Auteur avec Generation Y de l’un de nos albums préférés de l’année, Jimmy Polioudis aka Vagina Lips est notre découverte indiscutable en 2018. Enfant de The Smiths, de The Cure et de la pop synthétique et shoegaze de la fin des années 80, Vagina Lips a sorti avec cet album l’un des disques les plus justes et précieux sur l’adolescence, la jeunesse et la mélancolie qu’on ait écouté depuis dix ans. Originaire d’un petit bled près de Thessalonique (Grèce), l’homme seul qui se cache derrière ces magnifiques chansons est une figure underground locale dont l’importance méritera d’être confirmée l’an prochain. Pour l’heure, on le tient pour le plus chouette truc arrivé aux musiques qu’on aime depuis que Talitres a déniché Motorama. Ces précédents albums, disponibles sur Bandcamp, et notamment l’impeccable Lust For Trash, en témoignent : ce type est l’un des derniers trucs en Grèce que Bruxelles et le FMI n’ont pas revendu.
Photo : promo Inner Ear Records.
Un petit mot de présentation peut-être ? Vous vous appelez Dimitris/Jimmy Polioudis. Vous êtes grec et vivez à Thessalonique. Qu’est-ce que vous pouvez me dire d’autre sur vous ?
Je suis né au début des années 80 dans une famille de la classe moyenne. J’habite dans un village qui s’appelle Gainnitsa situé à une cinquantaine de kilomètres de Thessalonique.
Vous avez joué avec des groupes qu’on ne connaît pas ici comme Kid Galax, Valley of Love. Dans certains articles, on vous décrit comme « une figure culte » dans votre ville. Comment êtes-vous venu à la musique ?
Depuis mes premières années d’adolescence, je fais de la musique, je forme et évolue dans des groupes, etc, etc. Ca a toujours été un phénomène naturel. Il y a dix ans, j’ai franchi pour la première fois la porte d’un studio professionnel pour enregistrer mes propres chansons et les charger sur le compte que j’avais créé alors sur… myspace.
Est-ce que vous pouvez nous décrire votre univers musical ? Ce que vous écoutez, vos influences ?
A la maison, j’ai été exposé pas mal à la musique qu’écoutait mon frère aîné sur cassettes : Depeche Mode, Reo Speedwagon, The Smiths, Public Enemy, Niggers With Attitude, Michael Jackson, Tracy Chapman et bien d’autres. J’ai eu pas mal de problèmes durant mon adolescence et ajoutez à cela l’ennui et la vie terne qui se dégage de notre petite ville : j’ai rapidement éprouvé le besoin de me réfugier dans la musique et dans l’écriture de chansons. C’est devenu mon activité solitaire principale et ça l’est resté, comme une forme de thérapie efficace pour déjouer tout cela.
Vous arrivez à vivre en tant que musicien ou est-ce que vous travaillez par ailleurs ?
Vous voulez rire ? Vivre de sa musique en Grèce, c’est une blague. Je crois qu’à peu près tous les musiciens du pays sont obligés de prendre un boulot d’une certaine façon.
Ça ressemble à quoi la vie culturelle à Thessalonique ? J’ai toujours un peu de mal à imaginer qu’on devienne aussi triste… en habitant en Grèce. Aimer Cure et Depeche Mode en étant à Manchester ok, mais au soleil ?
Au contraire, comparée à d’autres villes de Grèce, Thessalonique est réputée pour être une ville propice à la mélancolie. C’est peut-être bien dû à la combinaison de la mer, de l’humidité, du port et à la présence d’une population multiculturelle. Thessalonique est une ville qui se prête au lyrisme et à l’épanchement…
J’ai écouté à peu près tout ce que vous avez fait sous le nom de Vagina Lips ces trois dernières années et je crois qu’avec Generation Y, vous avez touché particulièrement juste. C’est votre travail le plus précis, le plus dense et une forme de réussite complète par rapport à ce que vous sembliez poursuivre. C’est quelque chose que vous ressentez aussi ?
