On aura du mal cette année à éviter que son magnifique The Beast and The Beauty ne figure dans le top albums de l’année, tant il y a, dans ce nouvel disque de Scalper, de belles, déchirantes et grandes choses. Fabriqué dans une période de trouble personnel pour une période de trouble mondial, ce LP est à l’image de ce qu’on aime chez cet artiste shamanique sans équivalent, tordu et profond, empli de spiritualité et en même temps de bon sens terre à terre. Scalper a puisé au fond de lui la force de secouer ce qui aurait pu à la longue relever dans son art de la formule ou de la redite. Il déploie ici une variété de sons, d’approches, de techniques de chant, qui non seulement vivifie son hip-hop mais en accroît la portée et l’impact. The Beast and The Beauty est beau et sombre comme un conte pour enfants.
Photo : Stéphane Duarte.
De la Belle et la Bête, il avoue n’avoir pas vu le chef d’œuvre de Cocteau que l’on connaît bien chez nous. Son disque a hérité de la justesse et de l’intensité du film. Ce n’est pas un petit compliment.
Parlons de la crise actuelle. Comment ça se présente en Nouvelle Zélande ?
La crise Covid 19 est gérée ici en Nouvelle Zélande comme partout sur la planète. Pour moi, ça va et le pays est revenu à une situation proche de la normalité. Mais l’économie a été très affectée. Des petits commerces ont fermé, des gens ont perdu leur boulot, leur salaire dans de nombreux secteurs d’activité.
Est-ce que vous avez hésité à sortir The Beast and the Beauty en raison des conditions de réception un peu particulières ? Certains artistes ont retardé leurs parutions. Qu’est-ce qui vous a décidé à lancer l’album sur bandcamp ?
L’album était prêt mais je ne l’ai pas sorti tout de suite pour des raisons personnelles. Je me suis décidé en septembre : se fixer un échéancier, un calendrier auquel se tenir m’aiderait à agir au quotidien et à dépasser la situation d’anxiété et de dépression que je traversais depuis le décès de ma mère en 2018. C’est ce que je me suis dit. J’ai senti que c’était le bon moment de sortir ce disque et en même temps de me dégager de la fréquence sur laquelle je m’étais réglé depuis. La musique est pour moi une thérapie. Je ne la produis pas, je ne la sors pas en fonction des conditions de réception mais plutôt du moment où je me sens prêt, ou je crois que le temps et l’espace y sont favorables. Sur bandcamp, tout simplement parce que c’est pour moi le bon endroit pour publier mon travail. Ils paient les artistes au regard de ce que l’on vend vraiment, contrairement à d’autres plateformes qui paient des mois et des mois après les ventes et touchent des intérêts pour ça. Sur ces plateformes évidemment, ces intérêts ne vont jamais dans la poche des artistes. Le disque sera aussi disponible en CD dans une édition limitée au tout début de l’année 2021.
Parlons musique. Le titre est La bête et a Belle. Le précédent album se nommait les Habits Neufs de l’Empereur. Est-ce important pour vous de vous référer aux contes de fées et aux mythes ?
J’ai toujours aimé ces histoires quand j’étais enfant. Leur énergie s’est toujours infiltrée dans mes titres et mes paroles. Le titre cette fois m’est venu à mi-chemin quand je préparais l’album et j’ai trouvé qu’il définissait assez bien ce que je raconte ici.
Sur le disque, vous avez interverti la bête et la belle. Qu’est-ce que cela signifie ?
Peut-être que je suis la bête et que le Monde est la Beauté ? Ou peut-être est-ce que le Monde est la Bête et moi la Beauté ? C’est une métaphore de la dualité des expériences de vie que rencontrent tous les êtres humains. C’est plus une énergie, une dynamique qu’une signification pour moi. Pour certains, j’incarne peut-être la Bête, tandis que je suis la Beauté pour les autres. Peut-être est-ce que je suis la Bête sans m’en rendre compte parce que j’ai volontairement ou non fait de la peine et du mal à quelqu’un d’autre. La Beauté parce que dans le même temps, volontairement ou pas, j’ai apporté de l’Amour à une autre personne.
