On s’est toujours demandé ce qu’on allait écrire le jour où la nouvelle arriverait. Il y a moins d’une semaine on émettait quelques doutes sur le sens de son retour à la maison, persuadé d’après les dernières photos du héros britannique, que ce qui était présenté comme une bonne nouvelle cache un dernier voyage hospitalier avant de rejoindre l’autre côté. Il faudra se passer dorénavant des billets en forme de bulletins de santé qui, chaque année, venaient signaler l’exploit de l’ancien chanteur de The Pogues, rester en vie, et formuler le souhait qu’il puisse un jour nous offrir un dernier tour de piste, une dernière chanson, une dernière déambulation éthylique.
Shane MacGowan est mort ce jour entouré par les siens. Nous n’aurons plus à subir ces horribles photos de lui qui traînaient sur le net ces derniers mois.
McCormack and Richard Tauber chantent auprès de son lit
Il y a un verre de punch sous ses pieds et un ange à son chevet
Des démons l’entourent des deux côtés, bouteille à la main
Un petit rab de poison et il rêvera au pays distant
Quand tu t’es pissé dessus et écroulé à Francfort et Cologne
Quand tu as entendu siffler les trains de la mort, allongé comme un con sur le sol
Sur son lit de mort, tout le monde s’agenouille et dit une prière
Les fantômes se pressent à la porte et le diable en personne attend dans le fauteuil.
Il y a 1001 chansons de Shane et des Pogues qui parlent de la mort, à l’instar de cette traduction libre du Sick Bed of Cuchulainn. C’était en 1985. MacGowan est mort 1000 fois depuis, sur scène et en dehors. On pensait écrire des trucs merveilleux le jour où la nouvelle tomberait. Mais non, finalement. On se souvient des jours anciens, et on rit. Shane MacGowan est mort. C’est ainsi.
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