Viva Hater : l’interview du groupe suédois qui monte qui monte…

Hater

Avec ce deuxième album, Siesta, accompagné par les impeccables Fire Records, les Suédois de Hater font mieux que confirmer la réussite discrète de leur premier disque : ils nous transportent dans un univers onirique, intemporel et suave où le quotidien est peuplé de caresses, de larmes sucrées et de mélodies irrésistibles. Favori instantané des alcôves et parfait compagnon de rêverie, Siesta intègre d’emblée les rangs de nos albums intimistes favoris catégorie « voix de miel et belles mélodies ». Son succès jamais tape à l’œil risque très vite de dépasser les frontières du monde indé. C’était donc le bon moment pour s’entretenir avec des membres frais comme la rose au bord de l’éclosion. La pop est parfois simple comme l’air. C’est ce qui fait son charme.

English version below.

Comment vous sentez-vous à quelques jours de la sortie de ce deuxième album ? Les planètes sont alignées pour que ce soit un succès critique. Est-ce que vous ressentez cela comme nous ?  

Nous sommes très contents de ce disque et plutôt de contents de l’alignement des planètes pour le moment. J’espère que les lunes de Jupiter nous seront favorables. Nous attendons sagement et timidement le jour J.

Après le premier disque, vous avez suscité beaucoup d’attente. Vous avez fait une grande tournée en Europe. Qu’est-ce que cela fait de sentir que ça démarre ? Vous aviez envie de réussir de cette manière ?

C’est vraiment super. Et oui, les choses avancent comme nous le voulions. On a toujours voulu faire de grandes tournées, jouer sur de nombreuses dates et on dirait bien que nous y sommes parvenus. On va le faire !

La première chose qui impressionne sur cet album : c’est sa pochette ! D’où vient-elle ? Je ne savais pas que vous faisiez beaucoup de cheval en Suède. C’est probablement l’une des plus belles pochettes de cette année. Caroline, vous ressemblez à une Nicole Kidman.. dorée. C’est magnifique. Comment s’est passée la prise de vue ?

Merci ! Nicole Kidman en or en plus, c’est vraiment super gentil. La photo a été prise chez la mère d’Adam, le bassiste. Elle a une ferme avec des chevaux. Ce sont des chevaux islandais magnifiques. C’était l’idée d’Adam que nous allions là-bas. Et Måns connaissait un très beau photographe, Kamila Schneltser, qui nous a accompagné. Au départ, c’était pour faire des photos promo, pour la presse, mais nous espérions secrètement que nous pourrions aussi trouver une photo pour la pochette. Aucun de nous n’est un cavalier émérite mais cela ne se voit pas sur les photos !

Reprenons les choses au début. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Vous trois, les garçons, vous jouiez déjà ensemble c’est ça et vous avez changé le nom du groupe quand vous avez rencontré Caroline, c’est ça ?

Oui nous étions tous dans le même groupe. Caroline en faisait partie également. Elle jouait du synthé et faisait les chœurs de temps en temps à l’arrière-plan. Elle faisait ça superbement et lorsque le groupe s’est séparé, nous l’avons convaincue de prendre le chant. Dès la première répétition, alors qu’on jouait juste comme ça, cela sonnait incroyablement bien. On a d’ailleurs écrit Coming Down (une chanson bonus de You Tried, leur premier album) ce jour-là, le premier jour.

Le disque commence avec quelques chansons qui ressemblent à ce qu’on attendait de vous. De la dream pop comme From The Bottom of Your heart ou le genial It’s So Easy, mais très vite vous vous engagez dans des territoires plutôt nouveaux. Les chansons sont assez complexes, plutôt ambitieuses. Quelle était votre intention quand vous écriviez Siesta ? Vous vouliez faire quelque chose de différent du premier album ?

On voulait être satisfait du résultat, c’est-à-dire être content de chaque petit détail de chaque chanson. On voulait donner du temps et de l’espace aux chansons. On a fait le précédent album, We Tried, en quatre jours de studio, après l’avoir écrit très rapidement. Pour Siesta, nous avons eu deux semaines et nous avons eu également plus de temps pour travailer sur les chansons. Nous voulions que les chansons soient plus pétillantes, craquantes mais aussi qu’elles soient plus simples et dépouillées, comme la chanson Blushing mais en un sens qu’elles soient aussi plus lisses, mieux travaillées.