Vous avez vu le film de Jean Cocteau avec Jean Marais, la Belle et la Bête ?
Non.
Ce disque est très différent du précédent. Il est plus varié, plus léger aussi, plus sophistiqué sûrement. Vous avez pas mal travaillé les textures, les arrangements. Comment avez-vous travaillé ? C’est une question idiote mais est-ce que vous considérez que vous progressez de disque en disque ? Ou est-ce juste un changement d’état d’esprit ?
Je travaille toujours de la même façon. Je commence par produire et écrire dans mon studio à la maison. Ensuite je mixe et je mastérise en studio avec mon ingénieur du son Angus McNaughton avec lequel je travaille sur les disques de Scalper depuis 2009. Je pense que plus on travaille son art et plus on s’améliore, oui, plus des vibrations différentes émergent. Je me sens reconnaissant et privilégié de pouvoir puiser dans toutes ces vibrations et de pouvoir à chaque fois créer un disque de Scalper qui soit différent du précédent. Je ne réfléchis pas trop à ce que je fais. Je suis dans l’action. Chaque album occupe son propre espace, sa propre résonance. J’essaie de faire au mieux ce que chaque chanson commande et d’accompagner le mouvement. Quand je ressens un titillement dans l’échine, c’est que l’album ou la chanson est terminée. J’utilise ma Machine pour jouer avec les sons. J’utilise aussi des instruments digitaux dans mes prods, et invite quelques amis pour des guitares et guitares basses organiques.
Parlez nous de Dust. Vous l’avez choisi comme premier extrait avec une vidéo incroyable… Cela montre votre côté sombre, n’est-ce pas ?
Dust (poussière) vient d’une réflexion selon laquelle l’univers nous procure la poussière qui permet de bâtir ce que l’on veut. Mais il y a des sacrifices à faire et un prix à payer dont nous ne sommes pas conscients qui sont la contrepartie quand on choisit de créer depuis cette poussière. C’est aussi une sorte d’imploration du Maternel par moi (l’Homme) qui me retrouve dans un état pitoyable et désespéré par mes actions. Des pleurs pour que celle-ci me soigne et me débarrasse de ce sentiment de misère. Nous ne pouvons voir la lumière que depuis les ténèbres. Nous sommes tous la bête et la belle.
Le disque est centré sur les enjeux intérieurs, les sentiments intimes alors que le précédent était peut-être plus politique. Vous avez été au fond, au tréfonds de l’âme…
Ces dernières années ont été intenses dans ma vie. L’album fait écho à l’intensité et au processus même de guérison qui a été le mien.
I’m Mortal est un morceau fascinant. J’ai écrit dans la chronique du disque que cela sonnait comme du Alan Vega. C’est punk et rock. Tout repose sur la répétition.
Cette chanson parle de la manière dont je considère ma propre mortalité. Sentir sa propre vie qui tire à sa fin, l’énergie de la planète qui ralentit, voir mon cadavre à l’intérieur du cercueil qu’on amène vers la tombe, mon corps qui y descend. C’est une chanson à travers laquelle je m’excuse ou pas des désordres de ma vie et où je reçois toute la magie qu’il y a eu à vivre. C’est aussi une chanson de motivation pour continuer à être capable de vivre, de respirer en faisant amende honorable pour ce qu’il a à se faire pardonner. Si l’on considère qu’il soit possible d’être pardonné pour les choses qu’on a faites dans la vie.
Three Cups parle d’une cérémonie du thé. Est-ce que cette cérémonie a un sens particulier pour toi ? En tant qu’Anglais issu d’une autre culture… un Anglais du Pakistan qui vit en Nouvelle Zélande. L’image est chouette. Est-ce que ta tasse est pleine ou vide ?
