On se dit parfois que cela n’a pas l’air si difficile à faire. Qu’il suffit de trouver le bon beat, le bon tempo et qu’ensuite, avec l’aide de quelques machines, cela déroule tout seul. Chaque nouveau morceau du Kid Loco vient nous rappeler que réussir, presque à chaque fois, à trouver le juste équilibre entre le tempo et le ton, entre le beat et le contre-beat relève du grand art. Ni trop vite, ni trop lent, ni trop fort, ni trop mou. Où est-ce qu’il faut tomber pour (ne pas) rebondir ? La grâce est une science qu’une micro-seconde d’écart suffit à faire passer pour de la vulgarité ou un air sans ressort. Il faut résister à la tentation d’en mettre trop et à celle de ne pas en faire assez. Le Bellevillois est un maître du dosage qui se goure rarement.
Playing with the Big Boys, le nouvel extrait de son album à paraître en novembre, Concrete Islands, Lies & Vanités, est gentiment savoureux et ce d’autant plus qu’il accueille le chanteur voyageur Mark Mulholland au chant. L’Ecossais navigue toujours entre folk, pop et jazz avec une facilité et une décontraction déconcertantes. Son timbre est unique et il n’y avait pas meilleur compagnon pour servir la coolitude balancée du Kid. Mulholland rentre dans son texte en forme de leçon pour adultes avec une vraie facilité :
Digging ever deeper on the graveyard shift /
Sliding even further on a continental drift/
You reap what you sow, so watch out with that plough /
Be careful what you wish for, you’re playing with the big boys now
Faisant sonner la mise en garde (« tu joues maintenant dans la cour des grands »/ tu as affaire à des durs) avec le naturel d’un Parrain de la Mafia ombrageux, à la voix douce et qui n’en rajoute pas. La production est au poil et le clip réalisé par Patrick Malaquis, avec devant la caméra, les Tequila Paf Sisters (sans doute un… nom d’emprunt), un beau moment de cinéma qui fait penser à du Paul Vecchiali pour son réalisme Nouvelle Vague. C’est beau, intrigant et ça sonne bien. Que demander de plus ? L’album bien sûr.
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