Maud Geffray 2 : Fallin’ to papillon de lumière

Maud GeffrayOn était d’abord pas convaincus par cette image du papillon enchaîné, métaphore d’apparence balourde d’une liberté refusée et présentée par une mise en images synthétique assez cheap. On ne vous dira pas si le papillon s’envole à la fin. Comment est-ce possible ? Et puis le morceau est venu, comme souvent chez Maud Geffray dont ce Fallin’ est le deuxième track éclaireur du (2ème) album solo, délicat, précis et hypnotique. Bien servi par le piano économe de Gael Rakotondrabe, la chanteuse construit un crescendo d’apparence anodine mais qui porte l’émotion à son sommet autour d’une inflexion presque imperceptible posée à mi-morceau. Les voix trafiquées (le chant de Geffray) et les textes aussi abstraits et universels qu’une composition romantique de Robert Smith, nous renvoient vite à nous-même.

Contrairement à la majorité des musiques électroniques qui poussent à l’extériorisation et à la sortie de son propre corps (à des fins d’abandon et de partage), les créations solo de Maud Geffray finissent toutes par exprimer une tristesse et une mélancolie telles qu’on entre vite en nous-même. Fallin’ se joue ainsi à l’intérieur de nous autour de cette falaise, de ce clip qui va et vient et évidemment du papillon artificiel qui pend au beau milieu. On ne sait pas (il faudra attendre ou pas l’exégèse de l’artiste) si le titre parle, comme il en a l’air, de la déception d’un amour à qui et pour qui on a tout donné, de la mort ou de l’abandon misérable et sacré à la plénitude du sentiment amoureux. Il y a dans cette chute quelque chose de vertigineux, d’épique que la fausse simplicité du morceau (la distance entre l’instrument et la voix, le jeu des mises à distance) renforce et sature d’enjeux individuels.

Fallin’ fait partie de ces morceaux qui vous accompagnent longtemps après la fin du track. Ils ne font pas sur la force d’un beat, voire même d’un refrain rentre-dedans. Comme dans une historiette de gosse ou un conte, on se demande juste ce qu’il y a après, ce qui va venir. Comment ça va finir. C’est cette interrogation, qui s’énonce quand le piano s’arrête et quand la voix s’éteint, qui fait de Fallin’ un petit bijou pop.

Lire aussi :
Maud Geffray / Ad Astra [Pan European Recording]

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