Three Cups m’a été inspiré par un livre de Greg Mortensen appelé Three Cups of Tea.Il faisait l’association du K2 et il s’est perdu en redescendant. Là il est tombé sur un villageois Haji Muhammad, qui vivait dans les montagnes. Haji l’a ramené au village et lui a sauvé la vie. La coutume dans ce village voulait qu’un étranger devait boire trois tasses de thé avant d’être autorisé à parler. Une sorte de cérémonie pour te connecter à ton humanité, avant que ne résonnent les mots des hommes. J’ai voulu exploiter cette métaphore dans ma version de cette cérémonie remarquable. Je bois beaucoup de thé. Les Anglais bien sûr ont découvert le thé pendant la colonisation, en Inde et aussi en Chine. J’essaie de faire en sorte que ma tasse de thé soit exemple de toxicité et pleine d’amour, jour après jour.
Quel genre d’homme êtes vous ? La musique donne de vous l’image d’un homme sage, réfléchi mais aussi hanté par des cauchemars, apeuré par des visions sombres, des accès de violence… On cause toujours de la même chose : l’équilibre ?
Oui, tout est question de balance, d’équilibre. Maintenir l’équilibre se fait difficilement. C’est un combat. Les forces sombres sont toujours présentes comme l’est l’amour. Au quotidien, sur chaque geste presque, cela fait partie de la routine. En ce moment, je prends le petit déjeuner plus tôt que par le passé, je fais de l’exercice, je médite, je cuisine et je fais le ménage, je lis, je travaille ma musique et vais faire un petit tour. Je garde l’œil sur la vie autour de moi. J’essaie de me maintenir dans l’engagement du monde, que cet engagement soit un engagement de repos, de travail ou un engagement créatif. Sans culpabilité.
Les gens ont souvent une lecture religieuse de tes chansons ou tentent de les expliquer mais il y a aussi et surtout peut-être une approche instinctive qui prime, non ?
Oui, la musique est instinct. Je ne pense pas aux chansons quand je les crée. J’utilise des métaphores et des mots qui ont une valeur religieuse dans mes textes mais j’utilise ces mots souvent dans d’autres contextes et c’est pour cette raison que certaines personnes peuvent les lire et les entendre comme si elles étaient délibérément religieuses.
De quoi est-ce que parle God’s Trick ? Êtes-vous croyant ?
God’s trick repose sur une idée qui est que peut-être nous avons tous réussi à gagner le Paradis et que celui-ci se trouve juste ici. Que c’est ce que nous avons qui est le Paradis et pas un autre endroit qui nous attendrait au ciel, pas celui dont on nous parle tout le temps. Nous sommes au Paradis mais notre nature brutale nous pousse à tout gâcher, à nous détruire nous-mêmes, à tout saborder jusqu’à cet endroit, ce qui l’habite, la Terre, qu’on avait bâti et préparé avec ses fruits et ses jardins merveilleux pour nous….
Cette chanson suit Ink qui évoque la mort récente de votre mère. Comment était votre relation ?
Ma mère était une femme merveilleuse, qui a donné tellement d’amour à ses enfants. Moi et les miens étions tous très proches d’elle d’une manière ou d’une autre.
Est-ce que vous avez écrit la chanson longtemps après sa mort ?
J’ai écrit cette chanson au début de l’année 2019. Quatre mois à peu près après sa disparition.
Je ne vais pas vous questionner sur chacune des chansons du disque, même si j’en ai envie. Qu’est-ce que vous voudriez qu’on retienne de cet album ? Sa plus grande qualité selon vous ?
Oh, j’espère juste que ceux qui vont l’écouter apprécieront la musique. Et puis s’ils peuvent y trouver de quoi faire face ou soulager leur stress, leur angoisse. Si l’album les aide à trouver le juste mouvement dans leur propre vie et bien, je m’en contenterais.
Votre musique est unique. Est-ce que vous avez des modèles, des artistes avec lesquelles vous rivalisez sans le dire ?
Je n’ai jamais cherché à rivaliser ou à copier un autre artiste. L’inspiration me vient d’un peu partout mais je fais en sorte que ma musique soit mienne et uniquement mienne parce qu’elle exprime ce que je sais être ma vérité.
Beaucoup d’artistes ont fait des choses en ligne pendant le confinement. Vous avez regardé des choses ?
