On avait adoré le Tapeworms des deux premiers EP, gorgés de références-madeleine et d’insouciance adolescente, de disto radicale et de flanger cosmique, d’hymnes aussi noisy que pop aux refrains ravageurs. On avait vanté tous les mérites d’un premier album qui, non content de confirmer les promesses entrevues, montrait un trio lillois se lançant dans une franche actualisation de la noisy-pop version 2K20 en l’hybridant avec leur univers japonisant à l’électronique à la fois ludique et un peu vintage, façon retro-gaming, ou quand Mario rencontre Kevin Shields. Restait alors à aborder, deux ans plus tard, le fameux virage du deuxième album. Plutôt discret depuis la sortie de Funtastic, en septembre 2020, le groupe s’est contenté d’un petit single inédit et sucré, Magic Pierrot et de quelques petites tournées françaises ou anglaises au cours des presque trois années écoulées et s’est attelé à en générer la suite.
C’est donc à l’occasion de l’annonce d’une nouvelle tournée européenne en deux temps, germano-scandinave en avril et de nouveau anglaise en mai que le groupe délivre quelques indices de ce que la suite pourrait donner avec IRL, un single qui laisse dubitatif. Non pas sur sa qualité mais sur la direction que le groupe souhaite se donner. D’un côté, pour fêter le printemps, un single-tronic rapidement addictif, mixé par un Petit Fantôme trop discret ces derniers temps, porté par la voix ingénue de Margot Magnière, bourré de ces gimmicks Mega Drive sur lequel un Sonic sonique fonce à toute allure vers de nouvelles aventures conduites sur un beat affolé. De l’autre, une semaine plus tard, un IRL (Slowed + Reverb) comme son nom l’indique ralenti et mis sous reverb’ qui, plus qu’un exercice de style, laisse transparaitre à travers une voix devenue carrément androgyne et des basses confinant au dub une véritable nouvelle approche aussi étonnante qu’intéressante.
En poursuivant son chemin un rien nostalgique dans l’héritage des années 1990, un pied dans la Grande-Bretagne noisy-pop, l’autre dans un Japon précurseur et novateur des grandes tendances actuelles de la culture pop, Tapeworms parvient finalement à tracer une route résolument moderne et de plus en plus personnelle. La suite, In Real Life, s’annonce donc plutôt bien.