Est-ce qu’il y a une idée générale dans ce disque, un fil conducteur ou quelque chose à quoi vous vous raccrochiez durant la composition ?

Non, ce n’est pas vraiment un album à thème. Ça parle de la vie de tous les jours. Nous avons tout écrit ensemble et il était important pour nous que chacun se retrouve dans ce que nous étions en train de créer et d’exprimer. Que nous nous sentions bien par rapport à ça. C’est juste de la musique pop, mais notre musique pop.

Quel est votre meilleur souvenir de ces derniers 24 mois ? Et le pire ?

Lukas : Honnêtement, c’était une période extra. A part que j’ai été malade à Austin au SXSW

Måns + Caroline : Le plus amusant, c’est d’avoir à voyager et à jouer ensemble. De rencontrer toutes ces nouvelles personnes. On se sent comme une petite famille…

Adam : Le pire souvenir, c’était juste avant le SXSW, quand on m’a refusé mon visa d’entrée aux Etats-Unis après une procedure interminable. Ca s’est finalement réglé. Måns a sorti son plus beau sourire et a gentiment demandé au gars qui s’occupait de ça qui a étrangement change d’avis aussitôt et m’a délivré le fameux visa.

Hanya Yanagihara - A Little LifeQu’est-ce que vous emportez pour votre prochain tournée ?

Lukas : j’écoute Gemini de Wild Nothing. Au moins une fois par mois. C’est un disque super.

 Måns : je ne vais pas amener A Little Life, le roman de Hanya Yanagihara. J’en ai lu la moitié et j’ai souffert comme un damné.

Adam : Moi, je vais prendre justement A Little Life pour la tournée car Lukas et Måns n’arrêtent pas de me dire que c’est un livre triste à mourir et que je serai certainement déprimé si je le lis. Mais je suis persuadé que je suis plus costaud qu’eux dans ma tête et que je peux supporter la lecture d’un livre aussi déprimant !

En chœur : Puisqu’on va se retrouver tous ensemble, on va prendre de tout et écouter plein de musique. De la pop, de la bonne musique, de la musique de merde, de la musique marrante, tout, des documentaires et du bruit blanc.

Cette photo de pochette, j’y reviens, est-ce qu’elle dit quelque chose de votre musique. Je ne sais pas : est-ce que votre musique, ce serait comme “une superbe nana qui chevaucherait un cheval de course” ?

Ah, ah. Non, on n’a pas essayé de symboliser quoi que ce soit. On n’avait pas forcément prévu de prendre cette photo là en particulier. Au départ, on voulait juste des photos promos et on voulait s’amuser en les prenant. On a dit à Kamila d’avoir à l’esprit que l’une de ses photos pourrait aussi servir de pochette pour l’album. Elle a pris plein de photos super mais dès qu’on a vu celle-ci avec juste Caroline sur le cheval, on a su que ce serait la couverture.

Ces 18 derniers mois ont du être incroyables. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps entre le premier album, un single intermédiaire, la tournée et ce deuxième LP. Quand avez-vous trouvé le temps d’écrire les chansons ? 14 en plus !

Toutes les chansons de Siesta ont été écrites pendant l’hiver 2017 et nous avons enregistré le tout en avril 2018. C’est vrai qu’on n’a pas chômé. Ca a été une période difficule, active mais aussi passionnante. Tout le groupe était très investi. Ca peut sembler une période plutôt courte pour composer quatorze chansons mais on n’a pas eu l’impression de nous presser et d’écrire dans la contrainte. On avait énormément d’idées et que 14 d’entre elles se soient réalisées ainsi, c’est assez fabuleux. La prochaine fois, on fera peut-être 28 chansons. Qui sait…

Il y a de la magie entre vous. Prenons l’une de mes chansons favorites, The Mornings. D’où vient cette chanson ? Il y a une vraie harmonie entre une ligne de guitare assez simple, une batterie millimétrée et une ligne de basse assez subtile. Ça représente du travail ou est-ce que ça jaillit ainsi du premier coup ?

Ah merci. On adore cette chanson nous aussi. C’est Adam qui est venu avec le riff de basse et chacun a ajouté son grain de sel en répétition. Au début, c’était juste deux séquences qu’on jouait en boucle et peu à peu la chanson a pris une autre tournure. Généralement, quand quelqu’un tient une idée intéressante, on essaie de la travailler, de la modeler en une chanson. Celle-là a été plutôt rapide pour trouver sa forme définitive. Les choses se sont mises en place d’elles-mêmes.

