Au fil du temps, en qualité de réalisateur et/ou de producteur, le journaliste Danny Garcia s’est construit une belle réputation d’expert du punk new-yorkais et de documentariste des figures les plus emblématiques de cette époque. Le film semi-biographique Looking For Johnny Thunder reste une vraie curiosité, au même titre que beaucoup ont vu et apprécié son Sad Vacation, déjà consacré à l’histoire de Sid et Nancy, les monstres punk, ou encore son excellent Rolling Stone : Life and Death of Brian Jones. On n’a pas encore vu le film qu’il a consacré à Stiv Bators le chanteur des Dead Boys (2019) mais la bande annonce qui figure avant le court-métrage Sid The Final Curtain est aussi alléchante.
Cette fois-ci, Garcia reprend l’un de ses personnages favoris, Sid Vicious, et entreprend de décortiquer en 25 minutes l’une de ses dernières prestations sur scène, en septembre 1978 au Max’s Kansas City. Entouré de Mick Jones et de Arthur Kane, avec probablement Nancy aux chœurs, Sid Vicious tente tant bien que mal de s’imposer comme le frontman qu’il n’a jamais été. Sa prestation est incertaine mais suffisamment convaincante pour que personne ne s’en offusque. Autour de ce dernier concert (Nancy sera retrouvée morte deux semaines plus tard, et Sid suivra de peu), Garcia tente de dresser le portrait du jeune anglais fracassé égaré dans la capitale américaine, après la séparation des Pistols. Constitué d’images d’archives, commentées par les protagonistes de l’époque (des musiciens comme Sylvain Sylvain, des journalistes, photographes, témoins,…), le court métrage de 25 minutes n’est qu’une tentative de rendre compte de la vie de Sid dans ces années là. Garcia n’a pas la prétention de nous apprendre quoi que ce soit mais raconte posément à travers les témoignages la jeunesse de l’ancien bassiste des Pistols, son envie de bien faire parfois et son comportement chaotique. Sid : The Final Curtain n’est en soi pas le film le plus intéressant qui soit mais nous offre en creux un témoignage presque émouvant sur le gamin en perdition, sur le rôle ambigu mais pas si sombre que ça joué par Nancy à cette époque, sur ses ambitions, ses « espoirs » et ce qui peut lui passer par la tête. On retient dans tout ça un brin de poésie de la déglingue, une forme de tristesse devant l’issue inévitable connue de tous, mais aussi une certaine fascination face à l’énergie qui se dégage de cet aréopage réuni sur scène issu de l’aristocratie punk.
Le documentaire constitue un bon complément/supplément au plus consistant Nightclubbing : The Birth of Punk Rock in New York, documentaire également réalisé par Garcia et qui est aussi à l’affiche du festival Musical Ecrans 2022.
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