C’est une nouvelle pépite dénichée par le label américain Candlepin Records : un groupe dénommé Powerline Traps Airplane, mystérieux et vaporeux, qui signe un premier album éponyme en 13 titres, tendus et électriques, qu’on rattachera communément à la catégorie du slowcore, ce mélange de grunge ralenti et de noise atmosphérique.
Ça se traîne façon slacker, ça grésille parfois en mode lofi comme si le tout était enregistré depuis un studio bas de gamme ou une piaule d’étudiant crasseuse (Super Scary Spider est un vrai tube enregistré volontairement avec un son pourri). Le groupe a l’air d’être réduit à un mec tout seul dont on a réussi à dénicher ni la photo, ni le patronyme complet, qui embauche de temps à autre un batteur pour lui donner un coup de main.
Sur Bandcamp, les titres sont attribués à H. Ford. Est-ce un descendant d’Henry Ford ou un Harry ? On n’en sait trop rien mais l’album est monstrueusement cool et efficace avec une tension qui émane du jeu de guitares qui est intense et permanente. La voix traîne loin derrière mais décline des textes assez bluffants et qui racontent une jeunesse américaine dysfonctionnelle et limite flippante, où l’on croise des maladies mentales, des fantômes, des types qui souffrent d’addiction compulsive au tabac et des passionnés d’aviation. Powerline Traps Airlane, c’est l’Amérique indie par excellence, un mélange de musique abrasive et belles balades classiques et solides à l’image du magnifique Never Warm Again, l’histoire (?) d’un mec qui a toujours froid. On pense bien sûr à Bill Callahan de Smog mais aussi à Jay Mascis, à Stephen Malkmus. L’univers graphique très soigné fait évidemment aussi penser à Godspeed You Black Emperor avec quelques décibels en moins. La musique de PTA sent bon la revanche et la défaite, sans qu’on sache où va pencher la balance. Un mec se détruit les dents en les frottant les unes contre les autres sur Bruxism. walking the powerline in a forgotten strench of woods est un instrumental de moins de deux minutes d’une grâce absolue.
Il va falloir qu’on écoute un peu mieux les paroles pour pouvoir en parler plus savamment mais Powerline Traps Airplane vient de signer un premier disque qui, il y a trente ans de ça, aurait valu à son auteur de figurer aux côtés de Will Oldham sur les photos. Cette Amérique là, sans qu’on sache où elle était passée, semble éternelle et revenir en force. Après l’exceptionnel Glaring Orchid en début d’année, on tient avec PTA un deuxième gros client au palmarès de fin d’année.
Petite cerise sur le gâteau, il y a sur YouTube un clip par chanson et c’est très très bien fait. Il y a notamment celui-ci avec les araignées qui fout la frousse.
Et cet autre qui donne envie d’aller chez le dentiste.
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