Quickly, Quickly : le prodige de Portland est-il le gars le plus cool du monde ?

Quickly, QuicklyL’album s’appelle The Long And Short Of It et sortira le 20 août chez Ghostly International. Cela pourrait être l’une des plus belles surprises de cette année 2021, tant le jeune homme qui se cache derrière le pseudonyme de Quickly, Quickly a su faire parler de lui et fédérer, depuis qu’il manœuvre en solitaire sur le net (débuts en 2017 à l’âge de 16 ans à peine), et a signé ses premiers morceaux. Graham Jonson (c’est son nom) est basé à Portland et issu d’une culture plutôt marquée hip-hop tendre et beatmaking, option je mélange les genres en dominante. On lui doit notamment un premier album 100% instrumental assez formidable, Paths, sorti en 2018 chez Urban Waves Records, qui est une assez bonne illustration de son profil transgenre. Le beatmaking de Jonson est en effet assis sur une belle base hip-hop, ambient, smooth, soul et Rnb à la J Dilla ou Madlib, mais aussi influencée par des sonorités plus pop ou jazz. Pour les profanes, cela ressemble à une BO de film un peu ralentie mais tout de même rythmée, qui détend le gland ou ce que vous voulez, les orteils et ouvre les horizons. La musique de Jonson est chaude, apaisante, bienveillante et plus complexe qu’elle en a l’air.

Avec ce deuxième album (techniquement le premier à bénéficier de telles ressources de production et de communication), Quickly Quickly change de braquet et se met aussi à chanter, orientant son hip/trip-hop vers un terrain plus pop, plus psychédélique qui offre encore plus de repères aux auditeurs blancs habitués à suivre les métissages soul d’un Portishead ou d’un Pressure Drop, mais aussi le rock onirique et psyché de groupes comme Mercury Rev ou l’énergie des Eels. Immanquablement (et au fil des titres qu’on a pas encore tous découverts), on pense aussi à une version poétique mais presque aussi brillante et nonchalante que le Beck de l’époque, évoluant comme un poisson dans l’eau entre les genres et les étiquettes.

Everything Is Different (To Me) n’a pas l’impact et la force d’un Loser mais évolue dans ce même territoire hybride, nonchalant et pétillant, que notre scientologue préféré. La production est suffisamment intéressante pour qu’on ait envie de se pencher plus longuement sur le cas et la musique de ce jeune homme désabusé et « bien de son temps ». A d’autres moments, on pensera à l’hybridation jazz-hop d’un King Krule avec lequel Jonson partage, outre la jeunesse, un même volonté de mêler modernité sonore, attitude post-adolescente un brin désespérée et traditions musicales. Tout ceci exprime (nouvelle génération oblige) un espace assez peu engagé et évanescent où on croise apathie, attitude slacker et en même temps un fond d’enthousiasme naïf pour la nature et l’amour. On vous aura prévenu : possible qu’on tienne ici un futur grand.

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