Master Class Middleton : l’Ecossais qui réussit…

Malcolm MiddletonLe nouvel album de Malcolm Middleton, Bananas, est probablement son meilleur disque depuis qu’il s’essaie en solo. C’est un album à la fois intime, ancré dans le quotidien, universel et poétique. A travers ces huit chansons, Middleton explore la condition humaine en nous faisant rire, pleurer et partager son spleen unique. Bananas met en musique l’examen par lui-même d’un homme de 40 ans, dépressif de nature mais qui a acquis à force une conscience claire et précise (bien que fragile et…. troublée) de ses forces et faiblesses et de leur destination.

Pour la première fois, avec cette précision et cette force, les paroles de Middleton sont garnies de punchlines et d’autodépréciation définitives qui feraient rougir d’envie les fans de Morrissey et n’importe quel chanteur de hip-hop. La musique est, quant à elle, aussi ambitieuse qu’elle est limpide et enlevée. D’où qu’on les prenne, ces Bananas sont le meilleur dessert que vous pourrez avoir sur la table à Noël.

C’est autour cet album que Malcolm Middleton est revenu avec nous longuement sur ses blessures, son bonheur retrouvé et ses espoirs. Comme il le chante lui-même, il n’y a rien de pire que d’être un Ecossais qui a du succès. Pas de bol pour lui…

(et oui, ça parle aussi un peu d’Arab Strap)

English version below.

Bananas et Summer of 13 sont des disques aux orientations musicales très différentes. Que s’est-il passé musicalement et personnellement qui peut justifier une telle évolution ?

Pas grand-chose en fait. J’ai été rattrapé un certain nombre de fois par la dépression ! A part ça….

Vous revenez avec cet album à une musique plus « organique ». Moins électro. Après Human Don’t Be Angry et Summer of 13, pourquoi revenir dans cette direction ?

J’adore la musique électronique. C’est une musique qu’on peut fabriquer facilement tout seul et comme j’habite dans un endroit très reculé…. Mais cette fois, j’ai pris conscience que les chansons que j’avais écrites, et que j’avais travaillées en mode acoustique, seraient meilleures si elles étaient jouées par un vrai groupe, une énergie qu’on ne trouve qu’en live, ce que je n’avais pas fait depuis plusieurs années. J’ai apprécié le laisser aller qui vient avec le groupe, le fait de laisser des amis musiciens jouer avec les morceaux, y ajouter leurs propres trucs. Je referai sans doute des trucs électro plus tard mais cela n’aurait pas marché pareil pour cet album.

L’album précédent n’a pas bénéficié de toute l’attention qu’il méritait. L’accueil réservé à Summer of 13 vous a-t ’il déçu ?

Merci. Oui, j’adore l’album mais la plupart des gens n’ont pas accroché. Peut-être est-ce à cause de la production ou parce que les chansons étaient trop denses musicalement. D’un autre côté, prendre une bâche peut avoir son utilité et donner le sentiment que Bananas est bien meilleur en comparaison. Il y avait pourtant beaucoup d’humour dans la manière dont c’était produit mais personne ne s’en est rendu compte. Et très honnêtement, je croyais bien qu’avec Steps, je tenais un tube imparable.

Compte tenu de ce que vous avez fait avant, les gens attendent de vous une musique dépressive avec pas mal d’auto-dépréciation dans les paroles. Bananas ne correspond pas à ça car la musique est plutôt énergique, joyeuse et plein d’espoir. Vous jouez du contraste entre les paroles et l’ambiance générale. C’est voulu évidemment ?

Oui, je veux ! En fait, c’est ce que j’essaie de faire depuis l’album Into The Woods, si j’y repense. Lorsque je chante un texte déprimant avec une musique déprimante, cela ne marche pas. C’est trop lourd à porter, cela manque de lumière, de vie ou même de perspective artistique. Du coup, je me suis dit qu’il fallait que plus le texte est sombre, plus la musique soit légère…. Et c’est ainsi que ça fonctionne dans l’idéal….

