Il n’est pas de hasard. En rejoignant le label 1DG de David Grumel basé à Annecy et en truffant la vidéo accompagnant son nouveau titre, Souvenirs, d’extraits tirés de films d’archive en montagne, sur des… lacs, Ô Lake lance la première étape de son jeu de piste qui nous mènera probablement à son prochain album, le successeur du magistral Refuge sorti l’an passé. Attaché à son esthétique noire & blanche, à ses tournées dans les médiathèques du grand ouest ou adepte des ciné-concerts (illustrant Gerry de Gus Van Sant dernièrement), Sylvain Texier assume sans sourciller le raffinement d’une démarche plutôt intellectuelle et s’inscrit comme d’autres avant lui dans cette belle tradition de musiciens issus du rock (il officiait précédemment dans le groupe rennais Fragments) et qui s’aventurent, tels Rachel Grimes ou Francis McDonald, sur les chemins d’une musique classique résolument moderne, baignée par les canons de la pop. On y verra d’ailleurs, plutôt dans la seconde partie du morceau, de belles réminiscences de son lointain ainé et homonyme d’OMD.
Il y a dans ce nouveau morceau de même pas 3 minutes un incroyable souffle de vie, celui de ces instants passés que l’on regarde avec mélancolie tout en gardant espoir de les revivre un jour, sous une autre forme. Réemprunter les mêmes sentiers qu’avant, se baigner dans les mêmes lacs, traverser les mêmes rivières, différemment, mais le refaire. Le piano d’Ô Lake est vivant, aérien. On entend les touches qui claquent, les cordes qui vibrent, le souffle du micro qui, sur la vidéo, se confond avec le bruit des vagues sur la plage.
Souvenirs est un morceau sagement enjoué, tendrement mélancolique, puissamment évocateur. Il augure de la plus belle des manières de la suite de cette aventure entamée il y a quelques années avec The Last Morning Soundtrack et qui verra Ô Lake nous prendre dans ses bras pour nous entrainer une nouvelle fois dans ses profondeurs pour la plus belle des immersions lacustres.