The KVB / Unity
[Invada Records]

6 Note de l'auteur
6

The KVB - UnityLe parcours de The KVB, le projet fomenté par Nicholas Wood avec Kat Day, résonne comme la narration d’une romance écrite à l’encre noire depuis plus de 10 ans dont la compilation The Early Tapes paru il y a quelques mois seulement exhumait la préface. Le duo se complait (et se complète) dans un esthétisme désincarné et vaporeux qui tient tout juste debout grâce à une boite à rythme métronomique sur laquelle les mélodies, parfois brinquebalantes, oscillent au gré des voix qui s’enlacent et des embardées de guitares cinglantes étouffées dans un sous-sol calfeutré. Cela pourrait sentir le stupre et virer bondage, mais ces deux-là filent plutôt le profil de jeunes gens bien mis.

Cette fois-ci, les tourtereaux sont sortis de la pénombre dans laquelle ils aiment de cacher pour faire une virée sous le soleil espagnol. Ils ont également troqué leurs lectures baudelairiennes pour puiser leur inspiration dans les thèses de Le Corbusier, jusqu’à baptiser leur nouvel album en référence à « l’Unité d’habitation brutaliste » de l’architecte-urbaniste suisse. On en a pris bonne note, cela pourrait permettre de briller en société, même si on peine à mesurer la portée sociétale de ces dix nouvelles chansons.

Tout juste, peut-on constater qu’effectivement ce changement d’environnement s’entend sur le premier single extrait d’Unity (Invada Records) tant World On Fire finirait presque par ressembler à une chanson de Donna Regina sous speed. La production d’Andy Savours (qui a déjà œuvré pour The Killers et vient de faire un joli coup avec Black Country New Road) assume crânement de faire tanguer la chanson sous des coups de boutoir psychédélique. Fort heureusement, cela ne dure pas plus de 3 minutes avant de trop nous brasser et cette incartade reste anecdotique sur l’ensemble de l’album. Les fans retrouveront plus aisément leurs repères sur le second single, Unité, dont la structure électronique convoque derechef Kraftwerk à venir enflammer le dancefloor. Mais là aussi, pas le temps de vraiment lâcher prise, The KVB est déjà passé à autre chose, puisque les autres références sont à chercher du côté de la scène shoegaze des 90’s. Unbound réemploie un chant féminin vaporeux et des strates de guitares noisy comme nombre de seconds couteaux qui se planquaient derrière leur ampli en fixant leurs pédales d’effets. On retrouve aussi de-ci de-là l’influence de New Order dans sa configuration la plus récente (disons depuis Get Ready). Pas sûr que le Future se joue là pourtant et on préfère vraiment quand le duo laisse le tempo ralentir. Voix trainante laid-back, gimmick répétitif, riffs acérés, c’est sur ce terrain que The KVB s’impose, en coupant les spots pour ne laisser que le stroboscope calé sur la pulsation rythmique. D’ailleurs, le format se rallonge à bon escient pour permettre enfin aux morceaux de décoller comme sur le conclusif Omni que le groupe pourra jouer sur scène avant de laisser la place à TOY.

Autant dire que pour dix chansons, cela fait un paquet de références, pour ne pas dire de déférences, qui, si elles sont bien maîtrisées et largement appréciées, donnent un ensemble qui souffre d’un manque de personnalité. A défaut de souligner la cohésion de ce Unity (un comble), on pourra toujours saluer la qualité de cet effort compilatoire.

Tracklist
1. Sunrise Over Concrete
2. Unité
3. Unbound
4. Future
5. Blind
6. Ideal Living
7. World On Fire
8. Structural Index
9. Lumens
10. Omni
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