Il faut avouer la vérité. Comme souvent avec les groupes scandinave, après une lune de miel plus ou moins longue, on finit souvent par accueillir les morceaux avec une bienveillance surjouée, plus parce qu’ils vendent du rêve, une jolie chanteuse ou une ambiance amicale, que pour leurs réelles qualités musicales. On a aimé le groupe depuis 2016. On l’a loué, on l’a interviewé, on l’a vu sur scène et on a assuré le service après-vente d’à peu près tout ce qu’il a pu signer depuis ses débuts avec une constance et une fidélité irréprochables.
Alors quand Caroline Landahl met sur la table un nouveau morceau, Sift, qui avait été composé pour les fans en vue d’une tournée américaine avec Radio Dept, et même si on ne peut s’enthousiasmer outre mesure, on continue d’en dire du bien. Pas tellement par habitude mais parce que le morceau, s’il n’est pas génial, nouveau, révolutionnaire, imparable comme d’autres, est un single efficace, bien construit, élégant et généreusement mélodique.
Hater affiche une fluidité naturelle redoutable, une légèreté et une insouciance nostalgiques qui continuent de nous bercer au fil des années. Cette musique est agréable à l’écoute. Elle ne changera sûrement la vie de personne mais consolera les cœurs tristes et réparera ceux qui se sont brisés un jour. Le clip constitué d’images d’archives est chouette, esthétique et classe, comme tout ce qui semble provenir de ce groupe couvé par les dieux du rock.
On n’a pas tout à fait oublié à quel point Siesta était un album réussi. On retrouve cette beauté vibrante sur les deux dernières minutes instrumentales de Sift, cet instant où la voix se tait et où le groupe termine le boulot comme on pousse son dernier souffle.
Photo : Lovisa Beck