qui comptent parmi les meilleurs travaux du Kid (Hear Now, à l’ouverture au hasard), et des séquences expérimentales hallucinantes et hallucinées qui raviront ceux qui aiment la dissonance et la matière purement électronique des sons (1000 Towns, à côté du précédent).

Kid Koala a longtemps été réputé pour ses scratches et le côté sympathique de sa musique. Celle-ci sonne ici sur chaque titre pour ce qu’elle est depuis bien longtemps : une obsession pour la répétition, le grésillement, les boucles qui se fout à peu près de tout le reste. Le résultat est exceptionnel, foisonnant et passionnant, mêlant rythmiques comme prises à part et laissées en liberté (The Frequencies), voix synthétique en forme d’interlude (la série des Robohotel) et des tentatives electro-punk de créer des chansons à partir de sons sans laisse (Things Are Gonna Change, tubesque et régressif).

En 52 minutes, le Canadien nous en met plein la vue et nous offre une variété de textures et d’engagements qui est assez bluffante. Difficile de se détacher d’un Dusk, sombre et caverneux, de ne pas ressentir l’angoisse et l’immersion futuriste qui se dégage au contact de l’excellent Decades, morceau d’électro glacial et presque cold wave ou encore de ne pas s’emballer sur l’electro-punk d’un Get Level formidablement ramassé en deux minutes et trente secondes. Kid Koala compose souvent en allant vite. Il ne lui faut qu’une minute et quelques secondes pour nous projeter avec Hyperion Station dans les étoiles et un formidable (mais trop bref, pour le coup) voyage galactique, avant de nous ambiancer avec le funky en diable et remuant Let’s Go. L’électronique est servie ici par une ligne de basse et des claviers délurés qui défoncent les tentatives de Gorillaz pour donner vie à des créatures imaginaires. La virtuosité technologique ne donne jamais l’impression d’être recherchée pour elle-même. Elle est inséminée partout par des scratches, plus vivants que vivants, qui l’animent d’une grâce grésillante et rétro, par laquelle transitent les émotions et les sentiments.

S’agissant d’une musique majoritairement instrumentale et digitale, on est surpris ici, comme sur les meilleurs disques du Kid, par la sensation d’assister à une sorte de récit secret, un conte épique, dissimulé sous le son et les craquements, mais dissimulant une vraie pensée humaine, de vraies émotions. Once Upon A Time In The Northeast est un voyage sentimental, une fantaisie didactique, ramassée sur quelques minutes. On s’arrêtera aussi et forcément sur la pièce de résistance du final, ce Rise of The Tardigrades, qui fait écho aux prods de Dan Nakamura  sur le Deltron originel. Le réveil des oursons d’eau (les tardigrades) est à la fois microscopique et géant, émouvant et terrifiant à l’image de leur faciès grossi par la lentille. Sur ce morceau, la capacité du Kid Koala à animer les sons et à leur donner vie est tout bonnement extraordinaire. La dernière petite touche magique est appliquée par un Til We Meet Again qui sonne plus juste, psychédélique et déchirant que le meilleur morceau des Flaming Lips sur Yoshimi Battles The Pink Robots ou une version futuriste du standard Blueberry Hill. Cet ultime morceau, peut-être parce qu’il vient après tous les autres, est le plus grand et important d’un disque à la narration énigmatique mais qui aura fini par nous donner des frissons.

Creatures of The Late Afternoon, après quatre ou cinq ans d’absence, marque sans nul doute un sommet dans la carrière de l’auteur, en même temps qu’un des grands disques électro de l’année.

Tracklist
01. Hear Now
02. 1000 Towns
03. The Frequencies
04. Robohotel 1
05. Things Are Gonna Change
06. Dusk
07. Pa$swErdD
08. When U say love
09. Highs, Lows and Highways
10. Decades
11. Get Level
12. Hyperion Station
13. Let’s Go
14. Jump and Shuffle (Live At The Hardware Store)
15. Once Upon A Time In The NorthEast
16. The Cards
17. Robohotel 2
18. Renaissance of Reconnaissance
19. Rise of The Tardigrades
20. Til We Meet Again (Live At the Natural History Museum)
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