En termes de production, je suis très satisfait de l’album. En ce qui concerne l’écriture des chansons, c’est beaucoup plus difficile. Je ne peux pas juger de ça.
Revenons un instant sur votre nom. Vagina Lips. Ca vient d’où ? Vous regrettez parfois d’avoir choisi ce nom-là ?
C’est venu d’une intention purement commerciale. Un nom de groupe qui attire l’attention, qui choque un peu et qui est… facile à retenir. Non, je ne regrette pas spécialement de m’être arrêté là-dessus. C’est juste un nom et évidemment pas l’essence même de ce que j’essaie de communiquer à travers ma musique !
Votre groupe était à l’origine un duo. Qu’est-ce qui s’est passé avec l’autre gars ? Vous avez aujourd’hui un groupe permanent qui vous accompagne sur scène ?
L’autre membre du groupe s’appelle Konstantinos Iosifidis et il est toujours mon collaborateur sur l’enregistrement et la production des morceaux. En live, je joue de la guitare et je chante en m’aidant avec des bandes pour une partie de l’accompagnement. Idéalement, il me faudrait 4 ou 5 musiciens pour former un vrai groupe et exécuter la musique comme j’aimerais la jouer mais la réalité rend cela difficile. Qu’on le veuille ou non, je suis tout seul !
Comment avez-vous signé sur le label Inner Ear Records ? Est-ce que c’était votre première production physique qui franchit vraiment les frontières ?
Ce sont eux qui m’ont approché après la mise en ligne de mon album Athanasia sur bandcamp et ils m’ont proposé de sortir mon prochain album en vinyle. Et depuis, on travaille ensemble.
Etait-ce important pour vous de gagner une audience nouvelle ? Quelles sont vos ambitions ?
Oh, comme je le disais, écrire des chansons est un processus totalement solitaire et je ne suis pas certain de comprendre vraiment quel avantage pourrait représenter pour moi le fait d’avoir une plus grande audience…. Mais je dois reconnaître aussi que cela a toujours été mon rêve d’avoir une fois la chance de rencontrer plus d’écho.
Comment définiriez-vous Generation Y ? Est-ce qu’il y avait un plan derrière ce disque ?
Pour moi, Generation Y est un collage sonore auto-référencé. Et non, il n’y avait pas de plan pré-conçu ou d’intention. C’est venu ainsi. Je ne fais jamais de projection ou de plan lorsque je réalise un album.
Est-ce que vous avez travaillé différemment sur ce disque que sur vos productions précédentes ? Le résultat est assez impressionnant. Les 4 ou 5 premières chansons sont époustouflantes et puis ça recommence avec 80’s Teen Movie et jusqu’à la fin. Comment avez-vous abouti à une telle sélection de titres ?
J’ai composé Generation Y selon ma manière de faire habituelle. Je n’ai rien changé pour cet album. Je vous remercie vraiment de votre appréciation. Pour le reste, je ne sais pas. Je ne suis pas en mesure de vous dire vraiment d’où cela vient mais si vous êtes parvenu à saisir une unité ou une veine d’inspiration qui relie les titres les uns aux autres, hé bien, c’est que vous devez avoir raison !
Il me semble que le disque parle d’être jeune, de ce que ça fait qu’être ado. Et vous saisissez à la perfection ce moment d’indécision et en même temps d’affirmation de soi. Est-ce que l’adolescence a été un moment déterminant pour vous ? Vous étiez quel genre d’ado ?
Oui, bien sûr que ça a été une période clé. Encore plus que mon enfance, car mon adolescence a été marquée par un choc immense, le traumatisme causé par la mort soudaine de mon père qui a changé la façon dont j’envisageais la vie. Depuis cette époque, je suis quelqu’un qui connaît des hauts et des bas, parfois dans l’extrême. Il y a des forces contraires et duales que je ne contrôle et qui conduisent ma vie sociale et ma vie privée.
Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cette période ? Les années 80-90 ? Vous étiez timide ? Bon élève ? Quelles étaient les relations avec votre entourage ? Est-ce que vous étiez un gamin heureux ?
