36 titres et 1H52 de musique, c’est ce que vous aurez si vous vous procurez cet énième best-of très très étendu et soigné, assemblé par Ray et Dave Davies (et Mick Avory, le batteur entre 1964 et 1984), pour fêter les 60 ans de leur groupe, The Kinks. On est pas sûr, à ce niveau de postérité, que ce soit seulement une opération commerciale, même si les deux hommes (et leurs musiciens) n’ont peut-être pas la même fortune que les Stones et les Beatles, à côté desquels ils se tiennent pourtant dans les manuels d’histoire de la pop (mais avec 10 fois moins de fans sur Deezer par exemple). Pour les fans et les autres, vous pouvez vous amuser à jouer les 36 titres qui se trouvent sur les 4 disques de ce nouveau coffret, les déclasser, les déplacer, les jouer fort, bas, à l’endroit et à l’envers, en support CD, vinyle ou en version karaoké, vous pouvez vous amuser à pointer ceux qui sont sur TOUS les best-of déjà sortis et ceux qui s’y trouveraient pour qu’on ne reproche pas au groupe de radoter (allez, She’s Got Everything, par exemple qui est un peu plus rare que les autres), vous pouvez les chantonner vous même et tenter de les reprendre à la guitare jouet : ils seront toujours aussi bons, définitivement bons, terriblement bons, voire carrément génialissimes pour deux tiers d’entre eux.
C’est évidemment la seule et unique raison d’acheter ce coffret : le livret est cool, les photos sont cools, l’assemblage est cool (il y a 4 parties qui déjouent l’approche chronologique comme s’il ne s’agissait pas de trente titres piochés dans une quinzaine d’albums différents) mais les chansons sont parmi les meilleures que vous trouverez jamais dans le genre. Prenez Just Can’t Go To Sleep, en 1964, début de l’histoire, une véritable bluette d’époque dans laquelle on peut entendre les Beach Boys de deux ans plus tard, les Beatles et les Stones, dépassés par l’expression bouillante du désir adolescent. Voilà le rock tel qu’il devrait être, avec des vocalises et des sous-entendus. Vous pensez que, par exemple, Stop Your Sobbing a de faux airs d’Elvis et fait vraiment son âge ? Allez écouter par curiosité la version de The Pretenders et vous vous rendrez compte à quel point les chansons des Kinks sont éternelles et modernes. On ne va pas vous faire l’injure de parler de Tired of Waiting for You ou de Waterloo Sunset. Même lorsque l’un des frères se lance en solo pour montrer à l’autre qu’il sait le faire, cela donne des chansons comme Death of A Clown qui ont l’air d’inventer Sparklehorse trente ans avant qu’il arrive. Son voisin de compilation, Celluloid Heroes (1972) contient en germe une bonne partie de Suede et de David Bowie. Et on pourrait continuer ainsi de titre en titre. On a toujours révéré Shangri-La, chanson-synthèse psyché-pop qui résume à elle seule quarante années d’aspiration de la classe moyenne occidentale. Qui dit mieux ?
On a pu récemment réaborder l’œuvre des Kinks à travers des rééditions en profondeur de leur discographie et notamment d’albums comme Village Green, Arthur ou Lola vs Powerman. On trouve ici trois titres de Schoolboys in Disgrace et quelques autres de la période américaine (Everybody’s In Showbiz, Preservation Act 1), albums qui mériteraient les mêmes honneurs. Les Beatles ont composé 12 albums. Les Kinks à peu près le double. On pourrait soutenir assez facilement la démonstration selon laquelle ils ont laissé numériquement plus de chansons sublimes et marquantes que les Fab Four. Leur longévité (le dernier album original date de 1993) les a amenés à travailler jusque dans les années 90 et on imagine que la période qui court de Sleepwalker (1977) jusqu’à Phobia (1993) sera couverte par le second volet du coffret, Journey Part 2, à paraître dans le courant de l’année.
Ce premier volet permet d’apprécier la portée de leur influence musicale sur la pop qu’on aime, la variété de leurs travaux qui vont du rock typé des années 60, au rock opératique, psychédélique, en passant par la pop orchestrale, concepts albums, etc. Ces types là ont touché à tout et, à chaque fois, décroché le Graal de l’émotion pure. La pire de leurs chansons vaut la meilleure des deux tiers des artistes qu’on écoute d’ordinaire. Ça n’est qu’un best of, bien sûr, mais ça donne une excellente idée des hauteurs auxquelles on se situe.
Histoire de se rassurer, on terminera avec une MAUVAISE chanson du groupe, tirée de leur album Phobia en 1993.
01. You Really Got Me (UK#1, 1964)
02. All Day and All of the Night (UK#2, 1964)
03. It’s All Right (1964)
04. Who’ll Be the Next In Line (1965)
05. Tired of Waiting For You (UK#1, 1965)
06. Dandy (DE#1, 1966)
07. She’s Got Everything (1968)
08. Just Can’t go to Sleep (1964)
09. Stop Your Sobbing (1964)
10. Wait Till the Summer Comes Along (1965)
11. So Long (1965)
12. I’m Not Like Everybody Else (1966)
Songs of ambition achieved, bitter taste of success, loss of friends, the past comes back and bites you in the back-side:
13. Dead End Street (UK#5, 1966)
14. Wonderboy (1968)
15. Schooldays (1975)
16. The Hard Way (1975)
17. Mindless Child of Motherhood (1969)
18. Supersonic Rocket Ship (UK#2, 1972)
19. I’m in Disgrace (1975)
20. Do You Remember Walter? (1968)
Days and nights of a lost soul, songs of regret and reflection of happier times:
01. Too Much on my Mind (1966)
02. Nothin’ in the World Can Stop Me Worryin’ ‘Bout That Girl (1965)
03. Days (UK#2, 1968)
04. Last of the Steam-Powered Trains (1968)
05. Where Have All the Good Times Gone (1965)
06. Strangers (1970)
07. It’s Too Late (1965)
08. Sitting in the Midday Sun (1973)
A new start, a new love, but have you really changed? Still haunted by the quest and the girl:
09. Waterloo Sunset (UK#2, 1967)
10. Australia (1969)
11. No More Looking Back (1975)
12. eath of a Clown (UK#3, 1967)
13. Celluloid Heroes (1972)
14. Act Nice and Gentle (1967)
15. This is Where I Belong (1967)
16. Shangri-La (1969)
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