Comment est-ce que vous avez écrit les textes et les musiques de cet album ? Comment est-ce que tout cela naît chez vous ?

Les chansons de l’album sont nées un peu différemment de d’habitude car pour la plupart d’entre elles, j’ai écrit les textes en premier. Généralement, les deux me viennent en même temps. J’ai écrit par exemple Buzz, Love Is A Momentary Lapse In Self Loathing et Gut Feeling en même temps, tard la nuit. J’ai posé les textes devant moi pendant que je jouais de la guitare et j’ai essayé de trouver les mélodies qui découlaient de ces mots-là. Et ça a eu l’air de marcher ainsi, mais cela explique aussi pourquoi les chansons sont plus longues sur cet album. Ce qui m’intéressait c’était finalement plus de conserver l’ensemble de ce que j’avais écrit plutôt que de façonner des chansons pop.

Justement, la structure des chansons est ici plutôt plus complexe que ce que vous écrit jusqu’ici. (je mets de côté quelques morceaux d’Arab Strap peut-être). Il y a une chanson de 8 minutes et plusieurs morceaux semblent contenir 3 ou 4 séquences différentes, des changements de ton, de nombreuses idées….. Vous aviez une ambition différente au départ par rapport aux chansons ou est-ce que cette complexité renvoie à une naissance plus tortueuse des titres ?

Ce n’était pas planifié. Les chansons ont émergé ainsi. Encore une fois, j’ai été plus appliqué à exprimer un sentiment clair, l’état d’esprit le plus exact dans lequel je me trouvais qu’à écrire des chansons efficaces. Après, j’ai un cerveau qui est câblé pour fonctionner en mode pop songs qui m’a aidé à retomber sur mes pieds. En ce qui concerne les paroles, j’avais pourtant essayé de m’éloigner pendant plusieurs années de ce genre de textes, et puis j’ai réalisé que d’une certaine façon c’était ma manière de faire. Merde, c’est ainsi que j’écris et c’est comme ça. Ca m’a aidé de réaliser ça et libéré pour pouvoir exprimer ce que je ressentais sans me soucier de ce que les gens allaient en penser.

J’ai parlé de complexité mais ce n’est sûrement pas le bon mot. On a l’impression que vous avez laissé couler le robinet. Il y a une fluidité et une liberté qui laissent penser que vous avez laissé exprimer aux chansons ce qu’elles avaient à dire sans les brimer. Vous leur avez laissé du temps, de l’espace, le soin de prendre vie. Prenons Buzz Lightyears Helmet par exemple. Comment ça vient une telle chanson ?

Vous avez raison. Ce n’est pas complexe au sens où il ne se passe rien d’intelligent ou de difficile à comprendre. Il n’y a pas non plus de progression. Buzz part d’une série de paragraphes et j’ai donné à chacun d’entre eux une tonalité différente. Ca a pris du temps mais il s’agissait bien de récupérer le sentiment qui était le mien. Presque avec un soin maniaque. Je suis très fier de cette chanson, même si je sais bien qu’elle n’est pas pour tout le monde. Ce n’est pas grand public. J’ai une sorte de public imaginaire dans ma tête, des gens qui sont à l’intérieur de moi et qui m’aiment bien. Même s’ils peuvent être assez critiques envers moi parfois !

Pourquoi Buzz l’éclair d’ailleurs ? C’est un personnage que vous affectionnez ? Par vos enfants peut-être ?

Oui, c’est ça. J’ai fabriqué à mon fils une magnifique paire d’ailes Buzz l’éclair. Quand il est parti pour la crèche, il m’a demandé si j’allais lui faire le casque aussi. C’est devenu comme une blague, qui me permettait d’exposer mon propre sentiment de décalage, d’incapacité et en même l’idée que je servais à quelque chose, que je comptais pour quelque chose, que j’avais un talent. Sa demande m’a servi à exprimer ça. Comme tous mes chansons, dès que j’ai eu écrit la première ligne, le reste a eu tendance à prendre la tangente. C’est pour ça qu’ensuite je suis plus sur l’expression du sentiment que sur l’histoire elle-même. Je parle de ce qui s’est passé et c’est supposé être drôle !

