Heureuse initiative que celle de l’équipe de la Septième Obsession, la revue cinématographique, qui, en page 41, de son superbe hors-série consacré à M. Night Shyamalan expose avoir commandé au groupe bordelais Neult une chanson originale « illustrant » l’univers du cinéaste.
Le QR code renvoie au Bandcamp du groupe où l’on peut donc découvrir cette piste, Tree Song, hommage au génie de Sixième Sens, d’Incassable et de Phénomènes. C’est avec le titre original de ce dernier film que les Bordelais font la jonction entre leurs goûts et l’initiative puisque leur envie de faire de la musique ensemble s’est nouée à l’écoute (en 1993) du Bossanova des Pixies et particulièrement de la chanson The Happening… qui se trouve être le titre américain de… Phénomènes.
Coïncidence mais pas que, le shoegaze aérien de Tree Song est un écho direct à la composition du gros Frank et des siens. On y retrouve cette même capacité à capter l’attention par un refrain impeccable et surtout ces accents surf rock qui rendent le chemin si fluide et inspirant. Tree Song est caractérisé par delà la référence aux Pixies par un pont à mi-chemin qui est parfait pour nourrir un crescendo émotionnel, une errance automobile ou une fuite mélancolique devant un ennemi qu’on choisira au vouloir, extraterrestre, menace écologique ou post-fasciste, démon intérieur ou spectre sourd. On découvre sur le Bandcamp du groupe qu’on ne connaissait pas (le groupe, pas bandcamp) l’existence de deux albums Juste Juste et Boring, placés sous le patronage esthétique irrésistible de Nick Nolte, qui ne demandent qu’à être écoutés. Il y a du très bon ici (L’épiderme, Sur Ton Dos Se Cachaient des lumières, entre autres) et on se félicitera quoi qu’il arrive d’y être venu faire un tour.
Côté revue, et pas seulement par ce qu’on a nous-même un vrai amour du cinéaste jusque dans ses recoins cinématographiques (la réhabilitation de After Earth et du Dernier Maître de l’Air est en marche), ce hors-série est un vrai bonheur, couvrant en 130 pages l’oeuvre du réalisateur : interview de Night Shyamalan (toute récente), analyse des films et de plans, style, influences, c’est d’une richesse qui vaut largement les 8 euros du magazine. Entre ça et le bonus en chanson de Neult, c’est la bonne affaire du moment pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’univers fascinant de celui qu’on présentait jadis comme l’héritier pop de Steven Spielberg.