Nous ne pensions pas en reparler de si tôt. Alors que l’on voit poindre la résurgence de forces obscures ces derniers jours et années, les forces américaines de Social Order tentent tant bien que mal de sauver notre cohésion sociale. Leur Crime n’était qu’un prétexte pour revenir avec un EP en cinq morceaux, Tantalize.
Plutôt que de nous répéter, on peut dès lors exorciser le groupe avec The Cure, cette panacée consistant à s’accompagner de ses groupes fétiches pour conjurer la peur du saut musical, quand on se lance dans un nouveau projet débutant. Le New Order est aussi passé par là ; il a précédé le Social. Sur le morceau éponyme, on est heureux de voir Johnny Dynamite & The Bloodsuckers percer le souterrain du bout de leurs canines, discrètement, contaminant la piste introductive de son folklore, éternel romantisme américain. On regrettera néanmoins que Crime et Tantalize de Social Order partagent les mêmes sonorités, et c’est d’autant plus manifeste que les pistes se suivent. On pourra même légèrement s’agacer que l’EP beigne dans la même couleur, même si certaines teintes varient. Reste cette énergie bleue et glacée, cette célérité qu’on avait vite détecté chez Social Order, vitesse probablement héritée de leur passé emo rock avec Metro Station, et qui les fait jurer d’une scène post-punk et cold wave plutôt statique. Attention néanmoins à ne pas verser dans l’excès de zèle comme Korine, qui en souffre.
Boys est un pur plaisir de mauvais garçons, une sorte de morceau d’un INXS plus sombre et nous étant inconnu (la voix de Musso nous rappelle l’insolence d’Hutcherson), entremêlant sincère amour pour l’espèce et la juste misanthropie de celui qui sait de ce qu’il en retourne de la nature humaine, sparadrap essentiel afin de ne céder à la tentation nihiliste. All My Life, lui, est un hommage un peu gauche mais sincère à The Psychedelic Furs, groupe dont on a pas écouté la discographie depuis des lustres, et qu’on ira probablement revisiter avec plaisir. Worst Way instille, par ses nappes synthétiques bien pleines, quelques gouttes de Desire rital (on pense terriblement à leur Under Your Spell). Suite à nos études de sociologie ronflantes, on aurait jamais penser écrire un jour que Social Order soit une petite partie de plaisir. À eux, à présent, de nous emmener vers de nouvelles strates du spectre musical encore inconnues.