Vous jouez de votre tempérament dépressif. Et chaque chanson a une vraie punchline. « love is momentary….” “Being a successful Scotsman….” Vous avez à chaque fois une parole éclatante et mémorable qui crée une distance entre la déprime et la manière dont vous la chantez. Je n’avais pas l’impression que vous faisiez ça avant ou alors de manière moins brillante peut-être. Ca veut dire que vous progressez vers quelque chose d’autre ?

Peut-être que les chansons sont justes meilleures que les autres ? Ou peut-être est-ce que je m’exprime mieux aussi. Je crois que ces chansons rendent assez bien les états qu’elles veulent exprimer. Elles sont assez précises mais aussi assez directes. C’est peut-être parce que j’ai réussi à me libérer, à me débloquer dans l’expression. Lorsque je traversais une mauvaise période, je me disais que j’étais vraiment trop mal pour écrire dessus. Et puis écrire m’a aidé, et même si certaines paroles sont sûrement excessives ou difficiles à entendre pour ma famille et mes amis, il m’a semblé plus important d’être honnête et dire les choses. J’ai travaillé sans filtre.

J’étais sûr d’avoir déjà entendu Man Up, Man Down sur scène quand vous jouiez avec Human Don’t Be Angry, il y a quelques années. Je fais erreur ?

Oui. C’est bien une nouvelle chanson. Je ne sais pas ce que ça pourrait être. Dreamer peut-être ?

Vous semblez plus apaisé et philosophe par rapport aux moments sombres que vous traversez dans la vie et à la manière dont vous les exprimez. Est-ce que vieillir vous aide à prendre du recul ? Ou est-ce que vous vous habituez à être déprimé ? Ou êtes-vous habitué à ce que ces moments passent ?

Je dirais plutôt que je suis résigné. On s’habitue à aller mal. Mais il y a aussi beaucoup de belles choses, de lumière dans ma vie, même si je n’arrive pas à écrire là-dessus. Je suis vraiment vraiment persuadé que quelques semaines de thérapie me feraient le plus grand bien.

Vieillir rend plus sage ? Plus bête ou plus intelligent ? Est-ce que ça change quelque chose pour vous ?

Ce n’est pas quelque chose à quoi je pense vraiment. Je connais plus de choses maintenant qu’hier. C’est tout.

Lanark Alasdair GraySur Salamander Grey, vous répétez en boucle « pain in my heart… on and on » comme si la souffrance pouvait mener à une sorte d’élévation, d’état de conscience supérieur ou de sérénité. Est-ce le cas ?

Peut-être. C’est une chouette idée. Salamander Gray est une référence à un livre d’Alasdair Gray qui s’appelle Lanark. Cette phrase sert à définir le niveau de la dépression qui est causé par la somme des événements passés qui ne veulent pas guérir. Comme je disais avant, je crois que la thérapie s’impose ! 😉

Quelle est la place de la religion, de la grâce ou du sacré dans la vie et le système de pensée de Malcolm Middleton ?

Mmm. Ma position de départ c’est qu’il est préférable d’éviter toute croyance qui porte sur des choses qu’on ne peut pas prouver. La foi est une béquille pour l’esprit. Nous ne sommes jamais que des singes avec des habits qui naviguons dans l’espace et inventons des concepts dans le seul but d’être d’accord ou de se battre dessus. C’est de la folie. Qu’est-ce qu’il y a d’autre ici ? A part l’illusion qui voudrait que l’homme soit intelligent et un être supérieur. Je suis désolé, ma vision n’est pas très réconfortante. Mais qu’est-ce qui serait plus rassurant que ça ?