Non, je ne dirais pas que j’ai été un ado heureux, même si j’ai eu mes bons moments, des moments de bonheur. J’avais une relation plutôt tumultueuse avec ma famille et tout mon environnement. Si je suis sincère, je dois avouer que je suis un individu foncièrement solitaire et antisocial depuis cette époque. Et je dois admettre que la situation n’a pas beaucoup changé jusqu’à aujourd’hui.
Il y a une indécision sexuelle comme chez The Smiths dans tes textes. Le point de vue que tu adoptes pourrais être aussi bien masculin que féminin. C’est quelque chose que tu cherches à exprimer : le fait que l’adolescence conduit à un dépassement du genre, se situe au-delà du sexe ?
La question du genre est neutre et vraiment sans rapport avec ce que j’écris. Chacun doit et peut s’identifier aux thèmes majeurs sur lesquels j’essaie d’exprimer quelque chose à travers mes chansons, peu importe son sexe.
Vous n’êtes pas obligé de répondre mais quelle est votre situation personnelle actuellement ? Vous vivez en famille, en couple ?
Je vis avec mes deux chiens, Frankie et Haroula.
Boy June est probablement la chanson la plus marquante ici, parmi les autres je le redis. On a du mal à imaginer qu’il n’y ait pas un personnage réel derrière tout ça, un vrai garçon ? Est-ce que vous vous souvenez de lui ?
Bien que la chanson repose en effet sur une expérience personnelle, le personnage que j’évoque est bien imaginaire.
Nous avons tous ce genre de souvenirs. Un enfant qui déboule de nulle part et qui très vite prend une grande place dans notre vie… avant de disparaître soudainement. Generation Y parle de sentiments universelles et de situations qui auraient très bien pu se produire en 1980 comme en 2000. Est-ce que les ados d’aujourd’hui sont différents de ceux d’hier ?
Ce que j’essaie d’exprimer est universel. L’adolescence est une période compliquée et souvent difficile dans la vie de chacun, et cela vaut à toutes les époques, et sans distinction de sexe.
L’adolescence est aussi l’âge de la mélancolie. C’est ce qui rend votre musique si précieuse. Et ça nous rappelle des souvenirs : les guitares, la reverb, les Cure… Vous êtes mélancolique ?
Je dirais de moi que je suis très sensible.
Quelles étaient vos références musicales au moment de l’écriture de ces chansons ? Vous aviez des références précises ?
Oui, j’ai écrit Generation Y à un moment où j’écoutais beaucoup de groupes comme Sonic Youth, Stereolab, Car Seat Head Rest. Ce genre de groupes.
Vous êtes très prolifique. Comment est-ce que vous écrivez ? Et dans quel ordre ?
Oui, je suppose qu’on peut dire que j’écris beaucoup et facilement. Pour moi, la musique vient toujours en premier, la mélodie et ensuite les textes.
Votre voix est très différente d’un morceau à l’autre. Vous aimez jouer avec les effets : plus basse sur This Is A Good Life, plus pop et aigu, sur les chansons de la fin.
J’essaie toujours d’utiliser ma voix comme un instrument supplémentaire. C’est pour cette raison que j’expérimente beaucoup sur son traitement, sur la manière de la faire sonner et de lui donner des couleurs.
Le son des guitares est lui aussi très travaillé avec des effets et des reverbs. C’est quelque chose que vous avez défini ou qui relève du traitement qui a été fait ensuite en studio ?
C’est vraiment le résultat du travail conjoint qu’on mène en studio avec Konstantinos. Je crois que l’association de nos sensibilités fonctionne parfaitement.
Vous aimez faire des reprises. Cela vous aide-t-il à définir votre propre voie ou est-ce juste pour vous amuser ?
Principalement parce que c’est amusant. J’ai un paquet de reprises que j’ai faites ou que j’ai en tête et que je n’ai pas encore enregistrées.
80’s Teen Movie nous renvoie à des souvenirs d’ado plutôt cools. C’était quoi vos films préférées de ces années- là ?
