Playlist Femmes d’avenir, femmes merveilles – Spéciale Journée internationale des femmes

Girl Power par Arièle BonteIci comme ailleurs, on ne respecte en aucune façon l’équilibre des genres. On a certes pu honorer au fil des mois nombre de demoiselles et dames chantantes, murmurantes et remuantes, mais jamais vraiment atteint une équité qui ferait qu’on accorde autant de place aux femmes qu’aux hommes. Le rock indé reste, après quelques décennies, un univers où les héros masculins l’emportent souvent sur les héroïnes féminines, où la place des femmes est souvent mesurée à l’aide de descriptions qui renvoient à la sensualité, à la séduction ou au charme, tandis que les hommes ont le privilège de la force, de l’engagement et de la sueur. Bref, il nous arrive quelques fois dans l’année de nous demander quand enfin Sun Burns Out accueillera en son sein des plumes féminines qui s’extasieront sur les petites fesses potelées d’un rockeur, la puissance de ses cuisses et son menton carré, des plumes féminines qui nous parleront différemment et qui, peut-être, nous amènerons une sensibilité qu’on a pas. Faute de candidatures pour l’heure (considérez ça comme une demande), on se contentera, depuis notre point de vue habituel, d’une playlist 100% femmes, concession généreuse et sincère à cette Journée internationale des femmes qui nous tend les bras et les oreilles.

Et qu’on ne nous dise pas que proposer une playlist de filles ce jour-là est un truc typiquement masculin….car ce serait sûrement vrai. Ce serait le critique qui se mord la queue…. ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi.

Crédit photo : Arièle Bonte via Unsplash

Nilüfer Yanya – Anotherlife

Le nouvel album est arrivé et on en parle très très vite maintenant. La jeune Anglaise nous avait enchanté sur son premier disque. Elle récidive de très belle façon sur Painless.

The Red Jacks – Tripping 

Dans un registre plus classique pub rock, les Nordistes de The Red Jacks dégagent pas mal de maîtrise et d’énergie. La chanteuse Alicia Poznic a vingt ans à peine et fait montre d’une très belle aisance vocale qu’elle s’époumone en mode rock ou cajole dans un format plus bluesy. Avec un premier long EP l’an dernier, on met une petite pièce sur ce groupe qui tourne pas mal dans sa région. Pour les curieux, écoutez Freakin’Out, qui est une petite merveille de… rock américain des années 90 !



Один в Каное /
У мене немає дому

Rien d’opportuniste là-dedans mais on espère que Irina Shvaydak, la chanteuse du groupe Ukrainien Seul dans un Canoé, va bien et qu’elle et son groupe reviendront bientôt pour chanter et jouer sur scène. Sa musique, pleine de tristesse et de nostalgie, parle d’elle-même.

Slex – Sarah Lynn 

L’occasion est trop belle de relayer (ce qu’on n’avait pas fait à l’époque) le dernier titre de nos chouchous de Slex. Aska, Grin et Lizi y chantent le personnage sexy et sensible d’ex pop star tiré du dessin animé BoJack Horseman. Oui, c’est pointu, oui c’est le genre d’héroïne perso qu’aucun homme n’aurait eu l’idée de prendre en exemple. C’est pour ça qu’on en est là : Slex nous doit un premier album en 2022. On croise les doigts et on reste au lit.

Biscornue Bitch – Les Cousines 

La moitié féminine de Poupard aka Laurie Morcillo nous promet de nouvelles choses en 2022. On ne sait pas trop quoi, on ne sait pas trop quand, mais la productivité de la jeune femme est telle qu’on ne passe jamais très longtemps sans nouveaux morceaux. Les ritournelles effrontées et cruelles de Biscornue Bitch foutent parfois un peu les jetons, dérangent et bousculent. Elles enchantent aussi et bercent nos rêves machistes et pervers.

Olivia Dean – Echo 

On ne fait pas dans l’innovation à tout va avec Olivia Dean mais la jeune anglaise (23 ans) d’origine guyanaise et jamaïcaine devrait nous tenir compagnie pendant les trente prochaines années avec sa voix soul chaleureuse et envoûtante. Après 2 Eps largement promus sur les ondes britanniques, la jeune femme devrait débouler à grande échelle en 2022 avec son premier album.

Willow Kayne – I Dont Wanna Know

Repérée sur soundcloud, la jeune britannique Willow Kayne a sorti l’an dernier un foutu EP pétillant, vulgaire et irrésistible. I Dont Wanna Know, titre emblème, présente ce mélange de fougue électro-punk, de hip-hop et de pop dansante. La jeune femme vient de Bristol, fait à peu près tout elle même et a déclenché une bronca chez les fans de FIFA 2022, le jeu vidéo pour lequel une de ses chansons avait été retenue et que les footballeurs ont trouvé nulle et insultante. Une femme qui défie les gamers footballeurs. Rien que pour ça, Willow Kayne mérite toute notre attention.

