Quakers II : sa deuxième vague est aussi mortelle que la première

Quakers II - The Next WaveC’est la mort de MF Doom qui nous a paradoxalement rappelé qu’on avait repoussé l’an dernier de mois en mois l’occasion d’évoquer le grand retour du supergroupe Quakers après une petite décennie de silence (et de travail). Rien à voir a priori entre cette réunion de producteurs et de rappeurs connus (le trio se compose de Geoff Barrow, de Katalyst et de 7-Stu-7) et le rappeur masqué, si ce n’est peut-être un même goût pour l’univers des comics et surtout une attention de tous les instants au son légendaire et old school du hip-hop des originaires.

Supergroupe qui s’était fait connaître en 2012 avec un premier album aussi indispensable qu’inattendu, les Quakers II sont revenus en 2020 avec un nouveau disque, The Next Wave, qui reprend les choses à peu près là où le précédent les avait laissées. Du hip hop élémentaire, trépidant, virevoltant puisque l’album convie des dizaines et des dizaines de guests, fait chanter les femmes (c’est suffisamment rare pour le signaler) comme les hommes à quasi parité, évoque la fin du monde, l’écologie, l’engagement militant et ne cède jamais sur la musicalité.

The Next Wave emballe plus de trente tracks qui parfois ne dépassent pas la minute trente sur un rythme fou fou fou qui est peut-être le seul point faible du disque. Mais il y a tellement de variétés, dans les approches, d’idées dans le travail de production, d’occasions de s’émerveiller qu’on navigue dans ce disque les yeux et oreilles grand ouverts comme dans un magasin de nouveautés. Geoff Barrow (Portishead) a avoué avoir été moins présent dans l’élaboration des tracks que sur le premier album, laissant l’initiative à 7-Stu-7. Le résultat est épatant de bout en bout, sans point faible, et donnera envie à ceux qui n’y connaissent pouic de se mettre au hip-hop. On pense aux productions foisonnantes de Prince Paul mais aussi à cette luxuriance thématique qu’on peut croiser dans les meilleurs albums d’un Kool Keith. Avec Quakers II, on se situe bien à l’épicentre d’un hip-hop cultivé, référencé mais aussi rigolard et inscrit dans son époque. Les MCs invités sont autant d’anciens types (la précédente sélection s’était faite sur Myspace, celle-ci provient en partie d’Instagram) que de nouveaux venus. Il rivalise en tout cas d’ingéniosité pour se pousser du coude et faire connaître leur talent. C’est un peu tard maintenant, mais on aurait été bien avisé de glisser l’album dans l’un de nos tops de l’année. Espérons qu’on aura l’occasion de se rattraper avant huit autres années. Le trio doit avoir dans ses malles plus de deux cents heures de beats à habiller….

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