ANNA bricole toujours la nuit (mais en groupe)

ANNAANNA, le groupe du Tourangeau Martin Vidy, fait son retour pour un quatrième album, Guilt, à paraître mi-novembre. Aux avant-postes, un premier single et un premier clip viennent d’être dévoilés qui marquent un véritable changement dans l’orientation du groupe puisque celui-ci qui était principalement et quasi exclusivement tenu par Martin Vidy s’est enrichi désormais de trois musiciens (un clavier, une batterie notamment) et fonctionne plus comme un collectif. Parmi les éléments de continuité néanmoins, on retrouve dans Night, Night, une forme de relâchement naturel et une esthétique slacker/DIY, bricolo-savante qui caractérisait les travaux précédents de Vidy.

Le nouveau morceau traîne sa langueur de manière délicieuse, suggérant l’avachissement et l’abandon, le manque d’énergie et la détente qu’on peut ressentir en essayant de s’étirer les orteils. L’apport du groupe amène un supplément de coolitude au tout et renforce la fluidité d’interprétation en l’attirant dans le champ mélodique et musical du jazz, free ou du moins dans une forme d’étirement/improvisation évidentes. Le morceau est élégant, prend son temps et se termine par une dernière minute (attendue) plutôt passionnante où la musique d’ANNA se libère, s’écoute et serpente entre plusieurs voies.

On retrouve sur ce seul single l’une des caractéristiques qui fait aussi la qualité d’un groupe comme Cannibale et d’une partie du rock français psychédélique actuel : le goût de la divagation et de la dérivation, c’est-à-dire une capacité à tourner autour de son sujet sans jamais le cerner, une capacité à hésiter, à mettre en scène ses recherches, à butiner des rythmiques/influences world ou africaines pour ralentir la cadence. Le genre désarçonnera ceux qui préfèrent les mélodies bien marquées et établies ou le format pop classique mais il y a de plus en plus d’amateurs de ces bricolages lofi, enivrants et branlants dont la figure tutélaire, indépassable bien que passée désormais, reste l’Américain Beck, des débuts du moins.On imagine que l’album proposera des titres plus vifs que celui-ci. On a toujours aimé quand ANNA s’échauffait et virait à l’électricité.

Crédit photo : promotion Howlin Banana Records / Another Record

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