Mes films pour ados préférés des années 80 sont Can’t Buy Me Love, Breakfast Club, E.T, Weekend at bernie’s, Teen Wolf et la revanche des Nerdz…..
Votre musique est très cinématographique. En vous écoutant, on imagine aisément les situations, les endroits sans que vous ayez besoin de textes très compliqués. Est-ce que vous considérez cette capacité de suggestion comme une vraie source de satisfaction : permettre aux gens de comprendre sans avoir à être insistant ou à entrer trop dans le détail ?
Oui, c’est important. Je conçois la musique de cette façon. Elle doit parler instantanément aux gens.
Vous pourriez faire autre chose que chanter ?
J’écris et je fais de la photo aussi.
Generation Y n’est pas à proprement parler un album politique mais vous évoluez dans un monde parallèle, rêvé presque qui n’est pas sans signifier quelque chose sur la réalité. Comment vous vous situez par rapport à ces questions politiques ? Il y a de l’espoir pour la jeunesse ?
Je ne suis pas certain que ce qu’on nous raconte dans les médias soit aussi signifiant et veuille vraiment dire quelque chose quand on regarde ce qui se passe en vrai. Je considère que ce que je fais est de l’ordre du politique même si mes moyens d’expression sont de l’ordre du rêve ou de la poésie. Le futur est sombre. Tout le monde en Grèce est placé sous une pression extrême qui conduit à des états dépressifs. Le présent tel qu’on le vit est dévastateur. Je ne suis clairement pas optimiste à notre sujet. Rien ne l’est. Et l’espoir est mon seul refuge.
Vous avez des plans pour tourner à l’étranger ?
Oui. J’espère que 2019 sera l’année où je donnerai quelques concerts en dehors de nos frontières.
A quoi va ressembler Noël pour vous ?
J’espère qu’il sera le plus paisible et agréable possible.
Qu’est-ce que vous aimeriez trouver en dessous du sapin ?
Dans l’instant, un chèque de dix millions d’euros me ferait le plus grand plaisir !
2019 ?
Des concerts, d’autres disques. Bonne année à tout le monde.
Talking with Vagina Lips : best new one man band of 2018 is a sensible guy
With his LP Generation Y, Jimmy Polioudis aka Vagina Lips gave us our favorite album of the year. His music sounds familiar to our ears, coming from a (teen) age when The Smiths, The Cure and others were discussing shoegaze and guitar reverbs on a Grecian shore. Generation Y is one of the most precious LPs we’ve heard for a decade about youth, melancholy and love, which says it all. Generation Y is the beating heart of modern indie rock and it comes from a lonesome guy in Thessaloniki, not that far from Macedonia. Jimmy Polioudis is said to be a local underground personality which has been given a new international echo as he has joined Inner Ear Records label. On bandcamp, you can judge his talent through amazing previous Eps and LPs, among whom the fantastic Lust For Trash. This guy could be the best thing who did happen to indie rock since (re)discovered Motorama a few years ago. He definitely is the most precious Grecian wonder Brussels and the IMF havent put the grab on since they decided to save and sack the country. Vagina Lips is all ours for a long interview.
Maybe a short introduction about yourself. Your name is Dimitris/Jimmy Polioudis. You are from Thessaloniki. What else would you say about you ? (age, social origins, …)
I was born in the early eighties in a middle class family. My hometown is called Gainnitsa about 50km from Thessaloniki.
You’ve been in a lot of bands we dont know much from here such as Kid Galax, Valley of Love. I’ve read an online interview in which you are described as a « cult figure » in your hometown. We’ve discovered you with the Generation Y and early singles in 2017 but you’ve been in the music business for a few years. How did you step in?
Since my early teenage years I’ve been involved in music, forming bands etc etc as a natural process. Ten years ago I recorded my own songs for the first time at a professional studio and I uploaded them on the account I used to have on myspace.
Could you describe us your musical universe ? How you did grow to music ? Your cultural « influences » etc.
