Pet Shop Boys / Super
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Pet Shop Boys - SuperNeil Tennant et Chris Lowe ont toujours eu la classe. Le problème des Pet Shop Boys consiste, depuis quelques albums, à faire revivre leur âge d’or 80’s tout en cherchant renouvellement. De ce point de vue, l’après Behaviour (plus qu’un chef-d’œuvre, un classique lacrymal) vit le duo, avec un succès commercial jamais démenti, se frotter aux rythmes latinos (Bilingual), à la trance nimbée d’orchestrations symphoniques (Nightlife), avant comeback vers la mélancolie électro-pop des origines. Depuis l’inégal Release, les Pet Shop pratiquent effectivement l’art du recyclage. Pas n’importe lequel : le leur. Foin d’amour conciliant : Chris et Neil, parce qu’ayant tout dit et tout fait en une belle poignée d’albums à chérir, peinent à retrouver le feu sacré, l’alchimie « spleen & disco » caractérisant cette musique aussi dansante que sarcastique (« The Smiths avec des synthés », disions-nous alors). En fait, groupe prolifique (donc aujourd’hui moins mythique que New Order et ses longues années d’absence), les Pet Shop, depuis qu’ils s’intéressent bien plus au passé de l’électronique qu’aux cathédrales futures, n’ont émerveillé qu’une seule fois : Fundamental, en 2006, sans ne rien renouveler au répertoire des shopettes, galvanisait par une ironie retrouvée, un sens de l’épure pop (synonyme de tubes) et la tentation de concurrencer d’autres mastodontes iconiques tels que Depeche Mode ou… New Order. Triste à écrire mais depuis, ni Yes, ni Elysium, ni Electric, malgré l’apport de Stuart Price, n’agrippèrent le corps et excitèrent les neurones. Ecouter un nouveau Pet Shop Boys devint routinier (« alors, mieux ou aussi décevante que les dernières livraisons, cette cuvée annuelle ? ») – il était préférable de se ruiner en rééditions et coffrets (Format, qui poursuivait les fouilles archéologiques de Alternative en regroupant B-sides et bonus des années 96 / 2009).

Super (x2) possède un avantage sur les trois précédents PSB : Neil Tennant, dans ses mots, accepte l’aspect vintage de son groupe. Lui-même, âgé de 61 ans, a bien conscience qu’il n’écrira plus jamais des tornades façon Domino Dancing ou It’s a Sin. Ce treizième album devient touchant car la vieillesse y est revendiquée, l’impossibilité de marquer l’époque actuelle est assumée avec dérision et tendresse  – là où Yes, par exemple, cherchait à persuader du contraire.

Le stratagème Super, mélange de calculs et de lucidité : puisque Neil a déjà écrit sur tous les sujets phares de son existence (le sida, les brimades écolières, l’homosexualité, le star-system, les amis disparus, Londres, le célibat…), il s’en remet aujourd’hui au dernier acte d’une démarche parmi les plus honnêtes qui soient : le souvenir d’un grand groupe nommé Pet Shop Boys. Chris Lowe corrobore la nouvelle phase mélancolique de Neil : le musicien cherche à sonner comme du PSB, avec citations et références, héritage et poids du temps. Super, inversement à Behaviour et Bilingual, ne fraie pourtant guère avec le morose : la conscience de l’ancienneté, et peut-être aussi la fierté quant-au chemin parcouru, promulgue aux Pet Shop un certain enthousiasme, une nostalgie de façade (Neil paraît en fait très heureux d’avoir déniché une thématique inédite).

En single éclaireur, The Pop Kids (titre le plus accrocheur des PSB depuis Flamboyant) joue à fond sur le passé et sa distanciation réflexive. Pendant que Chris s’amuse à composer un hymne électro-pop qui aurait certainement cartonné en 1987, Neil y appose un contrepoint brechtien qui le place en tant que commentateur du morceau (sur le mode : ma jeunesse West End Girls). The Pop Kids, c’est un peu « nous étions les Pet Shop Boys, on se permet de vous le dire ». Terriblement malin, et quelque part assez neuf dans le monde de la pop music.

Le reste de l’album, qui déroutera une jeunesse n’ayant jamais vibré au son de My October Symphony (plus beau titre des PSB ?), ressemble (ce n’est pas une injure) à un disque rétrograde uniquement destiné aux « vieux fans des Pet Shop Boys » (vieux, dans le sens : la quarantaine passée ou bientôt atteinte). Les sonorités Lowe tapent dans le désuet (avec beaucoup d’humour, quand même), pendant que Neil, très analytique, construit un fond (donc une justification) à ce qui s’énonce comme étant une sorte d’anti best of 86 / 90 des Pet Shop Boys.

Une étape qui s’apprécie. À condition d’appliquer la politique des auteurs.

Tracklist
01. Happiness
02. The Pop Kids
03. Twenty-Something
04. Groovy
05. The Dictator Decides
06. Pazzo!
07. Inner Sanctum
08. Undertow
09. Sad Robot World
10. Say It To Me
11. Burn
12. Into Thin Air
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