Raconte moi tes influences, je te dirai qui tu es. Notre chouchou Nilüfer Yanya s’affirme au fil des disques comme l’une des personnalités les plus attachantes et intéressantes des musiques indépendantes. Après l’impeccable Painless (un des grands et fiers albums de cette année), la jeune femme continue de naviguer entre Rnb grand luxe, musique contemporaine et influences indé revendiquées. Le succès de son deuxième album reposait d’ailleurs en partie sur le choix d’une formule assez rock qu’elle prolonge avec bonheur aujourd’hui en s’offrant une reprise du Rid of Me de PJ Harvey.
On ne va pas répéter au sujet de Rid of Me ce qu’on a déjà dit et écrit dans notre développement sur… Dry… mais reprendre un tel morceau n’est jamais anodin. Affirmation féministe, affirmation d’un discours de la méthode à cru et dépouillé, expression d’une énergie punk et d’une frustration forcenée : Rid of Me est un miracle.
You’re not rid of me
Yeah you’re not rid of me
Yeah you’re not rid of me
Yeah you’re not rid of me
I beg you my darling
Don’t leave me
I’m hurting
Lick my legs I’m on fire
Lick my legs of desire
Pas sûr que la reprise de Nilüfer Yanya gagne au bras de fer contre l’originale mais elle tiendra une poignée de secondes et démontre surtout que la jeune Anglaise a compris l’oeuvre de son aînée et se l’est appropriée intelligemment. La première partie est sans grande surprise mais on adore la façon dont la seconde partie se déploie entre explosions et retours au calme. Les appels à « lécher les jambes » de la demoiselle ne laisseront personne indifférents, sa voix grave et sa scansion écrasée s’accordant parfaitement au propos. Difficile est aujourd’hui la seule interprète qui peut passer de PJ Harvey à Sade en passant (sûrement) par Beyoncé, sans trembler ni donner le sentiment qu’elle joue un rôle de composition.
Ses récentes prestations sur scène en témoignent : Nilüfer Yanya est une artiste fabuleuse et encore en cours de développement, dont les prochains mouvements seront guettés (par nous du moins) avec la plus grande attention. Le seul exemple de cette performance donnée avant l’été pour la radio américaine KEXP suffit à mesurer l’étendue de son talent.
« Painless » meilleur album de l’année pour moi