Ça nous arrive assez peu souvent de nous laisser cueillir par… des clips. Notre époque MTV est loin et on a appris depuis des décennies à faire la part des choses entre ce qu’on nous met sous les yeux et ce qu’on entend. Mais on doit avouer qu’on n’a pas résisté bien longtemps à l’univers graphique de The Aquatic Museum, projet musical organisé autour de la chanteuse et musicienne Claire Parsons.
On avait déjà croisé la route de la jeune luxembourgeoise sur d’autres créations et notamment pour son duo avec le guitariste israélien Eran Har Even (qu’on retrouve ici en contributeur). Typée jazz, la musique de Claire Parsons prend avec le premier album de The Aquatic Museum une tournure pop et orchestrale qui est transcendée par la beauté des clips réalisés par Jeanne Held. Peintre et plasticienne, cette seconde jeune femme a su exploiter son sens de l’abstraction pour accompagner les créations du collectif de paysages marins somptueux et inspirants, sans que l’on sombre dans un new age bas de gamme.
Large Pleasure Watercraft est d’une beauté sidérante qui sublime le chant habité d’une Parsons qui sonne ici un peu comme un mélange de Agnès Obel et de Céline Dion (période Titanic, on déconne). Plus sérieusement, la chanson est émouvante et presque trop romantique pour ce qu’on est prêt à accepter, mais l’interprétation se coule à la perfection dans le projet d’ensemble. Parsons est accompagnée sur ce disque par toute une équipe de musiciens jazz chevronnés mais aussi de graphistes et de créateurs digitaux. Il est dès lors difficile de porter une appréciation sur la seule musique. Entrance est des trois morceaux en circulation pour le moment, celui qui nous plaît le plus et pas uniquement parce qu’il s’agit d’un instrumental. On regarderait/écouterait la pièce infiniment avec le même sentiment de béatitude et d’intelligence qu’une vache un train, ou une murène la paroi d’un aquarium. The Aquatic Museum nous attire avec ses faux airs de sirène dans des grands fonds insondables et sublimes que lui seul semble connaître.
On a beau se méfier de la grandiloquence cuivrée d’un Trash Tub la série en cours est fascinante et donne envie de sonder l’abysse avec le cœur et les oreilles ouverts. L’ivresse des profondeurs nous tend les bras. Ce sera pour mai et la sortie de l’album.
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