What A life sonne comme un classique immédiat. C’est une chanson parfaite, belle et tristement romantique, emballée en deux minutes. Elle exprime à merveille la complexité de la vie avec des mots simples et une jolie mélodie. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Merci. C’est une chanson que j’avais en stock depuis des années mais j’ai toujours pensé qu’elle était un peu légère et pas forcément très pertinente. Stephen de Triassic Tusk Records l’adorait en revanche alors je l’ai enregistrée pour l’album. C’est effectivement une jolie chanson. Sa brièveté me semblait intéressante comparée à la longueur de la plupart des titres de cet album. Je ne suis pas sûr de savoir tout à fait de quoi elle parle. Du sentiment d’insécurité ?

De quoi êtes-vous le plus fier sur cet album ?

De la manière dont les mots même débridés et un peu fous se mêlent à la musique. Et aussi de la qualité avec laquelle les morceaux renvoient à mes émotions d’alors. J’essaie d’être énergique, rassurant le plus souvent, plus dans le rendu cinématographique parfois (avec Buzz) et de laisser les mots entraîner la chanson dans une sorte de bourbier. J’aime bien la façon dont le groupe sonne. Et tout cela est évidemment très positif. Avec l’âge, j’ai le sentiment que ce disque est peut-être ce que je serai en mesure de produire de mieux avant quelques années. Mais je ne m’en inquiète pas trop.

L’album ne contient que huit chansons. En avez-vous laissé beaucoup de côté pour un prochain disque ?
J’ai pas mal mis de côté oui. Mais je pense que seules 3 ou 4 chansons aboutiront vraiment à quelque chose. J’ai en reserve quelques chansons vraiment déprimantes qui ne valent même pas la peine d’être chantées et enregistrées. Elles ne véhiculent aucune forme de positivité et affecteraient probablement pour le pire l’état de celui qui les écouterait. Mais sait-on jamais, peut-être qu’avec quelques années de maturation, je pourrais les interpreter depuis une autre perspective et en tirer quelque chose.

« Je ne sais pas encore ce que je veux faire quand je serai grand »

Vous avez parfois évoqués des sujets politiques dans vos travaux solo. Vous parlez de l’état du monde. Pas tant que ça cette fois. Avez-vous des choses à dire à ce sujet, Theresa May, le Brexit, tout ça ?

Le Brexit c’est de la merde et rien de bon n’en sortira jamais. Le monde est en train de sombrer mais c’est probablement bien car de toute façon rien n’a vocation à rester stable. C’est ainsi que fonctionne le cycle de la nature. L’évolution passe par là mais nous ne changeons jamais. Tout ceci nous affecte bien sûr. J’ai tendance à voir la politique et les medias comme un jeu pour les enfants mais un jeu qui tue des gens et qui change la quantité de nourriture qu’on a sur la table. Tout cela est complètement débile mais à moins qu’on ne mette de côté les questions d’ego, la cupidité continuera de tuer des gens et de diminuer considérablement nos chances de survie en tant qu’espèce. Je suis persuadé que la planète s’en tirera mais que peut-être nous finirons par la rendre inhabitable pour l’homme. Oh, doux Jésus, je ne devrais jamais répondre à une interview avant 10 h du matin. J’ai besoin de sucre !

Est-ce que vous considérez comme une chance de pouvoir vivre de votre musique ?

Oui en un sens c’est une chance mais qui sait ? Peut-être est-ce que j’aurais été beaucoup plus heureux si je n’avais pas exercé une activité qui consiste pas mal à aviver mes blessures et à grater où ça fait mal. Je fais cela depuis 22 ans maintenant mais j’ai toujours la sensation que cela pourrait ne pas durer. Et ce n’est pas l’idéal pour les nerfs… Je ne sais toujours pas ce que je veux faire quand je serai grand.

Cela doit être étrange d’être passé d’Arab Strap qui était commercialement un groupe indé de premier plan à une situation où vous êtes redevenu une sorte d’outsider…

Je n’y pense pas. On se porte tous les deux plutôt bien. Et on s’est bien amusés.

