On a tellement aimé Orbital qu’on s’était peut-être montré un peu généreux la dernière fois qu’on a causé des frères Hartnoll pour la sortie de leur album Monsters Exist, disque qu’on aura au final assez peu écouté et surtout quasi jamais réécouté depuis. Entre temps, le groupe a participé à la bande son d’une série Netflix qu’on n’a pas vue (The Pentaverate) et remonté pour ses 30 ans une compilation de remixes de ses morceaux culte, intéressante mais qui évidemment ne donnait pas l’impression que le groupe allait de l’avant (30 Something).
Le nouvel album des Anglais, Optical Delusion, sort le 17 février et on attendait donc avec une vraie impatience d’en savoir plus, ce qui arrive avec la vraie surprise que constitue ce single, Dirty Rat, sur lequel les frères accueillent les Sleaford Mods et plus spécialement Jason Williamson puisqu’on imagine qu’Andrew Fearn a délégué son rôle aux hôtes du jour. Le résultat est plutôt conforme à ce qu’on pouvait s’attendre : un tapis électro dense et étouffant, des progressions caractéristiques du groupe, sur lesquels Williamson vient poser son spoken word/chant fracassé comme à la parade. Dirty Rat est séduisant et dansant, presque entraînant mais aussi un brin paresseux et prévisible.
On ne peut que saluer la charge frontale menée par le duo contre les Tories, à travers un texte incendiaire et culpabilisant :
People talk about the right way to live/ Shut up you don’t know what ya on about /
You voted for em, look at ya! You dirty rat /
People talk about the right way to live. / Shut up you don’t know what ya on about /
You voted for em, look at ya! You dirty rat./
Blaming everyone in the hospitals / Blaming everyone at the bottom of the English Channel Blaming everyone who doesn’t look like a fried animal.
C’est rentre-dedans et efficace à défaut d’être d’une subtilité incroyable mais on finit presque par s’enthousiasmer, malgré la force du refrain, comme s’il manquait au morceau un rebond ou un twist permettant de raviver l’intérêt après trois minutes. Ceux qui comme nous se sont lassés assez vite du style Sleaford Mods auront beau jeu de dire que c’est toujours la même chose et on imagine qui tiennent le même genre d’arguments pour Orbital. C’est vrai que la production des frères Hartnoll est devenue si caractéristique ces dernières décennies que le renouvellement se fait attendre. On pourra néanmoins, et très simplement, goûter ce joli retour engagé et plein de bonnes intentions de deux institutions en recherche de dynamique. Optical delusion assez bizarrement comprendra d’ailleurs un mélange de nouveaux morceaux collaboratifs (on attend ainsi des titres avec The Little Pest, Dina Ipavic, The Medieval Babees) et de variations sur d’anciens titres (Chime, notamment), ce qui peut laisser sceptique.
On peut se refaire un petit The Box pour se rappeler le groupe à son meilleur.