 Le deuxième album est toujours particulier. Il y a de la pression, celle de faire aussi bien. C’est pour cela que vous avez choisi d’enregistrer en Suède et pas d’aller à Londres ou ailleurs ?

Oui, c’est vrai. Nous en avons parlé pas mal entre nous et on en est venu à l’évidence qu’il fallait juste faire ce que nous avions fait pour le premier album. C’est ce qui nous semblait le plus confortable. Nous savions de surcroît assez bien comment nous voulions que cet album sonne.

Revenons sur votre manière de composer. J’ai lu qu’Adam avait recyclé deux vieux morceaux. Généralement, vous partez d’une idée, d’une démo ? Est-ce vous les garçons qui amenez des compos à Caroline ?

On travaille vraiment les chansons tous ensemble. Oui parfois l’un de nous ou deux d’entre nous viennent avec une idée pour le groupe. Adam, c’est vrai, est peut-être celui qui a le plus de facilité pour cela, mais il y a des chansons qui viennent des autres membres du groupe. C’est vraiment le groupe qui trouve les chansons en répétant.

Vous avez le sentiment avec cet album d’avoir réussi quelque chose de spécial ? Un disque qui pourrait être important pour le cours de vos vies ?

Oui, c’est ce qu’on ressent quand on crée quelque chose et spécialement quand on le crée tous ensemble. On a été contents d’enregistrer Siesta et on est aussi contents de pouvoir le jouer sur scène, de découvrir des nouveaux endroits et de faire tout ce qui va en découler. Oui, c’est probablement l’un des trucs les plus chouettes qui nous est arrivé à tous.

Viva Hater! The “Band next door” you need !

It may not be the longest interview we’ve done but it sure is the freshest band in the world. Hater are happy with what they got and are given by the Gods right now. We can feel this in their music. It is sad but with a big smile on the face.  Those ones like to travel, to laugh, to play music together and it is all about this. Siesta is one of the best LPs this year. Of course, they got a frontwoman we could die for but that’s not the only key to their art. Their rhythm section is precise as f*** and their guitar playing is as smithsian as it should be. Hater sounds like a band from the past which is doing songs for the future generation. It is old school and sophisticated, delicate and incisive. In other terms, it is pure pop, familiar and from another planet. It is teenage pop for 40 year old fan-boys like us.

It is not a great deal to see everyone is going to have a crush on this band. It may not last a life long  but it is great to enjoy the moment and know this music will always be on our side. 

How do you feel on the verge of releasing your second Lp, Siesta? It seems all the stars are aligned for it to become a critical success. Do you feel it that way ?

 We’re very happy with the record and with the stars position at the moment, hopefully Jupiters moons will be kind to us. We’re all on our toes waiting for the release-day.

 There is a lot of expectation after the first LP, single, this beginning of the year first large European tour. How is it to see things happening for you ?

 It’s great, things are really starting to move like we want. We always wanted to play a lot of shows and now it seems we’ll be able to!

It is funny but the first striking thing with this LP is….its cover. Where does it come from? Do you usually ride horses in Sweden? It is probably one of the best covers this year. Can you tell me about the shooting ? Waoh, Caroline you look like a golden Nicole Kidman on it.

 Thank you! It’s at Adam’s “the bass player” mom’s horse farm we’re people can go to ride on Icelandic horses. It was Adam’s idea to go there and Måns knew a great photographer, Kamila Schneltser, whom went there with us. It was mainly to do press photos but we also hoped we’d be able to get a good cover. None of us are frequent horse riders- however, that is surely not shown on the photos. A golden Nicole Kidman, that’s very kind of you!!

By the way, can you remind us how and when you did meet ? You three, guys, were already working together when you decided to change the name of the band and met Caroline, that’s it ? When did you feel like a real new band from there?

 We were all in the same band before. Caroline played synth but did a bit of background singing, which she did so good. When that band broke up the rest of us convinced her to do lead singing in a pop-setup. At the first rehearsal we were just playing around but it sounded very good and we actually wrote the song Coming Down that day (extra song from You Tried).

The record starts with a few songs we were waiting for. Dream pop songs such as From The Bottom of Your heart or the incredible It’s So Easy but it soon moves into something maybe more ambitious and complex then the first LP. What was your ambition or purpose when writing songs for Siesta if there was one ?