A quoi ressemble votre vie ? Votre vie de tous les jours ? Je vous imagine en train de jouer de la guitare au coin du feu à la campagne, passant la soirée au pub ou avec des amis. Le bon vieux cliché sur l’Ecossais vu d’ici…

Ah, oui, assis dans mon manoir en train de jouer de la guitare. Mais non. Je vis dans un petit village de pêcheurs sur la côte Est de l’Ecosse. Je suis marié et j’ai un fils. Je coule des jours plutôt heureux la plupart du temps mais j’ai cette tendance à la dépression qui réapparaît de temps à autre. Je travaille là-dessus. Ces cinq dernières années ont été les meilleures de ma vie. Tout va pour le mieux. C’est parfait vraiment… trop parfait. 😉

Vous avez dit en interview que vous vous étiez mis au dessin récemment. C’est vous d’ailleurs qui signez la couverture de l’album. Vous avez continué de dessiner après avoir fait l’album ? Le sculpteur Ossip Zadkine a dit que « le dessin était le plus sûr moyen d’éloigner la dépression et les idées noires ». Vous êtes d’accord avec lui ?

Oui, complètement. Dessiner a ce pouvoir alors que jouer de la guitare donne plutôt l’impression de faire équipe ou d’être en compétition avec la dépression, d’essayer de la contenir. Je passe pas mal de temps à dessiner maintenant. Même si j’ai abandonné l’idée de le faire bien !

Peut-être avez-vous un dessin auprès de vous à l’instant-même. Vous pourriez le prendre en photo et nous le montrer ?

Je suis en tournée et je n’ai rien avec moi, désolé. Je vous enverrai cela plus tard.

Le moment où ça cause d’Arab Strap

Ça y est : c’est l’instant « je cherche un scoop sur Arab Strap ». C’est vous qui avez commencé à en parler dans une interview récente. Vous avez dit que Aidan Moffat et vous vous étiez remis à écrire ensemble. Comment ça se passe ?

Ça va bien, merci. On s’envoie des choses et il y a même un vent d’excitation autour de ça entre nous. On le fait vraiment pour nous-mêmes, sans nous mettre la pression, ni y placer d’attentes particulières. Je crois vraiment qu’on peut faire un bon album d’Arab Strap ensemble. Cela sera peut-être un peu plus sage qu’auparavant cependant.

Comment est-ce que vous travaillez ? Vous amenez des musiques et Aidan écrit les paroles et chante, ou est-ce que vous avez modifié votre manière de faire. Certains fans rêveraient de vous entendre chanter en duo… Comme les Libertines (!!!). Vous pensez que ce serait possible ou conforme à l’ADN d’Arab Strap ?

Je crois que la musique d’Arab Strap repose sur les textes et la voix d’Aidan et sur mon jeu de guitar.

Vous pouvez nous donner le titre d’une chanson sur laquelle vous avez travaillé récemment ? (même si c’est une reprise d’ACDC).

Je n’ai rien écrit depuis cet été. Mes nouvelles chansons s’appellent Keep Dumb, Die Dumb, Yours Sincerely, Bored in Anstruther et Umbilical Chord. C’est assez proche des chansons de Bananas. J’espère enregistrer rapidement et pouvoir sortir un autre album ramassé l’an prochain. J’aime bien les albums courts. (note : Anstruther est une petite ville d’Ecosse dans le comté de Fife.)

Qu’est-ce que vous écoutez comme musique en ce moment ? Il y a des disques ou des livres que vous recommanderiez pour Noël ?

Arg. Je ne sais pas, non. Je vais sans doute me procurer le nouvel album de Noël d’Aidan. Il y a vraiment trop de livres et de disques. J’essaie de m’en tenir à ce que j’ai.

Qu’est-ce que vous allez faire pour Noël justement ? Vous prenez des vacances ?

Je serai à la maison en famille. De longues promenades en bord de mer. Je vais jouer aux Lego. Nager. Nager me fait du bien aussi, comme dessiner.

