Après avoir propulsé la musique des ukrainiens Motorama et nous avoir fait permis de situer l’Estonie sur la carte de l’International Pop avec Ewert And The Two Dragons, le label bordelais Talitres continue son exploration des contrées méconnues du grand Est en signant Eko & Vinda Folio en provenance de Tbilissi en Georgie (l’ex-Etat soviétique, pas l’un des berceaux du rock US dont la seule ville d’Athens alimente une part non négligeable de la production pop-rock-à-guitare mondiale).
Mais à l’heure de la mondialisation, la carte d’identité des artistes importe de moins en moins… Sauf qu’en l’occurrence, Erekle Deisadze voulant être entendu par ses proches a opté pour des paroles en géorgien. Autant vous dire qu’on n’y panne que dalle – et à l’écrit ce n’est pas mieux -, mais cela contribue à conférer un charme supplémentaire à ses deux chansons rachitiques disponibles sur un joli single 7″. Son compère Temo Ezugbaia qui tient la guitare (et si on y ajoute une boite à rythme et quelques accords synthétiques, on tient l’intégralité du spectre instrumental du groupe) lui répond en contre-chant sur Shen Anateb qui recycle, comme chez Motorama, la culture post-punk britannique des 80’s pour la transformer en pop anorak (= le catalogue Postcard Records + certains groupes Sarah Records… ce qui devrait donc satisfaire à coup sûr les fans de The Wake).
Agurit Khelshi, en face B, dévoile un côté gothique en troquant la guitare jangly pour un synthé sépulcral – voilà qui devrait causer aussi aux aficionados du côté sombre de Factory Records, genre Crispy Ambulance, pour les plus pointus, et autre Cabaret Voltaire, pour les plus notables.
Bref, rien de neuf, mais, c’est de côté-là que se lève le soleil et que deux type en provenance du Caucase (cet ailleurs si loin, si près) produisent une telle musique en 2016 reste assez fascinant.