Nous évoquions il y a quelques jours avec la sortie du single de HF90 l’initiative du label brestois Music From The Masses de sortir tous les vendredis confinés un single club afin de permettre à qui le peut de soutenir le label en cette période de vaches maigres qui ne va quand même pas foutre en l’air en quelques semaines plusieurs années d’efforts et de sacrifices pour monter ce double projet de label et disquaire (Bad Seeds, toujours à Brest). Les deux gaillards, jamais à court de ressources promettaient des surprises. En voici une belle.
Le nom de Sébastien Roué parlera sans doute aux plus anciens qui, au tournant du siècle, ont pu s’enticher des douces mélopées d’Osaka, auteur de deux albums sur Roisin et Diesel Combustible et d’une poignée de singles disséminée comme il se doit sur les plus intéressants labels de l’époque. Ils auront suivi ensuite ses aventures solo sous le nom de Kobé (un album sur Diesel Combustible) puis Quitter Kobé (un autre sur Ocean Music suivi d’une pléthore d’auto-productions disponibles sur son Bandcamp). Si Sébastien Roué est derrière le projet This One Tree, non seulement il en partage la vedette avec la chanteuse Valérie Marrec avec laquelle il avait déjà collaboré sur ses précédents projets mais il se met en retrait pour mettre en valeur la voix et les textes. Retournés par la lecture d’un recueil des œuvres d’Emily Dickinson, considérée à ce jour (ce ne fut pas toujours le cas) comme l’une des plus grandes poétesses de la littérature américaine, le duo s’est mis d’une façon assez naturelle, intuitive, à poser sa musique sur des mélodies qui semblaient venir d’elles-mêmes.
Fortement inspirées des travaux d’un Vini Reilly (The Durutti Column, référence assumée), la guitare ascète, tout en arpèges d’une grande pureté crée un écrin d’une somptueuse simplicité pour la voix terriblement attachante, douée d’un beau grain, à la fois fragile et assurée. Ces trois titres d’une grande beauté rendent un hommage parfait à celle qui fut, ironie du temps qui s’écoule puis se répète, une artiste qui vécut recluse plus de la moitié de sa vie dans sa demeure de Nouvelle Angleterre.
This One Tree l’avoue : ces trois titres sont en réalité extraits d’une œuvre bien plus large que l’on verrait bien publiée un jour, quand tout ceci ne sera plus qu’un lointain souvenir.