Master Class Middleton : a (mostly) successful Scotsman…

Malcolm Middleton’s new album Bananas is probably his best solo work to date. It is both intimate, down-to-earth, universal and poetical. Through all 8 songs, Malcolm explores human condition, makes us laugh, cry and share his unique sple(e)netic state of mind. Bananas describes a 40-year old man going through a close examination of himself, depressive in some way but who has gain a clear and perfect (though troubled and uncertain!) consciousness of what his strengths and weaknesses are designed for.

For the first time with this wit and power, Middleton’s lyrics are exquisitely charged with self-deprecatory punchlines who could make any Morrissey fan or hip hop singer blush with envy. The music itself is as ambitious as it is crystal clear brilliant and surprisingly joyful. Those Bananas are exotically and radically the best musical edible food you can get on the (turn)table this Christmas.

The Falkirk bard exposes his wounds and hopeful manners to our kindly questions. He definitely is a hero of some sort and a… successful Scotsman (for what it’s worth).

(and yes, there is a bit of Arab Strap in it)

Bananas and Summer of 13 are very different sounding LPs. What did happen in between musically and personally?

Not much. Chased by the black dog a few times!

You are back to what is called « organic music, ie less electronic mostly. After Human Don’t Be Angry and Summer of 13, what has driven you back to this kind of music?

I love electronic music, it’s something you can easily do alone, and I live in a remote place. But this time I was aware that I’d written songs that worked on their own acoustically, and I wanted a live band feel, which is something I hadn’t done in a few years. It was good to let go this time and let some friends play along with the songs and add their own things. I’ll do electronic again, but it didn’t suit this album.

I still got the impression Summer of 13 did not get the attention it deserved (Note : we gave it 7,5/10). Were you disappointed by the reception of LP?

Thanks. Yes, I love this album, but most people didn’t really get it. Mainly because of the production, or some of the songs being a bit dense musically. But then again, it’s nice having a dip, so maybe now Bananas seems better by comparison… With Summer of 13 there was a lot of humour in the production, but I don’t think people realised this. I honestly thought that Steps was going to be a smash hit.

Considering what you’ve done before, people tend to expect depressive music with auto-depreciative lyricsfrom you. Bananas is quite different stuff. Music is… mostly inspiring joy and hope. There is quite a contrast between the lyrical content and the musical general mood. Was it a deliberate move?

A bit deliberate, yes, but I’ve been doing this since Into The Woods, I think. When I write depressing words with depressing music it doesn’t work. It’s a bit too heavy, with no light or artistic merit. So, the darker the lyrics, the lighter the tune, ideally!

How did you get the music and lyrics to this LP ?

These songs were written a bit differently in that for most of the songs the lyrics came first. Normally I do words and guitar together. I wrote Buzz, Love Is A Momentary Lapse in Self Loathing and Gut Feeling at the same time, probably late at night. Then I’d look at them while playing guitar, and try to squeeze melodies from the words. It seems to have worked, but it’s also why the songs are a bit long. I was more interested in trying to fit all the words in than trying to craft a pop song.

Song structure is more complex here than you ever done(except maybe on a few Arab Strap songs) : 8 minute song, 3 or 4 sequences on each song, mode changes, many ideas, etc. Did you try something new throughcomposing or did the songs come in that sort of tortuous mode?

Yes, the songs came like this, it wasn’t planned. It was more about conveying a clear expression of how I was feeling, rather than trying to write a decent song. I have pop conditioning hard-wired in my brain though, so that helped the outcome. And lyrically I’d spent a few years trying to bottle things up and move away from this type of lyric, but when I realised “fuck it, this is just what I do”, it freed me up to really say how I felt without worrying too much about what people think.

I’ve said complex but that’s probably not the good word. You let the songs develop in time, breathe, slow down and take life again. Let’s take Buzz Lightyear s Helmet. How do you come with that very song?

Yeah, it’s not complex and nothing clever or progressive is happening. Buzz was simply written as a series of paragraphs and then I gave each one a different feel. It is a bit long but I does capture the way I was feeling. It’s manic. I am proud of this song, but I guess it’s not for everyone. I have an imaginary audience inside my head of people who think like me. But they can be very critical at times!

https://www.youtube.com/watch?v=EyGuBM1ELf4

Why Buzz Lightyear ? Are you attached to this character by your kid?

