Brrrr…c’est avec un frisson de plaisir, d’excitation et d’admiration qu’on éprouve à l’écoute du nouveau single des Camp Claude, Everynight. Avant la sortie du nouvel album du groupe (après Swimming Lessons), sans titre encore, annoncée pour le début d’année prochaine, ce titre montre le groupe à son meilleur (selon nous) : un peu moins guilleret et dansant que sur ces singles les plus enlevés (nul doute qu’on trouvera ce genre de chansons aussi sur le nouveau disque), Diane Sagnier évolue dans un registre un peu nouveau depuis sa base soul folk pour travailler dans un spoken word mystérieux et suggestif qui renvoie du côté d’Anne Clark et plus près de nous de Dry Cleaning.
Contrairement à ces derniers/dernières, Camp Claude joue évidemment la carte de la séduction autour d’un accompagnement solide très cold/new wave posé par ses deux musiciens Mike et Leo, lesquels triomphent aussi depuis quelques semaines au sein de Tristesse Contemporaine. C’est techniquement parfait et le cadre idéal pour que la poésie elliptique de Sagnier prenne toute son amplitude. Le texte est allusif et peut amener plusieurs lectures : la chanteuse est-elle éloignée de son compagnon, par la distance, la mort ? Ou s’agit-il simplement d’une jeune femme expérimentée qui n’a pas encore cédé aux avances de celui-ci et l’invite à patienter ? D’un couple séparé suite à une dispute ou une tromperie ?
Le mélange du chant envoûtant et du parlé chaud et baigné de lumière bleue est assez mutin et irrésistible, jusqu’à l’intervention parfaite d’un Mike au chant qui se contente d’un seul vers « it’s all about the honey now ». Là encore, les oreilles excitées entendront horny pour honey, voire honey pour « cyprine/mouille » tandis que les plus sages prendront le mot comme une promesse d’amour sucré et sensuel, ou de prospérité pour le couple.
Everynight est un titre magnifique et le morceau de cold wave le plus hot qu’on a entendu depuis des années.