Ça ne pouvait tomber mieux : alors que les français préparent leurs valises pour se mettre au vert, tout schuss vers les gorges glacées, Ponta Preta, le jeune groupe français lustrant les lettres de noblesse du surf rock, sort Get On My Ride chez BE Records, le label des petits patriotes coolos de Bon Entendeur. On va donc pouvoir se caser quatre minutes entre les innommables Wejdene et Aya Nakamura d’enfants qui ne nous méritent décidément plus, pour souffler un coup, les guiboles croisées sur le rétroviseur (gauche), notre regard dérivant vers les montagnes mamelonnées du Jura. À l’époque, on avait chroniqué leur très bon album Tits Up qui nous rappelait les cavalcades ardentes dans le désert qu’on a jamais osé faire, les Beach Boys et The Who juchées sur nos épaules, et force est de constater qu’ils perpétuent cette routine de la vague sacrée enfin retrouvée, doigts de pied en éventail et pépés rangées sur les sièges arrières, mini-short en jean pour seule peau et esquimaux dans la bocca. On a le droit de rêver, non…?
On est cool. Quatre minutes pour effacer ce mauvais rêve qu’est devenu la réalité, cette fatigue d’être soi. Nos enfants sont devenues des beautés ramassées sur la route, notre femme, notre bro de bringue pas vu depuis des lustres. Les chaudes guitares psychées et les voix mi-aigus, marques de fabrique de ce genre, s’étirent à l’infini, escaladant la pointe des Alpes se dressant en nous. Avec ce titre, le groupe reste dans sa zone ensoleillée, mais on est ravi de partir en dérobade, tout du moins en escapade intérieure. Relativement discret depuis leur album, le quintet avait eu la bonne idée de se réapproprier le Beautiful Stranger de la Madonna via une reprise éthérée à l’eau d’écume, peut-être même préférée à ce titre.
On est doublement étonné de voir ce titre sortir chez BE Records, Ponta Preta ayant dès leurs débuts monté leur propre structure La Surf Records et Bon Entendeur ayant plutôt tendance à incorporer dans ses rangs de jeunes artistes voguant sur un électro disons disco-funk. Défenseur d’un certain patrimoine français et plus généralement du « bon vieux temps », on préférera leur travail de catalogage et de mixtaper à leur musique un tantinet ringarde, jamais à la véritable hauteur de leurs goûts. Get On My Ride, sortant sur leur 3ème compilation, doit donc s’interpréter comme la première entrée rock de leur entreprise nostalgique. Ne boudons plus : à l’écoute, les stalactites goûtent déjà et c’est l’été en hiver. Get On My Ride rallume le volcan trop éteint de l’envie pour brûler la mer de glace en nous. Nos chéris s’en verront ravis.