Yes, it’s just what happened. I’d made my son a glorious set of Buzz Lightyear wings, then he left for nursery asking if I’d make a helmet too. It’s a bit of a joke, layering my own feelings of inadequacy and self-worth on top of a request like this. Like most of my songs, once I have the first line things tend to go off on a tangent, so the rest of the song is just about how I was feeling mentally. It’s just reporting what happened. It’s supposed to be a bit funny.

It seems you’ve tried to play with your depressive mood here. Each song has its definitive punchlines, its key sentences on life, « love is momentary…. », « being a successful Scotsman » etc. Does this ability to deal with words, to sum up complex ideas into a single sentence improve as time passes ? I didn’t have the impression you were so strikingly brilliant in the past !

Ha, maybe these songs are just better than my old ones! Or maybe I can express myself better. I do think that these songs manage to somehow capture how I was feeling at the time in a more direct way. Like I said above, it might be because I broke through a wall mentally. I’d been having a bad time but thought it was too bad to write about. Then writing about it helped, and even though some lyrics are too much for my friends and family, it was more important that I was honest about everything. No filter etc.

I was pretty sure to have head Man Up, Man Down when you were playing with Human don’t be Angry a few years ago. Am I wrong ?

Yes, you’re wrong. It’s new. I’m not sure what it could have been. “Dreamer”?

You seem more peaceful and full of philosophical distance in the way you live darkest moments. Does experience play a part in this through a “ you’ve been here before » mode maybe.

I’d call it resignation. You get used to the dark. But, there is a lot of light and good things in my life also. But I can’t write about them. I’m acutely aware that I just need a few weeks of therapy.

Do you find ageing curious or frightening ?

I don’t think about ageing really. I know more now than I did then though.

Lanark Alasdair GrayOn Salamander Grey, you repeat « pain in my heart… on and on » like a sacred mantra as if suffering could bring to a kind of spiritual elevation, another state of consciousness and serenity… Am I wrong?

Perhaps. It’s a nice idea. Salamander Gray is a reference to the book Lanark by Alasdair Gray. The pain in my heart line is just a way to describe my base-level feeling of mild-depression caused by past events that don’t ever seem to heal. Like I said, therapy might help here. 😉

What is the place of religion or grace or whatever you would call sacred things in Malcolm Middleton’s life and beliefs?

Hmm. My main stance would be the avoidance of beliefs and stories about things that can’t be proven. Faith is a crutch. We’re just monkeys in suits, spinning through space and making up concepts and then agreeing or fighting over them. It’s madness. But what else is there? It’s the illusion of human intelligence and superiority. Yeah, that’s not very comforting, but what is comfort exactly?

What a Life is to me an instant classic. It is beautiful, sadly romantic and a 2 minutes perfect song. It expresses life complexity with simple motives and words. Can you tell me more about this song ?

Thanks. I’ve had this one for years, but I always thought it was throwaway and meaningless. Stephen from Triassic Tusk Records really liked it though, so I recorded it here. It’s a nice tune and its shortness attracted me compared to most other songs on the LP. I’m not sure what it’s about. Insecurity?

“I still don’t know what I want to be when I grow up.”

What are you most proud of about this LP ?

I like the way the crazy words fit with the music and I’ve expressed the exact way I was feeling into a handful of songs. I try to keep it upbeat and comforting but occasionally go cinematic (Buzz) and let the tone of the words drag the song into the mire. I like the band, they sound great here. Which is all good, but with age comes the feeling that this may be the best album I’m able to do for a few years. But I won’t worry too much about that.

It is « only » 8 songs. Have you got many ideas and songs left for another LP?

I have lots of spare. But maybe only 3 or 4 that will make it. I have some really depressing songs that are just not worth singing or recording. They have no positive meaning and would probably make the listener feel worse, not better. But then again, maybe they just need a few years before they mature and I can sing them from a different perspective.