J’ai regardé deux ou trois trucs mais cela ne m’a pas intéressé tellement. Et je n’ai pas eu l’envie de me lancer là-dedans. Je ne pense pas que je serais en mesure de me produire pour un public de cette manière et de lui offrir la même énergie qu’en public.
Est-ce que la scène vous manque ? Les voyages ? Voir la famille et les amis en Angleterre ?
Pour le moment, je n’ai pas envie de voyager et je me sens encore un peu trop fragile pour monter sur scène mais j’espère pouvoir me produire au moins en Nouvelle Zélande en 2021. La famille me manque mais il faut encore que je me repose un peu avant de voyager à nouveau.
La période est compliquée pour les musiciens. En Angleterre, le gouvernement a conseillé aux artistes de changer de boulot…. Est-ce que vous percevez des aides spécifiques en Nouvelle Zélande ? Ou est-ce que vous avez dû reprendre vos activités manuelles ?
Oui, j’ai dû travailler sur les chantiers car il faut bien payer son loyer et se nourrir. Mais avec ce que me rapporte la musique et avec l’aide des forces bienveillantes de l’Univers, je me débrouille jusqu’ici. Le mode de vie qui est le mien est assez frugal. Ca aide. Il y a des aides gouvernementales chez nous qui sont possibles mais je ne me suis pas engagé là-dedans. Il y a aussi des financements accessibles pour le secteur artistique qui doivent permettre de continuer à créer. Il faut que je mette à jour là-dessus et que je fasse ce qui faut.
Vendre des CDs et vivre de sa musique devient de plus en plus dur pour beaucoup d’artistes. Je ne vais pas vous demander ce qui vous fait encore courir mais simplement où vous trouvez votre compte dans cette vie de musicien. Est-ce avant tout une question de réalisation personnelle ou est-ce que les réactions des personnes qui aiment votre musique vous sert aussi à avancer.
C’est avant tout un cheminement individuel que j’ai choisi de partager avec le monde.
Qu’est-ce que vous espérez de cette fin d’année ?
Je n’attends rien de spécial mais TOUT au contraire. De moi, vous n’aurez qu’amour.
Qu’est-ce que vous avez écouté ce matin ? Qu’est-ce que vous lisez ?
J’ai écouté les chansons de Lata Mangheskar ce matin. Et en ce moment je lis Parihaka, The Art of Passive Resistance. Et je lis aussi The Cosmic Serpent. Je lis des bribes. J’ai plusieurs livres en cours.
His new LP, The Beast and The Beauty, is so good and full of beautiful, dark, heartbreaking, soulful songs, it would surprising not to see Scalper, once again, in our annual best albums list. Created through difficult personal times for a troubled world’s hard times, the new LP shares with its creator a shamanic appeal, depth of thought and instinctive strength.
It is both a spiritual collection of songs and a very earth to earth approach to creating art. Scalper finds the best way to move on, rejuvenating his music and methods to escape le déjà entendu. The sound of The Beast is luxurious and attractive, tensed and peaceful at times, caressing and darker than dark. It thrills, chills and spills as it should always do. This LP is as beautiful and comforting as a fairy tale. No matter who is who here. The Beauty truly is. Scalper’s her humble herald, crying son’s tears over what’s left of our dreams. Things could have been different but his music couldn’t be more graceful and full of balance.
My first question is about the actual crisis. How is it going in New Zealand ?
Here in New Zealand the Covid 19 crisis is being managed compared to elsewhere. I’m doing okay thank you, and the country has returned to normality in most cases, but the economy has been affected with small business closures and people losing their jobs and incomes in many industries.
Did you hesitate before you put The Beast and The Beauty out because of the reception conditions ? Some artists did postpone their production. What did decide you to put it on bandcamp ?
I had the album recorded but personal issues were delaying any release of new music. I then decided around September that if I set myself a schedule for releasing music then that would help me in my daily movement through the anxiety and depression that I have been feeling since the death of my Mother in 2018. I also felt that it was time to release the album and simultaneously release myself from the frequency that I was in. My music is my therapy and I do not release it based on any kind of receptive conditons, when it feels like it’s the time and space, then that’s what I trust. I put it out on Bandcamp cos it’s a cool place for artists to put their music out on, and they pay the artists as the music is sold as opposed to other major platforms that pay the artists after months of holding onto the sales money and gaining the interests from the banks at the same time, and this interests based on artists sales does not ever end up in the artists hands. I will also release a limited edition CD of this album in the new year 2021.
