Roulette Memory # 9 : John Leyton, l’acteur qui chantait la mort comme personne

John Leyton - Johnny Remember MeIl va falloir que je change d’étagère ou tout le monde va croire que je n’écoute que de vieux machins. En attendant, cette compilation John Leyton intitulée Johnny Remember Me, du nom de la plus célèbre chanson de cet acteur-chanteur anglais des années 60, est une petite merveille que je recommande à tous ceux qui aiment les crooners à la Dean Martin, Sinatra et autres Morrissey. La carrière de chanteur de Leyton est indissociablement liée à celle du producteur Joe Meek dont on a déjà parlé mille fois. C’est lui qui donne à nombre des pièces rassemblées ici sa patine incroyable. Johnny Remember Me, la chanson, est fascinante. C’est une chanson qui, comme l’autre grand moment de bravoure du disque, Tell Laura I Love Her, fait partie de ce qu’on appelait alors les death disques, des singles à la Tristan et Yseult où des amours romantiques se finissent mal avec l’un ou l’autre des protagonistes qui raconte l’histoire depuis l’au-delà ou chante la souffrance du survivant. Leyton était un dieu dans ce registre, même si on adore aussi ses traitements plus romantiques et positifs. Walk With My Angel est remarquable et It’s Goodbye Then, un chef d’œuvre. On en dira autant du superbe Goodbye To Teenage Love et du bluffant Wild Wind. Johnny Leyton est un chanteur limité mais qui insuffle à ses interprétations toute sa science de la comédie. Il abandonnera d’ailleurs la chanson après plusieurs camouflets pour se concentrer sur sa carrière d’acteur.

Son plus grand rôle, mémorable, Johnny Leyton l’a décroché dans la Grande Evasion en 1969. Leyton incarne Willie le roi du tunnel et assiste un Charles Bronson claustrophobe dans sa fuite.  Son dernier rôle marquant (qui boucle la boucle) est dans Telstar : The Joe Meek Story, l’excellent biopic du producteur de génie sorti à la fin des années 2000. Leyton a aujourd’hui plus de 80 balais. L’histoire ne dit pas s’il a encore ce regard fondant et ses boucles blondes.

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