You’ve sometime dealt with more political stuffs on your solo stuff. You always say something about the world. Not that much this time. Answer if you will : have you got a few about today s politics, Theresa May, Brexit and stuff ?

Brexit is shite and nothing good will come of it. The world is falling apart, but this is a good thing as it’s not ever supposed to be in a fixed position. It’s all just a cycle of nature. It’s evolution but we don’t really like change.

It affects us all. I see politics and media as something of a child’s game, but one which kills people and can change the amount of food on our tables. It’s all nonsense, but until ego is side-stepped, greed will kill people and reduce humanity’s chance of survival. I believe the planet will be fine, but we may make it uninhabitable for ourselves. Jesus. I shouldn’t answer questions before 10 am! I need sugar.

Do you consider yourself lucky to be able to live from your music ?

I have been lucky, but who knows, maybe I’d have been much happier doing something that doesn’t scratch my wounds so much. And I’ve been doing this for 22 years always with the feeling that it won’t last. Which isn’t great for one’s nerves…

I still don’t know what I want to be when I grow up.

Must be a strange experience to come from Arab Strap who had become a « champions league indie band » and to become some kind of an outsider again with being Malcolm Middleton. Do you live it as a relief or dont you really care about this ?

I don’t think about it, we’re both doing ok. It was great fun.

What is Malcolm Middleton daily routine these days ? Where do you live ? What do you do with your time ? Well, i tend to imagine you playing guitar on your own in a big country house… evening at the pub silent or with a few friends… Scot mythology through french eyes…..

Ha, yeah, sitting about my mansion playing guitar. Not. I live in a small fishing village on the east coast of Scotland, married with a son. Very happy most days but still have a cloud, which I’m working on. The past 5 years of my life have been the best. Everything is perfect. Too perfect… 😉

You’ve said you’d discovered drawing rather recently. You’ve drawn the cover of the LP. Do you still draw or paint after the LP is done ? The Russian/French sculptor Ossip Zadkine said :
« drawing was the best way to keepaway depression and bad thoughts » Would you agree with him ? Is playing guitar another way to proceed ?

Yes I agree. Drawing keeps it away, whereas playing guitar is more like sparring with it, or trying to freeze it. I draw lots now. I’ve given up trying to be good at it though

Maybe you got a drawing or sketch besides you as you answer those questions.
Would you take a photo and show it to us?

On tour, don’t have anything here, sorry. I’ll see if I can send something later.

Arab Strap (no real) Scoop Section

That’s the Arab Strap scoop moment. Sorry but you are the one who have started talking about it in a recent interview ! You’ve said you and Aidan Moffat weretrying to write together again. How is it going?

It’s going well thanks. Meaning, we are sending stuff to each other and there is an air of excitement between us. We’re doing it for ourselves, so no pressure or expectations. I think we can make a good Arab Strap album. It might be a bit wiser though.

How do you work together these days ? Do you bringsome music and Aidan the words and singing or have youchanged things ? Fans have been dreaming of a song withyou two singing in duet… Libertines style !!! Could it bepossible or has Arab Strap a strict composing DNA?

I think Arab Strap is about Aidan’s words and voice and my guitar.

Can you give me a title of a song you’ve worked on recently ? (even if it is a cover of ACDC !!) Any hint about a writing direction ? Do you try to write as before or do you plan to do it differently because times are different…

I haven’t written anything since summer. New songs include “Keep Dumb, Die Dumb”, “Yours Sincerely, Bored In Anstruther” and “Umbilical Chord”. Quite similar to some Bananas songs. I’m hoping to record them quickly and do another short album next year. Short is good.

What kind of music do you listen to those days ? Any Lps or books suggestions for Christmas time ?

Urgh. Not sure. I’ll probably get Aidan’s new Christmas album. There are too many books and albums, I try not to keep up.

What will you do for Christmas ? Any holidays ? Mountains ? Any secret gig ?

At home with family. Long walks by the sea. Playing with Lego. Swimming. Swimming is good for my head, like drawing.

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