L’été est souvent l’occasion de revoir des chefs d’œuvre du cinéma comme, en ce moment, la série des 7ème compagnie (3ème « opus » hier). On les revoit parfois avec plaisir, de la même manière qu’on peut, à l’écoute d’une chanson d’un groupe qu’on aimera à la folie jusqu’à la fin des temps, renouer l’espace d’un morceau avec l’enthousiasme qu’on éprouvait il y a vingt ans pour un groupe. A l’approche de la sortie de leur deuxième « album de la reformation », Head Carrier (le 30 septembre, dans toutes les bonnes boutiques), on s’était alarmé, comme beaucoup, du niveau anormalement bas affiché par le Um Chagga Lagga, premier titre révélé par les Pixies au printemps. Chanson sans imagination, idiote et balourde, ce morceau avait saisi d’effroi les amateurs de Trompe le Monde et autres Surfer Rosa, déjà ébranlés dans leurs convictions par un Indie Cindy pas indigne mais finalement assez loin des productions originelles de la bande à Frank Black.
Et puis boum, j’ai glissé Chef ! Voilà qu’arrive Talent, un deuxième extrait débarqué dans la tiédeur du mois d’août et qui vient remettre l’eau à la bouche. Les paroles sont plus blackiennes que Pixies (on se comprend, il s’agit d’un récit blues sur un « personnage » typique de la carrière solo du bonhomme) mais le reste est en place : guitare souveraine de Santiago (époustouflant au milieu du titre), batterie métronomique du magicien Lovering, une basse qui fait ce qu’il faut (Paz Lenchantin, si cela n’a pas changé entre temps) et surtout le morceau émarge SEULEMENT à 2 minutes et 11 secondes, ce qui est devenu rarissime dans le rock alternatif. Le morceau bref a toujours été la signature du groupe. Bref qui signifie incisif et qui ne laisse à personne le temps de se perdre ou de s’ennuyer. C’est exactement ce qui se produit ici. On rentre, on sort et on rafle la mise ou du moins, on en donne l’impression. Les 2 minutes et 11 secondes déjouent (à peine mais on veut le croire) ce sentiment qui vous gagne assez vite selon lequel ce morceau aurait tout aussi bien pu figurer sur un album du gros Black (Bluefinger par exemple), ou tenir lieu de B-side sur ses premières productions solo. Le rythme n’y est pas encore tout à fait. Il manque l’excitation signature et le cri primal/primitif et primaire mais cela ressemble tout de même d’assez près à un… titre des Pixies. Vous avez dit Pixies ? Il ne suffit pas d’appeler un morceau Talent pour retrouver le chemin des compositions réussies, mais les Pixies ne sont peut-être pas perdus pour la cause. Il y a des jours où on a hâte de se retrouver en septembre. On a retrouvé les Pixies.