Quel plaisir c’est de revoir nous revenir un artiste adoré ayant pris ses distances, même si c’est par une humble petite porte ! Ces dix dernières années, DJ Tonka n’a pas été des plus présents, exécutant quelques commandes de remix pour des jeunes artistes l’estimant, se souvenant probablement, avant la proposition, des glorieux moments de vacances que sa musique leur a procurés. On a aussi eu quelques morceaux deep house peu mémorables début des années 2010, et à part ça… pas grand chose de plus. Si l’on observe ces tournées en boîtes, l’Allemagne dont il est originaire et l’Europe de l’Est semblent le solliciter. C’est bien, mais bien trop peu pour un artiste ayant participé aux soirées Respect, et qu’il faut absolument considérer comme un acteur notoire de la scène house et techno des années 1990 et 2000, Daft Punk le mentionnant comme sensei sacré sur Teachers de Homework (1997).
C’est probablement l’accessibilité récente mais tardive de ces mythiques singles sur les plateformes et la remasterisation de certains clips sur YouTube qui ont poussé Tonka à son retour. On espère qu’il en sera de même avec l’incroyable compilation Peaktime (In One Go) (1998) et de 84 (2004). A Long Time, quant à lui, est un bon morceau ressemblant, par certaines manières, au remix Italo Flava de Keep Climbing, tout en étant… un nouveau morceau de Tonka, en somme. Il fait suite à un autre titre, lui de disco filtrée, le sympathique Don’t You See, qu’on aurait pu croire de Duck Sauce.
La signature de la musique de Tonka est instantanément identifiable, et si celle-ci devait être traduite en mots, ce serait l’exaltation d’un optimisme extatique mais non définitivement conquis, naïf mais jamais niais ; de temps doux venus, et qu’on espère voir régner, avec cette pointe de peur de tout voir se carapater. A Long Time infuse en nous une vague d’euphorie telle qu’elle semble anachronique, très années 2000, une piste douce mais inquiète, renvoyant particulièrement à la veine italo-disco-synthpop de l’excellent album 84. En somme, le son de lui (comme tout artiste pionnier, il en a plusieurs) ayant probablement le plus vieilli. Mais la décennie 80 a toujours constitué un solide point d’appui pour lui, sans pour autant l’envahir. Le morceau est entraînant, sans être sculpté pour les discothèques – et là est encore l’audace. À l’heure où un titre comme It Goes Like (Nanana) d’une jeunette comme Peggy Gou rencontre un franc succès, il serait de bon ton d’espérer le retour de Tonka. Et pourquoi pas un album en grâce ? On a le droit de rêver, non ?