Joies et misères de Nilüfer Yanya : Feeling Lucky?

Nilüfer Yanya - Feeling LuckyOn avait misé bien avant son premier album sur la jeune londonienne Nilüfer Yanya au point d’en faire notre favorite pour le titre d’héritière officielle de Sade, entendre par là, meilleure chanteuse soul pop britannique mêlant intelligence, sensualité, charme et voix de velours. Son premier album avait été gratifié l’an dernier d’un beau 9/10 et figurait parmi nos découvertes coup de coeur de l’année. On signalait alors que derrière les immenses promesses et prouesses vocales réalisées par Yanya, certains morceaux trahissaient encore quelques fragilités : des textes incertains, quelques tics de chant, et qu’il faudrait être attentifs à ce qu’elle ne se laisse pas déborder par l’aseptisation.

La jeune femme a depuis fêté ses 25 ans et poursuivi ses activités, en proposant cette année un nouvel EP intitulé Feeling Lucky? (avec un point d’interrogation), sorti en digital et qui entretient à la fois le charme et les réserves de 2019. Nilüfer Yanya y soigne sacrément son image avec une série de clips affriolants : un déguisement d’hôtesse à guitare assez séduisant même si un peu bizarroïde et une série de photos en maillot qui ont pour fonction de nous redire combien la chanteuse est jeune et jolie. Évidemment, on ne se laisse pas avoir si facilement (bah non) et ce n’est pas du tout pour ça qu’on continue à écouter ce qu’elle chante avec une oreille bienveillante.

Le nouvel EP se montre, à l’image de l’excellent Crash, à la fois conquérant et radical, incisif et presque expérimental, et en même temps (avec Same Damn Luck), poussif et gnangnan sur les bords. Ce dernier morceau concentre tout ce qu’on peut reprocher à la chanteuse : un certain maniérisme et des textes trop légers et assez peu expressifs, un engagement pourri par un chant peu maîtrisé et répétitif; tandis que Crash propose au contraire une Yanya tout en maîtrise et évoluant sur le bord du précipice d’une relation difficile. C’est beau et osé, à défaut d’être bien nouveau.

Comme la 3ème chanson (chacune est composée par un artiste différent) est la plus cool et emballante des 3, day 7. 5093, on arrive à 2 contre 1 et donc à un bilan très favorable mais on aimerait pouvoir dire que Nilüfer Yanya est en train de grandir et de trouver un style ou un positionnement intéressant, un véritable projet d’expression. Toutes les planètes ne sont pas encore alignées pour ça mais on y croit très fort. La jeune femme a un staff étoffé, des compositeurs de talent mais il est possible qu’elle n’ait pas encore suffisamment défini ce qui la faisait vibrer pour que cela soit ordonné et mis au service d’un album complètement cohérent et à la hauteur de son immense talent. On espère que 2021 nous fera mentir et aussi qu’on pourra enfin la voir sur scène.

(PS : on ne remercie, par contre, pas le gars appelé djumbo71 qui nous a mis cette blague en tête suite à notre dernier sujet sur Nilüfer :

– Que dit-on quand Nilüfer a mal à la tête ? –
– Qu’elle a sûrement ses ra-Yanya…

Franchement naze… si c’est pour faire ce genre de vannes sexistes les trolls, restez chez vous)

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