Let’s talk about music. The title is the beast and the beauty. Previous one was the Emperor’s Clothes. Is it important for you to refer to myths and fairy tales ? Is it because those titles and stories have a strong suggestive power or simply because you like allegorical images ?
I always enjoyed fairytale books as a child and somehow that energy seems to show itself to me in my titles and lyrics. That title came to me halfway through the making of the album and I felt it stated the story of the album nicely.
On the LP, you’ve switched the beast and the beauty. What does this mean ?
Maybe what I am is the Beast and the World is the Beauty ? or maybe the World is the Beast and I’m the Beauty? It’s a metaphor for the dualities of the life experience for all beings. It’s more a energy than a meaning to me. To some I may be a Beast and to others I may be Beauty, maybe I’m a Beast without knowing what pain I may have purposely or unpurposely inflicted on another being ? and a Beauty for knowingly or unknowingly bringing some Love to another being ?
Have you seen the Jean Cocteau movie with Jean Marais la Belle et la Bête ?
No.
Musically, this LP is very different from the Emperor’s clothes. It is more diverse, lighter in some way, more sophisticated maybe. You seem to have worked a lot on textures, enluminures. The material sound luxurious and rich. How was it recorded ? It is probably something stupid but do you feel in some way you improve or get better from LP to LP ? Or is it just a different mood ? A different way to work each time ?
It was recorded in the same way as all of my music has been. It starts with my production and writing in my home studio. Then I will final mix and master with my engineer Angus Mcnaughton who has worked with me on all my Scalper releases since 2009. I feel with any art that the more one does, it will improves and different vibrations will arise. I feel fortunate and grateful that I am still able to tap into the different vibes and create Scalper music that does not all sound the same. It’s something that I do not think about but just do. Each album had it’s own space and vibe and I just do what I feel the tracks ask for and go with that . When I feel a tingle in my spine , that’s when I decide that track or album is finished. I use my Maschine for playing around with sounds and also use software instruments in my production, and friends that I know for additional guitar and bass.
It is quite difficult to isolate a single mood on the LP. Is it what the title expresses ? This big gap between full-horrific pessimistic songs and your softer side ?
Yes the title expresses the all in between the whole.
Can you tell us about Dust ? You chose it as the first single with this amazing video… It shows your darker side, doesnt it ?
Dust came from the thought that the Universe provides the dust for us to build whatever we want to, but there are sacrifices and prices to pay that we may not be aware of for whatever one may choose to create from this Dust. It’s also a cry to the Maternal for I (Man) now find myself in a desperate and pitiful place from my actions and want her to heal me and rid me of my misery. Only in the darkness can one see a light. We all are Beast & Beauty.
It seems to me the LP is more on interior stakes or personal feelings than the previous one which was maybe a bit more political ? Seems you’ve delved deeper and deeper inside…
It’s been a intense last few years in my life and that intensity and process of my internal healing is reflected in this album.
I’m Mortal is quite fascinating. I’ve written in the LP review it sounds to me like an Alan Vega track. Punkish and rock. Is it all about repetition ?
This track is about me seeing my own mortality, feeling life coming to an end here on Earth and energies slowing down, my coffin with my body being carried to the grave, my body going down into the grave. It’s feeling sorry or not for the ills of my life and accepting the experience of this magic that is life. It’s also a motivating track for maybe being able to while still living and breathing to make amends with anything that may need amending, if that is possible at all for whatever situation of one’s life.
Three Cups is amazing. Does this tea ceremony/imagery means something special to you ? I mean as a multicultural English man from… Pakistan living in NZ ? It is a marvelous imagery. Is your everyday cup full or empty ?
