Matthieu Malon n’est pas que musicien. Il est aussi vidéaste. Après l’étrange et sexué Outlandos d’Amour (extrait de la ressortie surprise de Les jours sont comptés), Matthieu visualise (avec l’aide de Philippe « ichliebelove » Raimond) le premier single de son formidable prochain EP (Peu d’ombre près des arbres morts, disponible le 20 janvier chez Monopsone / Differ-ant – dans le cadre du triptyque Arnaud / Jesenska / Malon).
Sur la dune est une chanson qui devrait ravir tous ceux ayant un jour baisé en été, sur une plage, en compagnie d’une amoureuse passagère. MM, comme à son habitude, capte parfaitement l’aléa des choses, le bonheur éphémère, les instants volés à la vie. Avec cette distance brechtienne permettant de ne jamais tomber dans le syndrome nostalgique ou le deuil mal ravalé. La musique de Matthieu n’a certes que faire des regrets : elle constate, fixe des points, revient vers le passé pour mieux comprendre en quoi l’auteur (et son public) n’est plus le même aujourd’hui. L’expérience humaine est la grande affaire de Matthieu Malon depuis l’album Peut-être un jour.
Car MM possède une qualité rare : ses mots, par l’identification qu’ils entraînent naturellement, semblent appartenir à chacun. L’idée de la vidéo Sur la dune pourrait découler de ce principe de correspondances indirectes, de connivences lointaines : divers internautes (dont Franck « Mona Kazu » Lafay, Stéphane Merveille ou Rita « Brûlure » Zaraï) envoyèrent à Matthieu des vidéos de vacances estivales – comme un partage de l’intime. Le montage, plutôt que d’enchaîner les événements, superpose les chromos entre eux, il les cumule jusqu’à donner l’impression d’un récit global appartenant à tous. Ce ne sont pas les souvenirs de Matthieu et des participants vidéastes qui se révèlent ici, mais un ensemble collectif sans hiérarchie – fraternel et humain. Une vision de l’égalité.