We wanted to be satisfied with all the details in the song, to give the song more time. We did You Tried in four days in the studio, after writing the record pretty quick. For Siesta we had two weeks in the studio and we were also able to put more time into writing the songs. We we’re aiming for crispier production and drier sounds, like the song Blushing but more polished in a way.

Is there a « general idea » to the LP ? A guide line, something you would refer to when composing?

It’s not really a theme album. It’s about everyday life. We wrote everything together and it was important that our mutual gut feelings felt right. It’s pop music, but our take on it.

What is your best moment from those last 24 months ? What is the worst ?

 Lukas : It’s all been very fun! Except me being sick in Austin @ SXSW (/Lukas)

 Måns + Caroline :  The most fun thing is to get to travel and play together, to meet new people. We’re like a small family.

Adam :  Worst memory was just before SXSW when I got denied a US visa after an extremely long application process. However, it was all sorted out. Måns just put his smile on and politely spoke to the clerk who the. weirdly changed his mind and let me have one.

What book, film, records will you bring on tour ?

Lukas : I listen to Gemini by wild nothing maybe once a month. It’s a great record.

 Måns I’m not going to bring A Little Life by Hanya Yanagihara, I read half of it and it was a sad hell to go through.

 Adam : I’m actually bringing the book A Little Life on tour. Måns and Lukas keep telling me how sad it is and that I’ll get depressed but, I naively think that I’ve got a stronger mind than them and that I can handle such a sad book.

 Since we spend so much time in a van we listen to everything, new music, old music, bad music, fun music, documentaries, white noise – everything.

Is the picture symbolizing something for you ? Is your music like…. Well… « a beautiful fair-haired girl riding a racing horse » ?

 Haha. We were not trying to symbol something special in the picture. The picture was not really planned. The main focus was to take nice/fun press pictures and enjoy ourselves while doing that. We told Kamila to have in mind that we needed an album cover. She took a lot of great photos and as soon as we saw the one on only Caroline we knew we had the cover.

 These 18 months must have been quite a ride anyway ! There was not that much time between the first LP, the single, your tour and… this 2Nd LP. Where did you find time to write the songs ? 14 songs. That’s not a simple affair.

 All songs on siesta were written during winter 2017 and all the way up to the recording in April 2018. We have had I high tempo and it has been both tough and fun. Everyone in the band are deeply involved. Though it might seem like a short period for writing 14 songs we haven’t really stressed the creative process. We had a lot of ideas and we’re really glad that 14 of them turned out to be quite fabulous. Next time we might record 28 songs, who knows…

 There is a real magic between you all. Let’s take one of my favourite songs here which is The Mornings. How do you come with such a song? Where does it come from? Musically. The lyrics. There is a perfect harmony between a simple guitar line, the precise drumming and subtile bass line than the vocals. Is it a lot of work ? Would you say you work a lot on songs or do they come all done since the first creative burst ?

Ah thanks!! We like that song too! It was Adam who came with the bass riff, and then everyone sort of added things to it in the rehearsal room. At first it was just two parts looping round and round but then after a while it took its form. Most of the time when someone has a good idea we try to work it into a song. This was one of those song that almost fell into place by itself.

 There is always a kind of anxiety composing the 2nd LP. Pressure at least. Was it why you chose to record in Sweden and not move or get in studio in England or wherever else you could have been ?

 Haha yes it’s true! We talked much about that, but then we decided to do it like we did the last one. That’s how we feel most comfortable I guess and we kind of knew how we wanted the new record to sound on before hand.

 How do you compose songs? I mean who brings the material ? There are two songs here from Adam’s vault i’ve read in an interview. Do you start from a demo someone brings from his home studio or recorder ?

 We’re all composing the songs together. And yes sometimes one or two of us comes with an idea that we work into a song together. It’s true Adam came up with so easy and closer, whilst some of the other songs was an idea from someone else in the band. Some songs just take form when we rehearse together.

Do this LP give you (at that precise moment) the feeling you’ve achieved something great and important for the course of your lives? How far is this effort life changing anyway?

Yes always when creating something, and especially together! We’re really happy about making Siesta and being able to play it live, see new places and everything that comes with it. It’s truly one of the best things in life.

Crédit photo : Kamila Schneltser.

Lire aussi :
Hater / Sincere [Fire Records]
Hater / Siesta [Fire Records]

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