At home I used to listen to my older brother’s tapes which featured artists such as DEPECHE MODE, REO SPEEDWAGON, THE SMITHS, PUBLIC ENEMY, NWA, MICHAEL JACKSON, TRACY CHAPMAN and others. My adolescence was rather problematic plus the dull lifestyle of my hometown urged me to find refuge in writing my own songs mostly a solitary pastime which was and still is a very therapeutic process.
Do you have to work for a living or are you able to being a musician full time ?
In Greece, earning a living as a musician is a killing joke. Almost every musician has to do a more or less conventional job.
How is cultural life in Thessaloniki ? I mean how do you come to grow as a Depeche Mode or Cure fan there. I am myself from a Northern city, rainy, cold days. We, Northerners, always find it difficult to imagine someone being sad and melancholic in the sun !
On the contrary, Thessaloniki in comparison to other Greek cities is considered to be an exceptionally melancholic place, maybe due to the combination of the sea, humidity, its harbor and the multicultured population, a most lyrical place indeed.
I’ve listened to all of what you’ve done with Vagina Lips those last 3 years. It seems to me there is really something special with Generation Y. It is more focused and sounds like the perfect achievement of what you’ve been trying to do for a few years. Do you agree ?
As regards the production I’m satisfied but when it comes to the songwriting I can’t really tell.
Let’s come back to the name of the band of course ! Where does it come from ? Vagina Lips… Do you sometimes regret this name ?!
It started as a commercial thing in order to be catchy, provocative and easy to remember. I can’t say I regret it, it’s just a name not the essence of what I’m trying to communicate by my music.
You’ve started this band into a duo form and you are leading this alone now. Where is the other guy ? Have you got a permanent band you play with for gigs ?
The other guy, Konstantinos Iosifidis is still a collaborator at the production process. At the live gigs I play the guitar and sing over the pre-recorded parts of my music. Ideally I would have needed 4 to 5 extra musicians to form the band I have in mind but reality is harsh. So, whether you like it or not I’m all by myself.
How did you get in touch with Inner Ear Records ? Was it your first « international » physical release ?
Well they approached me when my ATHANASIA album was released on bandcamp and they offered the vinyl release of this work. Since then we work together.
You are from the underground scene and there are often ambiguities in this case about finding a certain echo in the press or whatever….Are you interested in being successful or famous ?
The vanity of this process, I guess, is the key phrase that sums up all answers to your questions. Yet, as I’ve said before songwriting is a totally solitary process and I’m not sure I fully comprehend the true benefits of being exposed to wider audiences… However, I have to admit that it has always been my dream to be offered a chance like this.
How would you describe Generation Y ? What does it refer to ? What was the plan for the LP ?
I would describe GENERATION Y as a self-referential sonic collage. I never have any beforehand specific plans when I make an album, it all evolves naturally.
Did you work with the same persons as usual for this LP or was there anything new for you in terms, for example, of production ?
The same process as always.
The LP is really amazing. The 4 or 5 first songs come as a shock and then… it goes on with 80’s Teen Movie until it is over. How did you get with this collection of songs ? Did you write them from the same vein of inspiration ?
First of all thank you. To tell you the truth i can’t really define where inspiration comes from but since you detected a common source I guess you are right.
The LP deals with being young, being a teenager. You describe this moment of both indecision and trying to become someone perfectly. Is that a defining period for you ?
Of course it was a defining period for me even more than childhood because it was marked by a traumatic incident, the sudden death of my father which changed my life perspective. I was and still am really moody, sometimes to extremes and I think conflicting forces which I’m not in control run my social and private life.
Can you tell about those times ? The 80-90s maybe ? Were you an outsider ? What were the relation to your parents, brothers and sisters ? Were you a happy young boy ?
I can’t describe myself as a happy teenager although there were certainly happy times with a pretty turbulent relationship with family and social surroundings. In short, I reflect myself as antisocial and solitary and I guess nothing much has changed since then.
