Pour tous ceux qui préfèrent couper le son en regardant les belles images de Yann Arthus-Bertrand ou qui ont regretté que la bande-son de The Revenant ne soit pas à la hauteur de l’image des panoramas grandioses, la vidéo de Future You, qui ouvre le premier album de LNZNDRF, n’a déjà plus de secret. C’est grâce à cette vidéo dirigée par Keith Ladzinski (célèbre photographe pour un paquet de spots publicitaires et qui cachetonne régulièrement pour la célèbre revue américaine National Geographic), que l’on a découvert ce trio au pseudo acronymique (un casse tête à retenir). D’où l’utilité de la campagne promo 2.0. parce que cette nouvelle production inattendue pour le compte du label 4AD est une belle surprise.
Le trio démarre donc pied au plancher avec ce Future You, morceau de bravoure krautrock. Comme si Lanterna ou Scenic lâchaient les chevaux : cette longue montée épique, répétitive et implacable, lave le cerveau, nettoie les âmes, confine à la transe d’entrée de jeu. En fin de parcours, Samarra ajoute quelques touches d’électroniques qui viennent définitivement détraquer la machine et conclure ce premier album. Entre les deux, LNZNDRF aura avancé cahin-caha sur des pentes escarpées, qui ménagent la surprise jusqu’à ce que le regard puisse embrasser l’horizon, puis glacent le sang au bord du précipice, avant de se lover au creux d’une vallée perchée hors du temps.
Jusqu’alors les trois protagonistes ici à l’œuvre ont fait les porteurs de luxe pour d’autres – mais de ceux qui poursuivent l’ascension bien au-delà du camp de base et sont toujours présents jusqu’au sommet. Mais loin de se contenter de ce rôle de Tensing Norgay (est-ce lui qui vaincu le premier l’Everest, ou Edmund Hillary comme l’histoire occidentale le prétend ?), trois musiciens chevronnés s’affranchissent au sein de ce projet : Ben Lanz est un musicien attitré de Beirut et il a joué du tuba ou du trombone au sein de diverses formations. D’ailleurs, c’est en participant à certains disques de The National qu’il s’est acoquiné avec la section rythmique du groupe, Scott et Bryan Devendorf. Fort heureusement, ces grimpeurs increvables ont su prendre de la distance et LNZNDRF s’affranchit sans difficulté de l’exercice de style et de la démonstration au forceps. Outre les longues plages instrumentales puissantes servies par une production panoramique (vos voisins vont apprécier), certaines chansons s’aventurent ailleurs et on pense plus d’une fois à un groupe comme Engineers comme sur Mt. Storm, ballade vaguement shoegaze ponctuée d’un pont à la OMD. Exception faite de Monument, dont la voix trafiquée, façon voix de canard ne casse pas trois pattes à un col vert (pour filer la thématique de la vidéo), les Américains livrent un album solide dont la richesse et l’intelligence instrumentale ne sont pas la moindre des qualités. Pourvu que ce projet ne soit pas un one-shot.
02. Beneath The Black Sea
03. Mt Storm
04. Kind Things
05. Hypno-Skate
06. Stars And Time
07. Monument
08. Samarra