Sophia Djebel Rose – Vénus 

On pense à une version orientale et incertaine de Nico dans sa période Philippe Garel. L’album Métempsycose (on déteste ce genre de titres prétentieux) est annoncé pour les prochaines semaines et il devrait s’imposer comme l’un des plus intéressants de ce début d’année. La poésie de Sophia Djebel Rose est mise en scène avec un minimalisme hypnotique qui produit un étrange effet de sidération sur l’auditeur. On n’est pas certains que tout soit exceptionnel ici et que la voix ne gagnerait pas à ménager ses effets, mais on s’y arrête forcément.

Louve – Ultra-Louve

On s’est tâté avant de présenter ce nouveau single de Louve, tant celui-ci manie les clichés (danse, érotisme, écriture moite) et n’évoque pas forcément une figure de femme égalitaire et moderne. Mais, forte d’un premier EP, la jeune Maud Ferron aka Louve travaille justement sur tous ces codes pour proposer une musique bien de son époque, assumée dans ses références et tournée vers une forme de pop ou de variété populaire. Les vingt dernières secondes du clip livrent les clés d’une entreprise qui n’est dupe de rien et sait parfaitement à qui elle s’adresse.

Bleu Reine – Retournée 

Le registre est évidemment tout autre avec Bleu Reine qui nous enchante sur chacune de ses productions. Léa Lotz écrit aussi bien qu’elle chante. Sa musique est précise, gracile et juste. L’album à venir s’appelle La Saison fantôme. La jeune femme en a dévoilé récemment sur scène un avant-goût dans un dispositif curieux et devant quelques happy few. On y était pas mais on a promis de se rattraper dès que possible.

Keeley ForsythI Stand Alone

Limbs, le successeur du formidable Debris de 2018 est sorti le 25 février ; on y découvre une Keeley Forsyth plus grave et mystérieuse que jamais. On parle de l’atmosphère des morceaux mais surtout de cette voix absolument unique et envoutante qui se développe en profondeur sur des morceaux moins électronique qu’auparavant mais plus dans la lignée des travaux d’une autre très grande dame de l’ambiant, la néo-zélandaise Alicia Merz, plus connue en tant que Birds Of Passage. C’est un fait, la plupart des artistes ont une personnalité détonante mais il faut le reconnaitre, certaines bien plus que d’autres.

Marinita PrecariaSiento Todavía

De l’autre côté des Pyrénées, la jeunesse espagnole jouit sans retenue de ses plus belles années pour tout un tas de raison : la sortie somme toute tardive d’une dictature sclérosante, le poids des traditions catholiques et familiales, la prise de conscience des violences machistes bien antérieure aux #metoo et autres #balancetonporc sont autant de raisons qui poussent tous ces jeunes gens, dont peut-être bien plus de filles qu’ici à entrer en rébellion et résistance à l’ordre établi dont la binarité de genre est une des expressions particulièrement remises en cause. Le label Eléfant, vétéran et référence incontestable de la scène indépendante espagnole est aujourd’hui véritablement en phase avec ces préoccupations et ouvre grand ses portes à l’expression musicale de cette jeunesse plus particulièrement féminine et fière. Il y en aurait pour toute une playliste, du punk déjanté d’Aiko El Grupo au néo flamenco de Soléa Morente, de l’indie-rock de Lisasinson à la pop baroque de Rebe, pop encore mais synthétique chez Laborde ou plus classique voire exotique comme ici chez l’étonnante Marinita Precaria, une toute jeune femme à l’insolent talent d’écriture et d’interprétation.

CariñoBisexual

Si Cariño se prépare à sortir d’ici quelques semaines son second album sur le label Sonido Muchacho, teasé par une série de clips en épisode dont le 1 et le 2 révèlent de belles promesses punky pop, on ne résiste pas au plaisir d’éventuellement vous faire découvrir cette pure bombe électro terriblement moderne et hédoniste sortie il y a 4 ans sur… Eléfant bien sûr.

Las Ligas MenoresPeces En El Mar

Découvrir un groupe (relativement) sur le tard à ses avantages : on se plonge goulument, avec délice, dans tout ce qu’il y a à explorer, décortique sans compter les deux albums du groupe tout en suivant assidument leurs réseaux en quête d’informations pour, enfin, être dans le coup pour le 3ème album. Les dames (et le monsieur) y travaillent et profitent de l’été austral pour tourner. Oui, toute la bande est argentine, lointain pays dont les bons groupes n’émergent pas souvent. Alors on profite de ce rock indé somme toute classique, un rien mélancolique et sérieux mais qui sait aussi se muer en une formidable machine à pop songs.

Los BitchosThe Link Is About To Die (live on KEXP)

Malgré les apparences, Los Bitchos sont bien londoniennes (avec quelques origines latines toutefois) et leur album Let The Festivities Begin ! qui vient de sortir sur City Slang sous le haut patronage d’Alex Kapranos est une petite folie instrumentale d’un groupe en totale roue libre, piochant dans les musiques du monde sud-américaines ou orientales pour produire un rock indé jamais loin d’Electrelane ou de Warpaint. C’est que pendant que les patronnes sont en vacances à durée illimitée, la place est libre. On vous en parlait déjà il y a trois ans.

► La Journée internationale des droits des femmes sur le site des Nations Unies.

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