There is a Smithlike sexual indecision in your lyrics. I mean your singing point could sexually be from a male or female point of view. Is it something you wanted to express ? Teenage is oversexual but also gender indifference ?
I think gender is irrelevant to my songwriting, anyone can identify to the major themes that I’m trying to express through my work.
You can skip the question of course as it is private. What’s your personal life at the moment ? Do you live with someone, he or she, have a family or whatever ?
I live with my 2 dogs, Frankie and Haroula.
Boy June is probably the most striking song here. (one among many, let’s say it). We cant imagine it is not part of a real story…. Has this boy existed ? Can you tell us about what you remember about him ?
Although it is based on personal experience, the character is fictional.
What’s great is we all have this kind of school memory ? A kid who came from nowhere, the place he took and the way he disappears from our life. Generation Y talks about universal feelings and positions as if it could be about a generation grown in the 80s as well as in the 2000s…
The feelings that I’m dealing with are universal. Adolescence is a harsh period in one’s life, regardless gender and time.
Teenage is also the age of melancholy. That’s what makes your music really precious. It rings a bell for us of course : guitars, reverbs, Cure like accents….. Would you describe yourself as a melancholic guy ?
I would describe myself as a guy with sensitivities.
What were your musical references when writing those songs ? Did you have something precise in mind ? A sound reference ?
Yes this was a period that I was listening a lot to bands like SONIC YOUTH, STEREOLAB, CARSEAT HEADREST and others of similar genres.
How do you write songs ? How do they come to you ? Do you compose on the guitar ? Music first ? Lyrics ? You seem to be very prolific. Is it always the case ?
Yes, I’m very prolific I guess. For me music comes first and then melody and lyrics.
Your voice sounds quite different from one song to another. It sounds lower on This Is A Good Life for example than on the songs of the end where it is more poppy and soft.
I always try to use my voice as an extra instrument, that’s why I experiment heavily on its shades and tones.
Guitar sounds are amazing here from effects, to reverbs. Is it something you care for yourself or was it something who did get from studio work maybe with a producer or someone ?
It’s a combination of Konstantinos and I working together, while it seems that our aesthetics match well.
You like covering others’ songs and did a few really good ones. Is it something which help you finding your own style or is it just for fun ? It’s pretty much for fun and there are plenty of covers that I’ve done but haven’t recorded yet.
80’s Teen Movie brings back wonderful memories too. What can you tell us about 80s Teen Movies ? What are your favorites movies of the time ?
Well, i guess my favourite 80’s teen movies are CANT’ BUY ME LOVE, BREAKFAST CLUB, E.T, WEEKEND AT BERNIE’S, TEEN WOLF, REVENGE OF THE NERDZ…
Your music and the way you write are quite cinematographic. We can see images as you sing, situations, places, even if you use few words. Would you consider it an achievement : make people see what you mean without having the need to overdescribe it ?
Of course I consider it as an achievement and I think that’s what music should do to people.
As an artist, could you do something else than music ? Writing, painting or whatever ?
I’m into writing and photography mostly.
Generation Y is not that much into politics though you describe a kind of dreamy state which could be said political in a way. What’s your point about the future of the country ? Is there any hope for the youngsters ? How do you see it ?
I am not sure what we’ve been told by the media here means that much on the ground side. I consider my work political although my means of expression may be lyrical and dreamy. The future surely seems gloomy, everyone in my country undergoes extreme pressure which leads to depressing states of being and the present is quite devastating. I ‘m definitely not optimistic about the future, nobody is really. Hope is my last refuge.
I dont want to be too long and keep a few questions for another occasion. Are there any plans for European gigs ?
Yes I hope 2019 will be the year that I will finally do some gigs abroad.
Can you tell us about the coming Christmas ? What will it be like for you ?
As easygoing as possible, I hope.
What would you like to be put under your own Christmas tree (gifts) ?
I guess a ten million euro cheque would be great!
What can we wish for next year ? Any scoop about new music to come ? Plans ?
As I’ve said before 2019 plans include some gigs and some more releases, too. Happy new year and thank you…