En été, on picole, on baise, mais on se réveille aussi, le lendemain à midi, avec les idées pas très claires, les souvenirs floutés, le blackout en guise de refuge. Gueule de bois ou désillusions, remords ou migraine, en été on fait la fête et puis on regrette. D’où ce Top subjectif spécial lendemains de cuite…
The Boo Radleys – Wake Up Boo !
Commençons néanmoins par un réveil tonique : celui que nous ordonne de vivre Martin Carr avec son tube le plus célèbre. En même temps, génie de Martin, toutes les chansons des Boo Radleys, à l’aube, requinquent pour la journée. Avec les Boo, c’est toujours « beautiful morning » !
Blur – Hanging Over
En Face B de For Tomorrow, Blur réservait sa gueule de bois (le titre est explicite) pour les fans de Leisure. Bien qu’avec le recul, chaque album de Blur ressemble à un réveil brutal…
Taxi Girl – Cette fille est une erreur
Le lit défait, la fille partie, les souvenirs d’une soirée camée… « Dans ma tête il n’y a plus rien du tout », chante Daniel Darc sur l’un de ses titres parmi les plus intimes, parmi les plus tristes. Désillusion post the hangover.
The Dandy Warhols – Good Morning
L’un des plus beaux titres des Dandys. Mais la façon dont Courtney nous souhaite « good morning », maussade, malade, indique que la soirée d’hier fut très mouvementée.
Miossec – Le cul par terre
« Toute la nuit bière sur bière, à la recherche d’un animal qui se laisserait faire, pour qui se serait égal d’avoir un homme droit et fier, ou un qui s’étale et qui jure contre la terre, et la mer et les étoiles ». D’où le cul par terre, le matin suivant…
Felt – I Can’t Make Love To You Anymore
Une chanson emblématique qui n’aborde pas spécialement la gueule de bois, mais le titre, en cherchant bien, peut renvoyer à la panne du matin suite à une nuit trop arrosée (non sans une tristesse typiquement Lawrence).
Pulp – This is Hardcore
Autre registre : la gueule de bois suivant un grand succès commercial. Et là, impossible d’oublier le Jarvis tendu, inquiet, parano, échappé du triomphe planétaire de Different Class. Décuver signifie également revenir d’une époque paillettes, pour admettre que les beaux jours appartiennent au passé.
Daft Punk – Veridis Quo
Morceau d’une insondable tristesse, mais avec élégance. À l’instar de Pulp qui, avec This Is, enterrait les années britpop, Guy-Manuel et Thomas composent ici LA chanson qui annonce la fin de l’euphorie French touch. Mia Hansen-Løve vous l’expliquerait mieux que moi…
808 State – Pacific
L’un des plus beaux morceaux du monde oscille entre l’extase et la grosse mélancolie du lendemain qui ne danse plus. Tout est résumé ici : la fête, l’appréhension de sa fin, la peur du bonheur éphémère. Dansons, picolons et baisons, tant que c’est encore possible…
Neneh Cherry – Buffalo Stance
Heureusement, les chéries, les concubines, les amoureuses, sont là pour nous remettre d’aplomb. Et sermonner nos abus. Ce titre de Neneh Cherry, à mon sens son plus galvanisant, agit tel un bisou qui efface la cuite d’hier et ordonne aux comateux de reprendre la piste de danse !
Merci à David B. et Matthieu Malon pour le sujet et les idées de certains titres.
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