« À chaque fois que l’on dit qu’on ne croit pas aux fées, il y en a une qui meurt quelque part dans le monde ». Dead Fairies. C’est avec cette seconde bonus track splendide qu’Al’Tarba met un terme (définitif ?) à son grand voyage dans l’univers des contes de fées et referme son disque augmenté la Fin des Contes.
Il faudra évidemment se souvenir de cet album au moment des votes de fin d’année tant le disque aura brillé par son originalité, son audace et la puissance de son imaginaire. Entre les histoires/nouvelles gothiques incroyables embarquées dans la narration, la force de certaines tracks (Le Festin en tête) et la vraie beauté sombre de quelques autres, la Fin des Contes aura témoigné à nouveau de la capacité du beatmaker toulousain à développer un univers cohérent et « complet » en faisant feu de tout bois avec ses marqueurs personnels (la double influence punk/rap, l’orientalisme, le mélange d’ambient et des horrorcore, l’aisance tant dans l’abstract que dans le big beat, la science des collabs).
La preuve en est une nouvelle fois donnée avec ce Dead Fairies somptueux et à la basse plus soyeuse et moins lourde que d’ordinaire. Al’Tarba offre ici ce qui est peut-être sa plus belle chanson à Grin, la jeune chanteuse/rappeuse du trio Slex dont on a parlé assez souvent ici. Avec son timbre soul et ses échos « chanson », la jeune femme fait ici un travail remarquable, s’élevant à des hauteurs qu’on avait pas croisées depuis que Shirley Bassey faisait l’appoint chez les Propellerheads. On exagère à peine : il y a une texture à l’ancienne dans cet enregistrement qui donne la chair de poule jusqu’au moment (la 3ème minute) où Grin propulse l’histoire dans la modernité d’un hip-hop envoûtant et profane.
Les fées sont mortes mais pas les rêves qui vont avec.