Martin Carr et son Strange Journey annoncent les beaux jours

Martin Carr - Strange JourneyCela faisait un moment qu’on avait pas aimé un titre de Martin Carr à ce point. On le confesse aujourd’hui, on avait fini par penser, notamment à l’écoute du dernier album de ses Boo Radleys reformés, qu’on avait peut-être exagéré l’apport et l’originalité du compositeur et principale force motrice du groupe, pendant ses années glorieuses, perdu de vue la différence créative entre l’artiste et les autres membres du combo.

Il aura fallu la grâce et la force d’un unique morceau, ce Strange Journey, apparu comme par miracle sur youtube, bandcamp etc, pour que le charme agisse à nouveau. C’était donc ça Martin Carr : cette manière d’empiler les sons et de créer des effets de profondeur qui relèvent de la pop et du pur onirisme (psychédélique), ces morceaux labyrinthiques où l’on perdrait Ariane et son fil, cette façon de faire tourner les guitares, les voix et les réveils, au point d’en perdre le sens de l’orientation. Strange Journey n’est même pas un titre exceptionnellement ambitieux, malgré ces presque 6 minutes, juste un exercice de style et une miniature éblouissante qui démarre avec un faux rythme reggae sur lequel Carr invite une voix plaintive avant de projeter le tout avec une facilité byrdsienne dans un ailleurs qui traverse les époques pop disco et magique.

Le texte parle de traversée du miroir et de voyage dans le temps. Ce sont les thèmes qu’explore Carr ces temps-ci comme hier : le temps qui passe, les traces du passé et les vestiges d’un Angleterre rock fantasmée et déconstruite par l’époque. Ces questions sont ramenées dans une sphère intime habitée par des fantômes de filles, des spectres sensuels et proustiens dont le re-souvenir ouvre des dimensions au nombre infini.

Strike a match and light the fire
Burn what is left of the day
All those places, all those faces
Up in smoke
In dreams we will find
The source of the Nile
Cassandra turns away from the mirror
Looking for an equal position
She says why?
Why do we find only strangers
When we’re looking for ourselves?

C’est simplement et joliment fait. Comme un rêve réussi et qu’on oublie juste un peu (mais pas totalement au réveil). A noter que le morceau est proposé dans le cadre d’un projet baptisé New Shapes, de souscription/abonnement à un service bandcamp porté par Carr où il diffusera désormais en cercle privé ses compos et ses nouveaux projets.

Lyrics
Strike a match and light the fire
Burn what is left of the day
All those places, all those faces
Up in smoke
In dreams we will find
The source of the Nile
Cassandra turns away from the mirror
Looking for an equal position
She says why?
Why do we find only strangers
When we’re looking for ourselves?
She is the harmonious unity
Of mind, form and energy
I’m on a strange journey
If we do nothing they’ll assume that it’s ok
Don’t be afraid
Don’t be afraid
Strangers will come
Strangers will go
Strum the negative emotions
To the ceaseless banging of their golden hammer
They’ll bind us to their banner
With dumb jewels that win the mind
I’m on a Strange journey
From this relative position
I can see an infinite number of parallel lines
Abstract space
The hidden dimension
We make it as far as the seventh star
Lost in space and time
Cassandra says did you see that too?
What are we going to do?
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