VIOT donne un visage à son Minotaure

VIOT - Minotaure EPL’univers graphique qui accompagne les nouveaux morceaux de VIOT s’impose au fil des livraisons comme l’une des plus curieuses réinventions de l’année. Après le somptueux Hallali, dont on avait fait sans hésitation notre clip du mois, VIOT sort le 23 novembre un deuxième titre issu de sa collaboration en duo avec Alexandre Armengol Areny, Minotaure.

Cette fois, la livraison prend la forme d’un EP digital, appelé Minotaure EP, superbement illustré par Benjamin Vareille, et constitué de 4 titres. Outre le morceau éponyme qui témoigne de la puissance d’évocation du duo, le EP réunit deux versions remixées du titre, et un autre nouveau morceau plutôt bien troussé, J’aurais fait pareil. Plus électro, plus noir et allant jusqu’au bout de sa démarche poétique qui visait à assembler et associer les mots en les faisant s’entrechoquer entre eux, en recherchant les assonances plus que les effets de sens, VIOT version disco.0 est en passe de réussir son pari : inventer une musique française radicalement nouvelle, sombre et à bien des égards aussi terrifiante qu’écouter Suicide au petit-déjeuner, tout en gardant un pied (une corne?) dans une forme d’écriture poétique soignée et littéraire qui le rattache encore aux Dominique A et autres Bashung. Là où Alan Vega choisissait de chanter « à la Elvis » et de s’appuyer sur des modulations vocales marquées, VIOT prend une voie contraire qui consiste à chanter à plat et sans aucun effet. La voix est nue et portée avec toute la fragilité de son grain, le vibrato fendu et transpercé de béances et de souffles courts. Il y a une forme de panache et d’humanité frémissante dans cette façon de chanter qui, sans nul doute, en rebutera certains. On peut estimer que c’est en partie fait exprès. Pour les autres, le charme peut passer par la déstabilisation et la claustrophobie.

S’il n’est pas certain que cette voie soit synonyme de succès (trop bizarre?), l’audace est saisissante et le résultat stupéfiant. La figure du Minotaure, changé ici en Saint Sébastien affligé, est parfaite pour définir cet hybride : mi-homme, mi-bête, mi-machine monstrueuse, mi-poète blessé. C’est limpide et c’est beau comme le noir et blanc du dessin. Le EP, distribué par le Label maison Langage Records, est disponible pour le moment sur Bandcamp. Le clip est signé Gautier Dulion.

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