Three Cups was inspired by a book that i read by Greg Mortensen called Three Cups of Tea. Simply he was climbing K2 and got lost on his way coming down, he was found by Haji Muhammad a villager living in the mountains. He was taken to the village and was saved. The custom for any stranger meeting was to have Three cups of tea before any words are spoken, an etiquette to connect with your humanity before the words of men. I used that metaphor in my musical version of this beautiful ceremony. I drink a lot of tea and by the way the British first drank tea during their colonial time in India and also in China. I am trying to keep my everyday cup empty of toxicity and full of Love.
What kind of man are you ? The music gives us to see someone who is both wise, reflective but also haunted by bad dreams, afraid of maybe dark visions, violent elements… Is it all about balance ?
Yes every moment for me is about aggressively maintaining a balance, all that you mentioned is always there in the mist as equally the Love is and a balance between it all is my daily all day practice. I now try to eat breakfast earlier than later, do exercise, meditate a little, cook and clean, read sometimes, work on some music or just look around outside and listen to the life around me. Keeping myself engaged whether that engaged is engaged in rest, work or creation. Guilt free.
People always try to read your songs as religious or to see things within but i’ve always approached your art as very instinctive….
Yes it is instinctive, I do not think about the songs as they are being created, I may use metaphors and words which may sound religious in my lyrics but I’m using terms a lot of us are aware of in other contexts so I can see where some peole may read my songs as religious.
What is God’s Trick about ? Are you a believer ? Could you copy and paste the full lyrics of this very one please (just down there). It is something anyone should or could read.
God’s trick was a thought that what if we all actually made it to Heaven and it is here, and not the Heaven after one’s Earthly demise, not the Heaven that a lot of us have been told about by others. We have made it to Heaven yet our brutal nature destroys ourselves, other beings and even this place, this beautiful fruitful garden spinning in space.
It is probably not a coincidence, God’s Trick comes just after Ink which is about the recent loss of your mother. How was your relation to her ?
My Mother was a beautiful woman who gave all her children so much love. Me and my siblings were all close to her in our different ways.
I cant technically ask you questions about EACH song here… What do you want us to notice about this LP ? What is for you its greatest quality ?
I just hope that anyone who listen to it will firstly enjoy the music and if they can find a something in there that may alleviate a stress, or help them for their own movement in their own lives then I can go with that.
Your music is still unique. Have you got role models in music ? Artists you would like to emulate ? Or to copy in some way ?
I have never tried to emulate or copy anyone in my music. Inspiration comes from everywhere but I do me cos that is my truth.
Many artists did perform on line during lockdown. Have you seen a few performances on line ? Were you interested by this for yourself ?
I watched a couple but it was not really interesting to me and I was not interested in that for myself. I don’t feel I could perform with or give the audience the energy that only is there face to face live.
Do you long for getting back on stage ? Travelling ? Seeing your family in Englands and friends ? Is there something you miss ?
At this moment I have no interest in travel and feel a bit too fragile for stage performances but I hope to do some live shows here in New Zealand in the new year 2021. I do miss my family but I need to rest my traveling self for a minute or two.
It’s been a hard time for musicians. In England, the government advised people of the Arts to change their activity into something more… useful. That’s what i’ve read. Do you get some kind of help in NZ ? Or were you obliged to do more handy work ?
I’ve been doing a bit of handwork cos the rent has to be paid and food has to be bought. Alongside the sales money from my music and with help from the UniversaI forces I manage just about…sometimes, my lifestyle is very simple so that helps. There is help in New Zealand from the Government if one signs onto the benefits but I do not do that. But there is funding oppurtunities for the art sectors though that help the creatives to keep creating. I need to up my game regarding that area.
Selling CDs and music is something which becomes more and more difficult for most of artists. I wont ask you what is making you going but where or what is the achievement today in making music ? Is it as always a personal affair or is your loving communauty admiration the reward ?
It’s a personal affair that I choose to share with the World.
What do you expect from the end of the year ? Have you got a secret message to deliver us ?
I don’t expect anything but everything. Just expect Love from me.
What music did you listen to this morning . Which book are you into ?
I listened to Lata Mangheskar songs this morning. At the moment I’m reading ‘Parihaka’ The Art Of Passive Resistance and I’m reading The Cosmic Searpent. I read in bits and have a few books on the go at any one time.